D.J. Caruso a regardé du côté d'Alfred Hitchcock pour réaliser Disturbia et Eagle Eye, s'inspirant respectivement de Rear Window et de North By Northwest. Pour son dernier-né, il s'est tourné vers ses producteurs, Steven Spielberg et Michael Bay. Rencontre avec le numéro un de I Am Number Four.

«Il y a là-dedans des moments Steven Spielberg et des moments Michael Bay», s'amusait D.J. Caruso lors de l'entrevue qu'il a accordée récemment à La Presse dans un hôtel de Los Angeles. I Am Number Four, qui compte les deux hommes parmi ses producteurs, tente en effet de jouer sur les deux tableaux - celui, «spielbergien», de l'émotion transmise par l'intermédiaire de personnages que l'on découvre et apprend à aimer; et celui, «bayien», de l'action menée avec force bruit et effets spéciaux.

I Am Number Four, c'est l'histoire de John (Alex Pettyfer), un adolescent pas comme les autres: il est l'un des derniers représentants des habitants de la planète Lorien, envoyé sur Terre en compagnie de huit de ses semblables au moment où les Mogadoriens exterminaient leur peuple. Et comme ils ont de la suite dans les idées, ces conquérants traquent les jeunes survivants. En ont déjà tué trois et ils sont maintenant à la poursuite de Numéro Quatre.

Ce dernier vient d'arriver dans une petite ville d'Ohio, en compagnie de son gardien, Henri (Timothy Oliphant) - car chaque Lorien a son protecteur. Là, il rencontre Sarah (Dianna Agron), dont il tombe amoureux. Ce qui déclenche chez lui l'apparition de certains pouvoirs propres à ceux de son espèce. Sa route croise aussi celle de Sam (Callan McAuliffe), qui croit aux extraterrestres; et celle de Number Six (Teresa Palmer), qui a décidé de ne pas fuir les Mogadoriens mais plutôt de les poursuivre.

Une particularité du projet: le processus de fabrication est allé à l'inverse de ce qui se fait dans le Hollywood des temps modernes où l'on remet au goût du jour ce qui a déjà été fait, où l'on adapte des livres à succès. «I Am Number Four n'était qu'un manuscrit quand les droits en ont été achetés et l'adaptation, offerte à Michael Bay», se souvient D.J. Caruso, que DreamWorks a contacté quand Bay a eu le feu vert pour Transformer 3.

«Le roman est sorti durant ma dernière semaine de tournage, poursuit le réalisateur. Nul ne savait, à cette époque, si ça allait devenir un succès et, si c'était le cas, quels éléments deviendraient précieux pour les fans.» Il pense ici aux adaptations des Harry Potter et de Twilight, scrutées dans leurs moindres détails par les admirateurs des bouquins. Signé Pittacus Lore, I Am Number Four, premier tome d'une série qui pourrait en compter trois ou quatre, est apparu dans les listes de best-sellers alors que le film était en postproduction.

Les auteurs avaient alors donné un synopsis des tomes subséquents au réalisateur et aux scénaristes (Alfred Dough et Miles Millar, créateurs de la série Smallville, et Marti Noxon, auteure de Buffy the Vampire Slayer, Grey's Anatomy et autres Brothers&Sisters), afin qu'ils sachent quels éléments étaient essentiels et quels autres pouvaient être écartés - pour ne pas être coincés en cas de suite.

«En fait, il a été difficile pour nous de trouver l'équilibre entre les scènes d'exposition, qui peuvent sembler arides; les scènes plus émotives, qui permettent au spectateur de découvrir et de s'attacher aux personnages; et les scènes d'action.» Lesquelles occupent surtout le dernier acte du long métrage et ont nécessité 799 prises de vue contenant un effet spécial.

Postproduction

On s'en doute, la postproduction ne s'est pas faite du jour au lendemain. C'est à cette étape-là que D.J. Caruso a décidé, quand il en sentait le besoin, de se tourner vers ses producteurs. «Le bureau de Steven Spielberg était en face du mien. Il m'a guidé quand j'hésitais devant différentes prises.» Après tout, il y a du E.T. et du Close Encounter of the Third Kind dans I Am Number Four. Le regard de Michael Bay s'est, lui, davantage posé sur la partie finale, là où le crescendo émotif bâti dans les premiers actes explose dans l'action.

Pour les deux premiers tiers du film, D.J. Caruso - qui dit avoir pensé à Alfred Hitchcock en réalisant ses précédents longs métrages - mentionne Rebel Without A Cause comme source d'inspiration. Il cherchait d'ailleurs une qualité «james-deanesque» chez son acteur principal, qui incarnerait un jeune homme en colère arrivant dans un village où il se fait amis et ennemis - le tout, pimenté de science-fiction.

À ses yeux, Alex Pettyfer possède cela. «En fait, nous avons cherché les gens qu'il fallait, pas des vedettes, et nous les avons trouvés par le bon vieux processus de casting.» Allant encore une fois à l'inverse des méthodes actuelles, où un film se fait «parce qu'il a Tom Hanks ou Robert Pattinson en guise de tête d'affiche».

La méthode a bien servi les sagas destinées aux jeunes - autrefois, les épisodes originaux de Star Wars, plus récemment, Twilight et même, dans une certaine mesure, Harry Potter. À suivre donc...

I Am Number Four (Numéro quatre) prend l'affiche le 18 février. Les frais de voyage ont été payés par Walt Disney Pictures.

p quatre acteurs parlent du film à lire jeudi prochain