Quatre mois après son lancement, la stratégie maritime du gouvernement Couillard « avance à la vitesse grand V », assure le ministre délégué aux Transports et à l'Implantation de la stratégie maritime, Jean D'Amour.

Un comité formé de neuf ministères, dont ceux de l'Éducation, et de l'Économie, de l'Innovation et de l'Exportation, fait la promotion, tant au Québec que sur la scène internationale, de ce grand projet de 9 milliards. Le ministre a répondu à nos questions alors qu'il se trouvait en mission régionale dans le Bas-Saint-Laurent, la semaine dernière.

Cette stratégie, ambitieuse, commence-t-elle véritablement à prendre le large, à susciter de l'intérêt dans les régions ?

Nous en sommes au tout début. Mais déjà, un projet d'investissement de 800 millions a été annoncé (en août) par le groupe norvégien Stolt LNGaz, pour une usine de liquéfaction de gaz naturel, dans le parc industriel et portuaire de Bécancour. Il y a aussi Pétrolia en Gaspésie, sans parler des terminaux de croisière pour le tourisme et le centre d'expertise sur les hydrocarbures. On est en train d'attacher les morceaux. On va faire des annonces concrètes (d'investissements) au cours des prochaines semaines.

Comment allez-vous convaincre les villes portuaires et l'entreprise privée de participer et d'investir ?

J'ai rencontré les maires de Percé et de Gaspé, qui souhaitent créer un comité d'action et qui lèvent la main. J'incite les régions à être partenaires. Je fais des présentations aux dirigeants des ports maritimes canadiens. Je rentre d'une mission en Europe où j'ai rencontré trois ministres de divers gouvernements, en plus de faire une présentation devant le Parlement européen. On a un grand plan de communication. 

Votre gouvernement a dit espérer que le privé allait embarquer dans l'aventure maritime. Qu'en est-il jusqu'à maintenant ?

On aimerait que le privé contribue à hauteur de 50 %, sur l'investissement total de 9 milliards. C'est une cible qu'on s'est fixée et qu'on souhaite atteindre. Cela se fera dans les zones portuaires industrielles, notamment. Il y a aussi le Fonds de solidarité FTQ (qui a promis de s'engager jusqu'à 100 millions) qui est appelé à prendre sa place, et qui le fait déjà.

Il a été souligné, lors du lancement de la stratégie, qu'il s'agissait d'un des piliers de la relance économique du Québec. Sur quelles bases cette prétention s'appuie-t-elle ?

Cette fois-ci, c'est la bonne ! On va créer 30 000 emplois directs et c'est parfaitement réalisable. Ces chiffres ambitieux ont été validés par deux firmes indépendantes, Secor et KPMG, et ils confirment qu'on a pris la bonne direction. L'Institut de la statistique du Québec a fait le même exercice. On s'est donné les outils pour y arriver. Nous bénéficions d'un cadre budgétaire de 1,5 milliard par année, ça nous donne les coudées franches pour déployer la stratégie. C'est à se demander pourquoi on a attendu aussi longtemps avant d'aller de l'avant !

Concrètement, à quoi peut-on s'attendre ? Qui seront les plus grands bénéficiaires ?

Nous sommes la porte d'entrée maritime par excellence en Amérique du Nord. Il s'agit maintenant de consolider cette vocation-là. On sait que le port de Montréal, c'est les conteneurs, et celui de Québec, le vrac solide et liquide. Il faut faire en sorte que nos partenaires nous reconnaissent de plus en plus dans nos compétences. Et le Québec, tant géographiquement, techniquement, que sur le plan de la productivité de ses installations portuaires, est une terre d'accueil exceptionnelle pour quiconque veut exporter vers l'Europe et les États-Unis. Sur le plan fonctionnel et de l'efficacité, on sort du peloton.

Ottawa s'est montré plutôt discret jusqu'à présent. Qu'attendez-vous du chef du prochain gouvernement fédéral ?

Pendant la campagne électorale, Justin Trudeau a dit qu'il saluait l'initiative du Québec, une initiative porteuse. Il est important qu'on initie un dialogue et qu'on soit partenaire avec le gouvernement fédéral, qui a une grande responsabilité en matière d'infrastructures.