Raphaël Ouellet, 26 ans, est photographe et réalisateur, surtout en publicité. Il est derrière diverses campagnes publicitaires et photos de couverture de magazine. Il est aussi financé par la SODEC pour réaliser son premier court métrage. Pour les artistes, il est un vendu, pour les publicitaires, un artiste. L'autodidacte impose son style et gagne bien sa vie.

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On a souvent de bien bonnes intentions : payer chaque mois le total dû sur sa carte de crédit, investir chaque année 5000 $ dans son REER, etc. En plus de ces défis, les travailleurs autonomes doivent jongler avec une fluctuation de revenus. Simon Préfontaine, planificateur financier chez Lafond, énonce trois principes pour bien s'en tirer.

Penser à court terme d'abord

« Investir dans un REER alors qu'on ne peut pas assumer une dépense imprévue ou trois mois creux n'est pas une bonne idée », assure Simon Préfontaine.

Avant de penser à la retraite, il conseille de se créer un fonds d'urgence. On parle d'au moins trois mois de dépenses mensuelles.

« C'est un montant important et ça en rebute plusieurs parce que ça ne rapporte pas, mais c'est comme une assurance qu'on se paye pour les petites urgences », explique le planificateur financier. 

Se payer en premier

Vous voulez économiser, mais vous n'y arrivez pas. « Paye-toi en premier », dit Simon Préfontaine, s'inspirant du livre Un barbier riche, un best-seller de David Chilton.

« Il faut mettre au moins 10 % de ses revenus de côté pour soi, pour sa santé financière, affirme Simon Préfontaine. Pour le reste, on s'adaptera. Si on est plus serré, on prendra la bouteille de vin à 15 $ au lieu de 22 $, on se fera plus de lunchs, on coupera les cafés à 5 $. »

Avoir un budget fonctionnel

Les budgets sont mal aimés. Pourquoi ? Parce que souvent, ils ne fonctionnent pas. « Les gens inscrivent leurs dépenses, leurs revenus, puis prévoient des économies, mais à la fin de l'année, il ne leur reste rien. Les gens oublient des dépenses. »

Il conseille de faire un budget avec trois catégories : revenus, dépenses, puis revenus et dépenses irréguliers. « Il faut suivre au courant de l'année si ses prévisions sont bonnes et au besoin, on s'adapte en cours de route. »

Trois pièges comptables à éviter

Devenir travailleur autonome ? Rien de plus facile. Techniquement. En pratique, la réalité frappe. Claudine Poitras, présidente de FISCCOM, une firme d'experts en comptabilité et fiscalité, en a vu plusieurs arriver dans son bureau mal informés et désorganisés. Auteure du livre pratique Le guide du travailleur autonome, Claudine Poitras soulève trois erreurs fréquentes.

Mauvais usage de la TPS et de la TVQ

Utiliser la TPS et la TVQ facturées aux clients comme revenu. C'est classique et c'est la pire erreur à faire, d'après Claudine Poitras, parce que c'est difficile de se sortir de cet engrenage par la suite.

« Ces revenus de taxes ne vous appartiennent pas, dit-elle. Il faudra les remettre au gouvernement, du moins, en partie. Il faut mettre ces sommes de côté. »

À savoir : on peut opter pour des rapports de TPS/TVQ annuels ou trimestriels. Si vous êtes plutôt désorganisé, Claudine Poitras conseille la production annuelle.

« À chaque retard, il y a des frais de non-production du rapport, puis des intérêts à payer, précise-t-elle. Une fois dans l'année plutôt que quatre, c'est plus facile à gérer. »

Mal connaître ses dépenses admissibles

Vous travaillez tard, soupez au restaurant et pensez déduire la facture de vos revenus ? Erreur. Un souper au restaurant est admissible à 50 % si vous êtes avec des clients, par exemple, ou en formation. Les dépenses de votre automobile liées à votre travail sont aussi admissibles, mais il faut tenir un registre de kilométrage. Travailler de la maison vous permet de déduire une foule de petites dépenses. Vous rafraîchissez votre garde-robe ? Oubliez ça ! Dépenses non admissibles. Un abonnement au théâtre par contre ? 100 % admissible au Québec.

À savoir : les frais de comptabilité sont une dépense admissible, alors mieux vaut s'en prévaloir afin de s'assurer d'éviter des erreurs dispendieuses.

Mal estimer ses impôts à payer

Comme travailleur autonome, vous devez payer la part de l'employé et de l'employeur pour la Régie des rentes du Québec. En 2015, c'était 10,5 % du revenu gagné, jusqu'à un maximum de 5260,50 $. Vous déménagez avec votre conjoint ? Terminé, le crédit d'impôt pour personne vivant seule. Les variantes sont nombreuses, et le gouvernement vous demandera des acomptes provisionnels pour vos impôts basés sur votre situation de l'année précédente.

À savoir : si votre situation a changé et que vous prévoyez devoir moins d'impôts, vous pouvez payer seulement une partie des acomptes demandés. « Toutefois, si vous n'en payez pas suffisamment, sachez que les intérêts sont élevés », prévient Claudine Poitras.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Claudine Poitras, présidente de FISCCOM, a publié Le guide du travailleur autonome pour aider les travailleurs autonomes à s'y retrouver dans leur comptabilité.