Isabelle Huot a été l'une des premières nutritionnistes à faire sa place dans les médias au Québec. Entrepreneuse dans l'âme, elle lance aussi sur le marché plusieurs produits et services. Avec une discipline de fer, elle mène ses différents projets de front, elle se renouvelle, pousse sa vision plus loin et arrive à durer.

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Jean-Jacques Stréliski, cofondateur de Cossette, a fait carrière dans les plus grandes agences de publicité québécoises. Professeur associé à HEC Montréal, homme de communication et de marketing, il pourrait vendre un frigo à n'importe qui. Or, à ses yeux, pour durer, le travailleur autonome doit aller au-delà de la stratégie marketing. S'inscrire dans la durée est en fait un défi extrêmement difficile à relever. Il explique pourquoi.

Toujours performer

Une fois qu'on a acquis une certaine notoriété, c'est là que le vrai combat commence, aux yeux de Jean-Jacques Stréliski.

« Il faut persister, rester cohérent et fidèle à ses valeurs, continuer de faire ce qu'on aimait au départ, se dépasser constamment et dépasser les autres. Il faut toujours être le meilleur ou, du moins, toujours être très bon. »

Pas de marque sans produit

S'il n'y a pas de relâchement possible, c'est parce qu'il n'y a pas de marque sans produit.

« Il n'y a pas de recette marketing magique. Les gens pensent qu'on peut tout réussir avec du marketing, mais c'est faux. Si on est juste une image sur les réseaux sociaux, on est dans la frime. Ça ne durera pas. Il faut que le produit soit bon. Lorsqu'on devient soi-même une marque, il faut s'investir, s'impliquer, s'incarner dans ce que l'on fait et c'est vraiment très exigeant. »

Une sacrée force de caractère

Durer ? Très peu réussissent, d'après Jean-Jacques Stréliski.

« Pour y arriver, il faut être opiniâtre. Ça prend des gens qui ne divaguent pas, avec une sacrée force de caractère. Ces personnes qui durent se réalisent dans leur travail et puisent en eux leur propre énergie. Ils sont autosuffisants ou ont tout simplement besoin de cette autonomie. Mais la moyenne des gens n'y arrive pas. Parce qu'on vit en société et qu'on a besoin des autres. Le travail remplit un rôle social, et on cherche généralement à collaborer, à s'intégrer dans des équipes. »

Trois moyens pour maximiser ses chances de durer

Pour réussir en affaires, il n'y a pas de recette miracle. C'est ce qu'on enseigne à l'École d'entrepreneurship de Beauce (EEB). Isabelle Le Ber, directrice générale et elle-même entrepreneuse derrière Formation Le Ber, a tout de même accepté de révéler quelques stratégies pour maximiser ses chances de durer.

Développer une vision claire

« Il faut savoir exactement ce qu'on veut offrir à ses clients, la façon dont on veut être perçu et où on veut être dans deux ou trois ans, dit-elle. C'est essentiel, sinon on s'éparpille. Pour pouvoir prendre les bonnes décisions, il faut s'accorder du temps pour réfléchir à l'extérieur de son cadre de travail habituel. Puis, il faut analyser ses décisions au courant de l'année pour voir si on maintient le cap, s'il faut ajuster ses actions ou sa stratégie. »

Réseauter

Souvent, lorsqu'on a beaucoup de travail, on se met à accumuler les heures au bureau, on s'isole... et ce n'est pas bon pour les affaires.

« Il faut sortir, entendre parler d'affaires dans différents secteurs d'activité, être visible », explique Isabelle Le Ber.

Il faut aussi créer des alliances.

« Lorsqu'on connaît bien ses forces et celles des autres acteurs dans son domaine, on peut commencer à se recommander à des clients, dit-elle. C'est important d'avoir un réseau fort de gens avec qui on peut faire des alliances. Seul, on ne va pas très loin. »

Réaliser un plan de croissance

« On ne peut pas survivre sans plan de croissance, affirme Isabelle Le Ber. Il faut une attaque forte, chaque année, sinon on meurt. »

Cela peut être aussi simple que de se dire : cette année, je vais aller chercher deux clients de plus.

« Charles Sirois [président du conseil et chef de la direction de Telesystem et entraîneur à l'EEB] dit toujours qu'il faut s'assurer que le niveau de son lac n'est pas trop bas. Puis, il faut toujours préparer un deuxième lac au cas où celui où l'on est s'assécherait. »

Photo fournie par l'École d'entrepreneurship de Beauce

Isabelle Le Ber, directrice générale de l'École d'entrepreneurship de Beauce.