Du 3 octobre 2017 jusqu'au 4 février 2018, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) et l'Office national du film du Canada (ONF) présentent Kushapetshekan / Kosapitcikan - Épier l'autre monde, une installation immersive réalisée par les artistes attikameks Eruoma Awashish et Meky Ottawa, et l'artiste innue Jani Bellefleur-Kaltush.

Le trio a imaginé pour le MBAM une version complète d'un prototype développé en 2016 lors d'une résidence au laboratoire de création DÉRANGER produit par l'ONF avec la collaboration du centre d'artistes en arts médiatiques OBORO de Montréal et du Wapikoni. Cette présentation s'inscrit dans le cadre du cycle Elles Autochtones au MBAM, une saison particulière consacrée à des femmes artistes autochtones.

L'installation Kushapetshekan / Kosapitcikan - Épier l'autre monde, est rendue possible grâce au soutien de la Chaire Gail et Stephen A. Jarislowsky en art québécois et canadien contemporain de 1945 à aujourdhui, du Cercle Forces Femmes du MBAM dont la mission est notamment de mettre en lumière et d'accroître la présence de femmes artistes au MBAM. L'exposition reçoit également le soutien du Cercle des jeunes philanthropes du MBAM, qui appuie le programme d'art contemporain du Musée des beaux-arts de Montréal et d'Air Canada.

Kushapetshekan / Kosapitcikan - Épier l'autre monde est une installation immersive où apparaissent divers éléments évoquant le sacré. Par son entremise, il est question d'« épier l'autre monde » - transposition de l'idée innue et atikamekw derrière les mots kushapetshekan et kosapitcikan, gardée secrète chez ces peuples autochtones -, sans toutefois le révéler ou le dévoiler, dans une démarche que les artistes ancrent dans la décolonisation. La trame sonore suggère également un autre espace-temps.

Un dispositif en forme de cylindre est utilisé comme surface de projection afin d'accentuer le caractère intime de l'expérience et d'inviter les visiteurs à un moment d'arrêt. L'expérience peut se vivre collectivement, en petit groupe ou individuellement, et l'on peut décider d'« habiter » l'oeuvre en s'y introduisant ou encore en prenant une position plus distanciée, en l'observant de l'extérieur. À travers cette oeuvre, les artistes partagent à leur manière un élément de leur culture, mais laissent la porte ouverte à l'interprétation.

« En 2016, le Musée a été invité en avant-première à découvrir les trois prototypes du laboratoire de création DÉRANGER organisé par l'ONF. La création multimédia d'Eruoma Awashish, de Meky Ottawa et de Jani Bellefleur-Kaltush offrait déjà une expérience unique et les effets sonores et visuels, finement réunis, qui suggéraient déjà la possibilité d'une expérience immersive et spirituelle. À la suite de ce premier contact, les équipes du Musée ont accompagné les artistes et les artisans de l'ONF pour faire de ce prototype une oeuvre grandeur nature des plus impressionnantes. Par ce projet, le Musée souhaite soutenir l'innovation et la création artistiques issues des communautés autochtones », explique Geneviève Goyer-Ouimette conservatrice de l'art québécois et canadien contemporain et titulaire de la Chaire Gail et Stephen A. Jarislowsky au MBAM. Pour l'ONF, « ce projet s'inscrit dans une démarche continue et un engagement institutionnel ferme envers les communautés autochtones pour assurer un plus grand rayonnement de leur talent et de leurs voix », souligne Michèle Bélanger, directrice exécutive de la Production française à l'ONF.

Eruoma Awashish détient un baccalauréat en art interdisciplinaire de l'Université du Québec à Chicoutimi. Elle possède une double identité, atikamekw par son père et québécoise par sa mère, qui lui permettent de cerner les différences entre ces deux peuples, afin de créer des espaces de dialogue par ses oeuvres. Atikamekw de Manawan, Meky Ottawa a pour sa part réalisé des courts métrages avec le Wapikoni mobile dont Elle et moi (2017), diffusé dans plusieurs festivals à travers le monde, dont Présence autochtone à Montréal, le Winnipeg Aboriginal Film Festival (WAFF), le Festival Planète Honnête (France) et le Carrousel international du film de Rimouski. Originaire de la petite communauté innue de Nutashkuan, Jani Bellefleur-Kaltush est diplômée du programme Cinéma de L'inis, et première femme des Premières Nations du Québec à avoir obtenu ce diplôme. Uenan (2009), son premier court métrage, a été primé à Toronto et remarqué dans plusieurs festivals.

Cet automne, le MBAM offre une place spéciale à des artistes féminines autochtones par des expositions ou des acquisitions de leurs oeuvres, dans le cadre de ELLES autochtones. En plus de l'installation Kushapetshekan / Kosapitcikan - Épier l'autre monde, le Musée présente en première québécoise l'exposition Entre-deux-mondes, dévoilée dans le cadre de MOMENTA | Biennale de l'image, qui présente deux séries de photographies de l'artiste ontarienne Meryl McMaster. Le Musée offre de plus à voir Nadia Myre. Tout ce qui reste / Scattered Remains, une exposition constituée d'un corpus d'oeuvres de l'artiste québécoise d'origine algonquine, dont une nouvelle série intitulée Code Switching (2017). Le Musée s'est également porté acquéreur de deux oeuvres d'artistes autochtones contemporaines : Mixed Blessing (2011) de Rebecca Belmore, et Spirale tintante (2015) de Maria Hupfield.

Le MBAM accueille un million de visiteurs chaque année. Il est le musée le plus visité au Québec, l'un des plus fréquentés au Canada, et se classe 18e parmi les musées d'art en Amérique du Nord. Le complexe du MBAM est de plus doté d'une salle de concert de 460 places, la salle Bourgie. Le MBAM est de plus l'un des plus importants éditeurs canadiens de livres d'art en français et en anglais, diffusés à l'international. Enfin, le Musée intègre l'Atelier international d'éducation et d'art-thérapie Michel de la Chenelière, le plus grand complexe éducatif dans un musée d'art en Amérique du Nord.