Les caméras SpyPoint de GG Télécom sont à la chasse, ce que Mercedes est à l'automobile. C'est-à-dire des produits haut de gamme connus aux quatre coins de la planète. Forte de sa réputation, la PME de Victoriaville cherche maintenant à créer une nouvelle division: celle de la sécurité.

La chasse représente 70% des revenus (confidentiels) de GG Télécom. Et ceux-ci devraient encore une fois augmenter à court terme grâce à une entente récemment signée avec Cabela's, géant américain coté en Bourse et qui exploite des magasins à grande surface spécialisés dans le plein air.

«Tous les ans, depuis huit ans, j'allais voir les gens de Cabela's à leur siège social au Nebraska pour leur présenter nos produits, dit Sébastien Gagnon, président. Ils ont finalement accepté l'an dernier de s'approvisionner chez nous. C'est un important contrat qui va nous permettre de compenser le ralentissement que nous connaissons actuellement en Europe.»

Nouvelle marque?

Mais la sécurité (des gens, des biens et des immeubles) représente tout de même 30% des ventes de la PME. «Notre objectif est que la sécurité occupe la moitié de nos activités. Nous songeons sérieusement à créer une nouvelle division. Et pourquoi pas, une nouvelle marque de commerce», dit l'entrepreneur de 31 ans.

Les caméras de sécurité de GG Télécom servent notamment à surveiller les maisons de campagne, les cabanes à sucre ou toutes autres exploitations agricoles qui, trop souvent, sont la proie des voleurs du fait qu'elles sont situées dans des secteurs isolés.

La dernière trouvaille de la PME: une caméra (fonctionnant toujours sans électricité, mais plutôt avec une pile ou un panneau solaire) qui envoie, sitôt un mouvement détecté, des photos ou de la vidéo à son propriétaire par téléphone cellulaire.

Autrement dit, si vous êtes attablés dans un restaurant de Montréal et qu'un voleur est en train de visiter votre grange ou votre chalet dans les Cantons-de-l'Est, vous recevrez en temps réel des images de l'infraction. Bonjour, la police!

Agrandissement et automatisation

Ces jours-ci, GG Télécom met par ailleurs la touche finale à sa troisième phase d'agrandissement. Elle en a profité pour automatiser une partie de ses installations. Son objectif est de doubler sa capacité de production tout en conservant ses 50 employés.

«Notre concurrence vient surtout des États-Unis et elle fait tout fabriquer en Chine. Notre plus grand défi est de réduire nos coûts de main-d'oeuvre. Et on croit pouvoir y arriver par l'automatisation», explique Sébastien Gagnon.

Depuis quatre ans, l'entreprise a donc investi 1,5 million en équipement et en travaux d'agrandissement. Ses installations ont triplé de superficie et son nombre d'employés est passé de 6 à 50. La PME fait le design, la conception et l'assemblage de ses produits. Elle compte d'ailleurs une équipe de quatre ingénieurs à plein temps à la R-D.

Ses 10 caméras de surveillance, déclenchées par détection de mouvements, sont extrêmement populaires auprès des chasseurs, mais aussi des parcs de conservation. En Inde, par exemple, des caméras de la PME québécoise ont été utilisées pour observer le comportement des tigres d'une réserve naturelle.

Aujourd'hui, GG Télécom vend annuellement dans plus de 50 pays des dizaines de milliers de caméras dont les prix oscillent de 130$ à 600$.

L'entreprise a vu le jour en 2004 à Montréal. À l'époque, Sébastien Gagnon terminait ses études en finances, et son frère Yan, 32 ans et coactionnaire de la PME, complétait sa formation en génie électrique. L'idée de créer une entreprise spécialisée dans les caméras de surveillance leur est venue après avoir conçu, à partir d'un détecteur de mouvement, un prototype pour leur oncle dont le chalet avait été vandalisé.

À l'étroit dans leurs installations montréalaises, les frangins ont pris le pari de s'installer à Victoriaville, où ils sont nés. Ils ont été accueillis à bras ouverts.

On connaît la suite.