Difficile de trouver un meilleur cas de rachat d'entreprise par des cadres qui en connaissaient les rouages autant, sinon davantage que les propriétaires. Jean-François Pépin et Jean-François Gaumond étaient respectivement directeur à la production et directeur adjoint de Ressorts Foster avant d'en devenir les nouveaux patrons. Bref, ils dirigeaient les destinées de cette PME de Granby pour le compte de deux actionnaires silencieux très peu impliqués dans les activités quotidiennes.

Cela n'a toutefois pas facilité les choses lors de la passation des pouvoirs. Ce qui aurait dû prendre trois mois, aux yeux de Jean-François Gaumond, s'est échelonné sur plus d'un an.

Le prix de vente - lequel a fait l'objet d'intenses négociations -, la décontamination de certaines parties de l'usine et tout le travail de notariat (ajouts, modifications, etc.) ont fait que le rachat de l'entreprise par le cadre et son adjoint (un management buyout, comme on dit dans le jargon) a été plus laborieux que prévu.

Tous deux âgés de 41 ans, Jean-François Pépin, détenteur d'un bac en génie mécanique, et Jean-François Gaumond, travaillent chacun depuis 16 ans et 18 ans respectivement chez Ressorts Foster. En 2011, lorsque Andrée Maheu et Daniel Southière, les deux anciens propriétaires, leur ont demandé s'ils étaient intéressés par l'achat de l'entreprise, ils n'ont pas hésité.

Près de 2000 clients

La PME de 16 employés tire 80% de ses revenus de la fabrication de ressorts destinés au secteur des transports, de l'équipement agricole, etc. Les autres 20% proviennent de pièces et d'objets fabriqués sur mesure (usinage général, pièges d'animaux, boîtiers de protection, etc.).

OEuvrant dans des secteurs de niche, Ressorts Foster compte près de 2000 clients différents. Bref, elle se porte bien. Élément intéressant: Yolande Gaumond, la mère de Jean-François, occupe le poste de contrôleur financier. Elle travaille chez Ressorts Foster depuis plus de 54 ans.

«Ça a donc été relativement facile de négocier avec les institutions financières. Nous en avons rencontré plusieurs en compagnie de notre notaire et de notre comptable. C'est sur le prix de vente que ça a été long. Nous avons tous mandaté un comptable, Jean-François et moi, Mme Maheu et M. Southière afin de faire évaluer l'entreprise. Bref, trois évaluations par trois firmes externes», explique Jean-François Gaumond.

Le fait d'avoir trois parties d'engagées a, dans le cas présent, alourdi le processus de vente. «C'était très émouvant pour l'un des cédants de vendre l'entreprise que son père avait fondée. Il a longtemps hésité, surtout sur le prix», dit Jean-François Gaumond.

La décontamination de certains secteurs de l'usine, construite dans un quartier résidentiel de Granby en 1945, s'est également imposée. Une opération de 100 000$ payée par les cédants et les repreneurs. À cela s'ajoutent quelque 30 000$ en frais professionnels de toutes sortes. Heureuse consolation: les deux repreneurs ont eu droit chacun à une bourse de 10 000$ de la part du CLD de la Haute-Yamaska.

«Si je peux donner un conseil aux gens, c'est de s'entourer de professionnels qui ont de l'expérience dans les transferts d'entreprise. L'opération a peut-être été longue, mais on avait le sentiment d'avoir une bonne équipe derrière nous», explique Jean-François Gaumond.