Le courant commence à passer dans le marché prometteur de l'électrification des transports. Mais les entrepreneurs sont encore peu nombreux à tirer avantage de la manne que représentent les « électromobilistes » québécois, constatent des acteurs importants de l'industrie.

« C'est un secteur en émergence et ça explique qu'il n'y ait pas beaucoup de joueurs, mais ceux qui évoluent dans ce secteur sont passablement actifs et dynamiques », constate France Lampron, directrice, Électrification des transports à Hydro-Québec, où l'on utilise régulièrement le terme « électromobilistes ».

Elle ajoute : « Ça va prendre des partenaires et des entrepreneurs investisseurs pour amorcer le virage vert. Il y a de belles perspectives et un objectif à atteindre. En 2020, on souhaite avoir 100 000 véhicules électriques sur nos routes. »

LE PLAN D'ACTION DE QUÉBEC

Le plan du gouvernement vise à réduire de 66 millions le nombre de litres de carburant consommés annuellement dans la province. Québec estime à 5000 le nombre d'emplois qui seront créés dans cette filière qui devrait avoir généré des investissements totaux de 500 millions de dollars.

Or, les défis sont immenses, convient Mme Lampron. Il ne s'agit pas uniquement de « vendre » le concept de la voiture propulsée par un moteur électrique, il faut également installer des bornes de recharge le long des routes et des autoroutes, dans les stationnements des commerces et, éventuellement, des centres commerciaux.

« Le réseau de recharge public totalise 633 bornes, évalue Mme Lampron. Chaque jour, on en installe de nouvelles. On en aura 800 à la fin de 2016 et 2500 en 2020. »

France Lampron s'attend d'ailleurs à ce que les ventes de véhicules électriques augmentent rapidement à compter de l'an prochain. « On va bientôt voir arriver des véhicules avec une plus grande autonomie, au minimum 320 km. Ça va faire bouger les choses plus rapidement. Plusieurs constructeurs vont proposer des véhicules plus performants. »

PRENDRE LE VIRAGE

De son côté, l'entrepreneur Alexandre Taillefer croit dur comme fer que le Québec peut se démarquer et prendre le virage vert avec aplomb, « mais à la condition, précise le PDG de XPND Capital, qu'il y ait davantage d'entrepreneurs disposés à se lancer dans cette industrie naissante ».

« C'est vrai que le potentiel est considérable, convient-il. Mais il est vrai aussi qu'il faut avoir le capital nécessaire pour soutenir des projets qui vont finir par déboucher sur des réalisations concrètes. »

« Jusqu'à maintenant, toutefois, je ne peux pas dire qu'ils sont nombreux, les entrepreneurs à avoir fait la démonstration qu'ils peuvent tenir dans cette industrie. Il faudra qu'ils se manifestent si on veut atteindre l'objectif fixé par le gouvernement en 2020 », prévient-il.

Alexandre Taillefer ne cache pas que « l'argent, le capital, c'est une importante barrière à l'entrée » pour une entreprise qui souhaite rouler sur le circuit électrique.

Il cite en exemple son entreprise, Téo Taxi. « Nous avons investi 25 millions dans le projet pilote, relève l'homme d'affaires. Quand tu choisis un secteur, il faut que tu y ailles à fond de train. »

« Le transport électrique, ajoute-t-il, ce n'est pas un secteur traditionnel. Il faut être en mesure de faire des maillages entre les acteurs traditionnels, qui veulent explorer le potentiel des sociétés de transport et des particuliers, et les entrepreneurs qui veulent se lancer dans des projets. »

L'entrepreneur au franc-parler serait déçu que le Québec ne parvienne pas à atteindre son objectif. « On a une énergie verte renouvelable, insiste-t-il. Il y a une occasion à saisir et un marché à développer. »

Photo Ryan Remiorz, archives La Presse Canadienne

Alexandre Taillefer, PDG de XPND Capital, croit dur comme fer que le Québec peut se démarquer et prendre le virage vert avec aplomb.