Le Québec trouve sa place sur les mers. Des Québécois, spécialisés en architecture navale et en génie maritime, un secteur mal connu de l'ingénierie, réalisent plusieurs projets d'envergure chez nous, mais aussi sur la scène internationale.

Des ingénieurs de Concept Naval, une entreprise située à Québec, ont fait par exemple le design des deux navires de la traverse Tadoussac-Baie-Ste-Catherine. Leur construction devrait débuter prochainement à la suite d'une entente survenue entre le propriétaire du Chantier Davie à Lévis et la Société des traversiers du Québec (STQ).

Son principal concurrent, Navtech de Québec a élaboré avec la firme finlandaise Deltamarin le design du futur traversier qui reliera Matane à Baie-Comeau. Ce navire, en construction en Italie, remplacera l'actuel traversier Camille-Marcoux, construit en 1974 aux chantiers maritimes de Sorel. En service depuis 35 ans, le bateau ne correspondait plus aux nouvelles normes de sécurité de Transports Canada qui entreront en vigueur en 2016.

Par le passé, l'équipe de Navtech a obtenu une dizaine de contrats concernant la conception de traversiers au Québec et ailleurs dans le monde.

«Nous sommes en train de construire le traversier de l'île Verte en collaboration avec le chantier Forillon, un constructeur naval de Gaspé», précise Paul-Émile Barbeau, président-fondateur de Navteck.

En mode solution

À l'heure actuelle, les firmes de génie maritime doivent s'adapter aux nouvelles normes environnementales qui régissent la construction de nouveaux bateaux. «Nous tentons par exemple de réduire les émissions d'oxyde de soufre et d'azote. Nous avons intégré sur les nouveaux traversiers un système de propulsion au gaz naturel liquéfié qui est beaucoup moins polluant et moins coûteux que le diesel», relate Martin Lepage, directeur du développement des affaires chez Concept Naval, située à Québec.

Au quotidien, les ingénieurs en génie maritime proposent leurs services afin de changer les équipements ou moteurs des bateaux qui sillonnent les eaux internationales.

«Un navire, c'est un immeuble flottant avec un système de propulsion et des services municipaux intégrés. C'est un défi très complexe», illustre M. Lepage.

Par exemple, son équipe a mis au point des solutions concernant l'implantation de nouveaux réservoirs liés à un système de traitement d'eaux usées. «Dans notre conception, il faut toujours penser à la stabilité du navire», ajoute M. Lepage.

Pour sa part, M. Barbeau résume son travail en un seul mot: invention. «Depuis 40 ans, j'ai passé toute ma vie à inventer des solutions pour améliorer le fonctionnement des bateaux.»

M. Barbeau et son équipe ont conçu un logiciel de simulation qui permet d'éviter la propagation des incendies à bord des navires. De plus, les ingénieurs ont mis de l'avant un système de monitoring de performance concernant les équipements électriques à bord des navires.

«Avec le temps, dit-il, nous avons développé l'utilisation de techniques exclusives qui évitent toute forme de vibration sur les navires. Cela fait partie de notre expertise.»

Flotte de la Garde côtière canadienne

En février dernier, le gouvernement fédéral a annon-cé un investissement de 360 millions visant à prolonger la vie utile de la flotte de la Garde côtière canadienne.

Certaines parties des navires pourront être modifiées afin de répondre aux nouveaux besoins opérationnels.

«Plusieurs bateaux sont situés dans notre région et nous les connaissons bien, affirme Martin Lepage de la firme Concept Naval. On espère bien obtenir des retombées de ce projet.»

En attendant, les 14 ingénieurs de sa firme participent à la conception de nouveaux navires dont les ports d'attache se trouveront dans le golfe du Mexique et ailleurs dans le monde. Même chose pour Navtech dont les clients sont situés en Ontario, Colombie-Britannique, aux États-Unis et aux Bahamas.