L'avenir est au gaz naturel dans l'industrie du transport. C'est du moins la conviction de Sylvain Gagné, copropriétaire de Sani-Estrie. L'entreprise a d'ailleurs ouvert, il y a quelques mois, la première station publique de ravitaillement en gaz naturel comprimé en Estrie.

Qu'est-ce qui vous a poussé à vous tourner vers le gaz naturel ?

D'un point de vue environnemental, c'est vraiment une belle solution. Aux États-Unis, ça fait longtemps que des camions roulent au gaz naturel. En Floride, par exemple, pratiquement tous ceux qui sont responsables de la collecte des déchets le font. Ce n'est pas très répandu au Québec, mais c'est une technologie qui existe ailleurs depuis un bon moment. Avec le prix du diesel qui monte toujours, c'est aussi intéressant financièrement.

Prendre ce virage a-t-il été complexe ?

Pas réellement. Nous avons eu énormément de conseils de la part de ceux qui vendent les véhicules. Gaz Métro nous a aussi donné un bon coup de main. C'est même elle qui a bâti notre station-service.

Combien avez-vous investi dans ce projet ?

Pour les camions au gaz naturel, cela représente environ 50 000 $ de plus par véhicule. Le retour sur l'investissement est d'environ deux ans, compte tenu de la différence de prix entre le gaz naturel et le diesel. Actuellement, j'ai 11 camions au gaz naturel et je vais en ajouter trois ou quatre par année.

Pour la station de ravitaillement, c'est un investissement d'environ 1,5 million. Elle est équipée de compresseurs rapides, pour faire un ravitaillement en quelques minutes. C'est celle utilisée pour les camions d'autres entreprises qui voudraient faire le plein rapidement. Il y en a aussi des lents, pour un ravitaillement durant une nuit.

À court terme, c'est plus onéreux pour nous d'avoir fait la transition à cause de l'investissement réalisé dans la station. Toutefois, nous l'avons fait en pensant à moyen et à long terme.

Est-ce que le gaz naturel convient bien à tous vos camions ?

J'aimerais que la grosse majorité fonctionne au gaz naturel. Nous avons une flotte idéale pour cela puisque nos camions de collecte se déplacent sur de courtes distances et reviennent à leur port d'attache tous les soirs. Comme ils ont une autonomie de 10 à 12 heures, c'est l'idéal. Nous pouvons les ravitailler durant la nuit.

Pour les camions destinés à parcourir de longues distances, par contre, ce n'est pas possible pour l'instant. Le nombre de stations de ravitaillement est trop peu élevé.

Quel est l'impact d'un tel projet sur l'environnement ?

La technologie au gaz naturel permet une réduction des émissions de gaz à effet de serre allant jusqu'à 25 % par véhicule. C'est moins polluant. Je pense qu'éventuellement, les municipalités vont vouloir gérer leur tonnage de gaz à effet de serre et qu'elles vont obliger l'utilisation du gaz naturel pour les camions. Je crois que je suis un peu en avant des décisions qui seront prises. C'est ce que je souhaite, du moins.

Les camions au gaz naturel sont aussi moins bruyants, soit jusqu'à 10 décibels de moins, et ne dégagent aucune fumée noire. C'est un aspect apprécié des citoyens.

Est-ce que d'autres entreprises font le plein chez vous actuellement ?

Nous l'avons fait pour nos propres besoins d'abord. Gaz Métro nous a ajoutés sur sa ligne bleue afin d'informer les personnes intéressées de l'existence de la station. Par contre, je n'ai pas vraiment fait de publicité autour de ce service pour l'instant. Je m'attends à ce que des entrepreneurs qui ont des camions à benne, par exemple, fassent la transition et viennent faire le plein dans les prochaines années.

photo archives la tribune

Sylvain Gagné, copropriétaire de Sani-Estrie