Le nain de jardin a connu une première renaissance grâce à Amélie Poulain. Il pourrait entrer dans une nouvelle ère de gloire grâce à Sir Elton John, producteur délégué de Gnomeo&Juliet, film d'animation qui met en vedette plusieurs de ses chansons, de même que les voix de James McAvoy et Emily Blunt en anglais, et celles de Maxime LeFlaguais et Sophie Cadieux en français.
L'homme n'est pas grand en taille. Mais en présence, c'est un géant. L'excitation était palpable dans la salle de bal du Four Seasons de Beverly Hills où des journalistes étaient rassemblés pour rencontrer Sir Elton John. Fans ou pas de l'artiste, ils étaient tout yeux tout oreilles dès qu'il est entré dans la pièce.
Et tous ont été charmés par l'humour et la générosité de ce nouveau papa qui a répondu avec affabilité aux questions concernant le petit Zachary tout en ne négligeant pas son autre «bébé»: le film d'animation Gnomeo & Juliet, pour lequel il a agi à titre de producteur délégué.
«J'adore ce rôle... qui consiste à ne rien faire!» s'est-il esclaffé en conférence de presse, entouré des producteurs du film, dont son conjoint, le Torontois David Furnish; du réalisateur Kelly Asbury (Shrek 2); et des acteurs qui prêtent leur voix aux personnages principaux, James McAvoy et Emily Blunt.
Gnomeo & Juliet, c'est l'histoire de... Gnomeo et Juliet. Qui ressemble à celle de Roméo et de Juliette, tragiques amoureux dont Shakespeare a immortalisé la vie et la mort. Ici incarnés, sous un éclairage familial, par des gnomes en terre cuite. Ils vivent dans deux jardins séparés par une clôture et une querelle ancestrale, à Stratford-Upon-Avon, village natal du grand Will.
Gnomeo est un jeune «bleu» et Juliet, une fière «rouge». Ils se rencontrent par une nuit enchantée, ne découvrant qu'une fois Cupidon passé qu'ils ne sont pas de la même allégeance - on parle couleur et non politique. «Oubliez tout sous-texte au sujet de ce qui se passe en Amérique, a d'ailleurs rigolé Elton John. Nous avons commencé à travailler là-dessus il y a 11 ans. Si nous avions vu ça venir, nous serions de foutus génies!»
L'intérêt pour lui, avec ce projet, a été d'essayer quelque chose de nouveau. Écrire des chansons pour un film d'animation, il avait déjà fait; là, on lui offrait l'occasion de revisiter certains de ses tubes - et ce, en compagnie de dames qu'il aime bien: Nelly Furtado, Kiki Dee ou Lady Gaga, sa «nouvelle meilleure amie», avec qui il interprète Hello Hello.
«Certaines chansons s'imposaient, comme Saturday Night's Alright (For Fighting) pour la course de tondeuse, s'est-il amusé, mais je ne voulais pas que le film ressemble à un catalogue de mes vieux trucs. Je voulais plutôt que Gnomeo & Juliet ait de la bonne musique pour accompagner l'histoire», poursuit celui qui est entré dans l'univers du film d'animation en 1993 grâce à The Lion King. Une expérience qui lui a fait comprendre à quel point il était un joueur d'équipe et combien il était capable de laisser son ego à la porte pour le bien du groupe.
Second début
Depuis, il a cessé de n'avoir pour carrière que «d'enregistrer des disques, partir en tournée et faire des vidéoclips». Il a participé à la création de comédies musicales, écrit d'autres trames sonores de films. Et a bien envie d'en voir un, film, sur sa vie: «J'ai eu une vie assez folle, vous savez, et j'aimerais porter dessus un regard surréaliste. On a un scénario formidable écrit par Lee Hall, qui a signé celui de Billy Elliott», a-t-il indiqué, avouant qu'il ne planifie pas et n'a jamais planifié sa carrière, mais veut continuer à monter sur scène - où il est de plus en plus à l'aise: «Je suis bien dans ma peau, j'ai un partenaire extraordinaire (coup d'oeil, ici, à David Funish), je ne me drogue plus... C'est un monde nouveau pour moi! Hé, je peux même me souvenir des paroles de mes chansons!»
Il peut aussi prendre soin de Zachary, petit garçon né d'une mère porteuse le 25 décembre, dont il est le père biologique. «C'est la chose la plus merveilleuse qui me soit arrivé depuis que j'ai rencontré David. J'aime tout, même l'odeur des couches (rires). Et ce qui me surprend, c'est combien il est relaxant de prendre soin de cette petite âme. Vous la nourrissez, vous la changez, vous la lavez... C'est comme un canevas vierge qui n'a besoin que d'amour. C'est la plus extraordinaire des sensations. Bon, peut-être que je me sentirai autrement quand il parlera et se mettra à courir partout!»
Peut-être pas non plus, quand on sait sa passion pour la jeunesse: «J'aime l'énergie du neuf - dans tout. Je regardais les Golden Globes et je voyais Mark Wahlberg et Matt Damon, qui étaient il n'y a pas si longtemps les «jeunes», qui sont maintenant des acteurs formidables et reconnus, et près desquels on pouvait voir un Jesse Eisenberg dont il émane cette qualité qui fait les stars. Si vous ne prêtez pas attention aux jeunes, si vous ne vous abreuvez pas de cette énergie qu'ils ont, si vous ne reconnaissez pas ce qu'ils accomplissent, vous perdez quelque chose - et vous vous perdez.»
Or, Sir Elton est beaucoup de choses, mais pas un perdant.
Gnomeo & Juliet (Gnoméo et Juliette) prend l'affiche le 11 février.
Les frais de voyage ont été payés par EOne/Seville.