Pour une deuxième année, l'Institut de l'énergie Trottier (IET) a remis des Bourses Trottier, visant à soutenir la formation académique d'une nouvelle génération d'innovateurs quant aux questions énergétiques. Sur une période de trois ans, jusqu'à 139 000$ seront partagés entre trois étudiants amorçant des études doctorales. Deux étudiants de Polytechnique ainsi qu'un étudiant de HEC se sont illustrés cette année, en raison du fort potentiel structurant de leur projet de recherche.

« C'est très encourageant de constater le calibre et le talent des candidats qui participent à notre programme de bourses. Proposant tous un élément de solution pour favoriser la nécessaire transition énergétique, les projets qui ont retenu l'attention de notre jury se démarquent tant par leur qualité scientifique que par leur intérêt sociétal », a déclaré Louis Beaumier, directeur exécutif de l'IET.

Les récipiendaires des Bourses Trottier 2016 sont Carole Brunet, sous la direction du professeur Oumarou Savadogo, Feng Li, sous la direction des professeurs Roland Malhamé et Jérôme Le Ny, et Samuel Pelletier, sous la direction des professeurs Gilbert Laporte et Ola Jabali.

Carole Brunet débute des études au doctorat en génie industriel de Polytechnique et participe, dans le cadre de son projet de recherche, à outiller les populations défavorisées d'Afrique dans leur quête d'autosuffisance énergétique.

En réalisant une analyse prospective sur la base d'études de cas, elle compte soumettre des mesures adaptées d'appropriation des technologies photovoltaïques, pour trois pays ciblés. Au bénéfice d'une partie du globe qui dispose d'un taux d'ensoleillement parmi les plus élevés au monde, son rapport comportera des propositions d'approches de production, d'utilisation et de maintenance des systèmes, de même que des recommandations sur le plan législatif. À terme, elle entend établir avec précision les conditions à respecter afin que les projets de conversion du rayonnement solaire en énergie électrique préservent l'environnement, génèrent des retombées sociales favorables et contribuent au développement économique.

Feng Li - qui fera son entrée au doctorat en génie électrique de Polytechnique en janvier - dédie son projet de recherche à l'élaboration d'une méthode de gestion de la demande énergétique, en vue d'équilibrer la réserve d'électricité disponible.

C'est pour répondre aux défis de fluctuation de l'approvisionnement associés à la production d'énergie renouvelable, que celui-ci s'est engagé dans l'idéation d'une architecture décentralisée de contrôle des charges. Pour maintenir un service sans interruption, il espère pouvoir utiliser les appareils ménagers, tels que les chauffe-eau électriques, les radiateurs électriques ou les réfrigérateurs, en guise de dispositifs de stockage. L'idée est de moduler la consommation commune de puissance électrique de ces appareils, en fonction de l'état prédit et réel de production d'énergie renouvelable. En plus de privilégier une production d'énergie respectueuse de l'environnement, les centrales qui opteraient pour ce mode opératoire pourraient réaliser des économies sur les investissements en capital, ainsi que sur les coûts d'exploitation. Ultimement, ce modèle de gestion a le potentiel de permettre d'augmenter la proportion d'énergies vertes utilisées et de faire baisser les coûts de production d'électricité, sans mettre en péril la stabilité des réseaux.

Samuel Pelletier, inscrit au doctorat en administration à HEC Montréal, travaille à développer des techniques de recherche opérationnelle pour optimiser la performance des véhicules électriques destinés à la livraison de colis en milieu urbain. Il s'attaque ainsi au secteur très énergivore du transport de marchandises, le type de transport ayant la plus grande empreinte carbone au Québec.

Sa recherche l'amènera à définir et à résoudre un modèle mathématique permettant de minimiser, pour une flotte de camions électriques, les coûts associés à l'expédition de biens auprès d'un ensemble de clients. Ceci, en préservant au mieux l'intégrité des batteries qui sont, par leurs propriétés, largement responsables des désavantages financiers et techniques des véhicules électriques. Pour ce faire, il se penchera notamment sur le tracé des itinéraires, la stratégie de recharge ainsi que l'intégration d'habitudes permettant de favoriser la durabilité des batteries.

Somme toute, en mettant au point un système économiquement rentable et efficace sur le plan opérationnel, son objectif est d'enrayer la consommation de carburant fossile des véhicules de livraison en milieu urbain.

Le programme de Bourses Trottier vise à encourager la relève scientifique à développer une compréhension systémique des enjeux technologiques, économiques et sociaux, propres au domaine de l'énergie. Il est destiné aux étudiants des trois institutions de Campus Montréal débutant un programme d'étude aux cycles supérieurs - maitrise recherche ou doctorat - dans un domaine connexe à la mission de l'IET, à savoir le développement de systèmes énergétiques durables à faible empreinte carbone, la réduction des pertes dans les systèmes énergétiques ainsi que l'optimisation de la consommation d'énergie. L'aide financière accordée peut atteindre 48 000$ sur trois années (doctorat) et 25 000$ sur deux années (maîtrise). À surveiller cet automne, la prochaine édition du concours s'adressera aux étudiants qui débuteront un programme à l'été 2017, l'automne 2017 ou l'hiver 2018.

La création de l'Institut de l'énergie Trottier, en 2013, a été rendue possible par un don exceptionnel de la Fondation familiale Trottier à Polytechnique Montréal. Ce geste visionnaire appuie non seulement la formation et la recherche dans le domaine de l'énergie, mais aussi la promotion auprès du public d'une meilleure compréhension des enjeux énergétiques.