En matière de recherche sur l'électrification des transports, les universités québécoises ne sont pas en reste. Batterie, hydrogène, conversion de véhicules... tout y passe ! Voici quelques projets représentatifs de l'expertise acquise par les chercheurs d'ici.

UNE BATTERIE QUI RÉSISTE À L'HIVER

La batterie lithium-ion qui équipe de nombreux véhicules électriques souffre des conditions hivernales. Et il est impossible d'utiliser les pertes énergétiques du moteur afin de chauffer l'habitacle. Pour y parvenir, il faut donc puiser dans l'énergie de la batterie, contribuant ainsi à la décharger plus vite.

Loïc Boulon, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les sources d'énergie pour les véhicules du futur, et Sousso Kelouwani, tous deux professeurs à l'Université du Québec à Trois-Rivières, travaillent sur divers moyens pour améliorer l'autonomie de la batterie. Plusieurs voies sont explorées, par exemple la gestion idéale de la température de la batterie pour minimiser les pertes d'énergie et l'intelligence embarquée pour un meilleur contrôle des systèmes.

MIEUX STOCKER L'HYDROGÈNE

Certains constructeurs automobiles ont fabriqué des véhicules ne rejetant que de la vapeur d'eau. On retrouve dans ces autos un assemblage de piles permettant de combiner l'hydrogène gazeux des réservoirs avec l'oxygène de l'air, afin de créer l'énergie qui alimente le moteur électrique. Pour faire fonctionner ces véhicules, il faut toutefois faire le plein d'hydrogène.

Le professeur Richard Chahine et son groupe de l'Institut de recherche sur l'hydrogène de l'Université du Québec à Trois-Rivières testent un prototype de stockage d'hydrogène à plus basse pression que ce qui existe actuellement. Ce banc d'essai est réalisé pour le compte d'un centre d'excellence incluant Ford et GM et financé par le département de l'Énergie américain.

COMPRENDRE LES UTILISATEURS DE COMMUNAUTO

Martin Trépanier, professeur à Polytechnique Montréal et codirecteur du Centre interuniversitaire de recherche sur les réseaux d'entreprise, la logistique et le transport, a supervisé une recherche pour Communauto. L'angle d'attaque : quel est l'attrait d'une voiture électrique comparativement à un véhicule hybride pour les utilisateurs de ce service d'autopartage ? Les résultats démontrent que plus il fait froid, moins les utilisateurs optent pour une auto électrique. Il en va de même si la distance qu'ils doivent parcourir dépasse 24 km.

La professeure à Polytechnique Catherine Morency conduira pour sa part un projet de recherche pour Téo Taxi, afin de déterminer les meilleurs emplacements pour les stations de taxis et les bornes de recharge.

SYSTÈMES DE BATTERIES PLUS PERFORMANTS

Les batteries constituent le talon d'Achille des véhicules électriques, dans la mesure où malgré les avancées réalisées dans ce domaine, elles demeurent encore très lourdes, chères et longues à recharger, en plus de vieillir rapidement.

À l'Université de Sherbrooke, le professeur João Pedro Trovão, également titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l'hybridation du stockage d'énergie dans les véhicules électriques à haut rendement, concentre ses recherches sur l'autonomie, le vieillissement et le temps de recharge des batteries.

Il travaille sur le système d'alimentation du véhicule, qu'il cherche à améliorer en combinant différents systèmes de stockage d'énergie, afin de concevoir un ensemble plus performant.

CONVERTIR DES CAMIONNETTES À L'ÉLECTRICITÉ

Alors qu'il était étudiant à l'École de technologie supérieure (ETS), Andy Ta a eu l'idée de convertir des véhicules à essence en véhicules électriques. Pendant trois ans, il a travaillé au développement du premier système motopropulseur réutilisable pour camionnettes au monde. L'originalité de son projet réside non seulement dans la durée de vie de 1 million de kilomètres du moteur électrique, mais aussi dans le fait qu'il s'adapte à 85 % des camionnettes en Amérique du Nord en plus de pouvoir être facilement installé par la plupart des ateliers automobiles.

L'idée d'Andy Ta est devenue un projet d'affaires, Ecotuned. Cette jeune entreprise est soutenue par le Centech, l'incubateur de l'ETS.

LE TRANSPORT URBAIN DE SERPENTINE

Conçu par l'ingénieur Bernard Saugy à la fin des années 80, Serpentine est un système de transport constitué d'un parc de petites cabines électriques sur roues pouvant se déplacer à 18 km/h, sans chauffeur et alimentées par induction grâce à un rail magnétique enfoui sous la chaussée. Un réseau de démonstration a été construit à Lausanne en 2001, mais n'est plus en service aujourd'hui.

Robert Hausler et Mathias Glaus, tous deux professeurs à l'École de technologie supérieure, ont repris le concept et souhaitent continuer à le développer. Ils visent les transports de type porte-à-porte, aussi bien pour les individus que pour livrer des marchandises et même pour ramasser les déchets. Il est aussi question d'un Serpentine qui déneigerait et salerait les trottoirs.

PHOTO FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

Une cabine du système Serpentine selon les étudiants en design industriel Maxime Constant, Benoît Labelle et Jahon Mousavi.

Photo fournie par l’Université du Québec à Trois-Rivières

Les professeurs Loïc Boulon et Sousso Kelouwani travaillent à améliorer l’autonomie des batteries en conditions hivernales.