Philippe Aubert-Messier, connu sous le pseudonyme Phil Electric, a écrit beaucoup de musiques originales pour des films (Horloge biologique) ou des séries télé, mais aujourd'hui, il fait de la supervision musicale presque à temps plein.

Il recherche et choisit des titres populaires et il libère les droits de diffusion. Dans le cas d'Horloge biologique, c'était des chansons de Talk Talk et Foreigner, mais aussi d'artistes locaux comme Poxy, Patrick Watson et Echo Kitty.

Il est très sollicité par les maisons de disque, car le licensing - comme on dit en anglais - est une niche très payante dans un marché du disque en déclin. « C'est assez laborieux légalement. Tu as une série de termes à négocier: durée de cinq ans, de dix ans, à perpétuité... pour le territoire du Canada, le monde... pour la télé, le cinéma, le web, etc. «, énumère-t-il.

Phil Electric rappelle que les producteurs de C.R.A.Z.Y. n'avaient pas les droits des chansons du film pour les États-Unis. « Souvent, il y a des versions alternatives pour d'autres marchés. «

Un bon budget au Québec pour la musique d'un film? « Environ 100 000$ «, répond-il.

Le copropriétaire des studios Apollo lève son chapeau à l'équipe du film Funkytown. « J'étais curieux de voir comment ils s'en tireraient. C'est un méchant casse-tête, car les gens s'attendent à entendre des chansons hyper connues de l'époque qui coûtent cher en licences. «

Il y a des bandes originales dont la popularité a égalé celle du film: celles de Reality Bites, Almost Famous, Garden State et Juno, par exemple. Selon Phil Electric, ce sont les films de John Hughes (Breakfast Club, Pretty in Pink et Ferris Bueller's Day Off) qui ont donné le ton dans les années 80. «C'était le début du trip de faire appel à la culture populaire. «

Depuis quelques années, au Québec, de plus en plus de réalisateurs n'hésitent pas à sacrifier une partie importante du budget de leur film pour l'achat d'une chanson phare dans leur long métrage: You and Whose Army? de Radiohead dans Incendies, Misery Is a Butterfly de Blonde Redhead dans Tout est parfait, et Foxy Lady de Jimi Hendrix dans Frisson des collines.

«Je pense que les producteurs et réalisateurs se rendent compte du pouvoir de séduction énorme de la musique populaire», dit Philippe Falardeau. Mais selon le réalisateur, c'est un couteau à double tranchant: «Une bonne toune choisie au bon moment peut être efficace, mais aussi racoleuse.»