Au même titre que les aspects légaux et fiscaux, la communication est essentielle pour qu'un transfert de PME soit couronné de succès. En fait, la communication entre un chef d'entreprise et sa relève est sans doute la chose la plus élémentaire. Martine Sgariglia et son paternel l'ont compris: c'est pourquoi ils communiquent. Beaucoup.

Martine Sgariglia a commencé à travailler dans l'entreprise de son père Jean, Concept SGA, il y a 22 ans. Elle était alors réceptionniste. En 2003, elle a été promue contrôleuse financière. À 42 ans, elle occupe désormais le poste de directrice générale de cette entreprise de Terrebonne spécialisée dans la fabrication de portes de garde-robe et la distribution de produits (composantes d'escaliers, de moustiquaires, etc.) dans les quincailleries, partout au Canada. D'ici deux ans, elle occupera vraisemblablement le fauteuil de présidente.

Si le processus de transfert semble se dérouler à merveille chez les Sgariglia, c'est en grande partie grâce à la communication. «La principale chose qui nous a aidés dans le processus, c'est lorsque nous avons créé un conseil de famille. Ça a permis à mon père, à ma soeur, à mon frère et à moi de nous exprimer. Mais, surtout, de faire la différence entre la famille, l'entreprise et le patrimoine familial», explique Martine Sgariglia.

Cet exercice a d'ailleurs permis à l'une des filles de Jean Sgariglia de comprendre qu'elle pouvait quitter l'entreprise malgré 10 ans de bons et loyaux services. «Ma soeur ne voulait pas nécessairement demeurer dans l'entreprise, mais elle refusait de partir pour ne pas avoir l'impression de nous trahir. Elle a compris que même si elle faisait carrière ailleurs dans quelque chose qui l'intéressait depuis toujours, elle ferait encore partie de la famille et aurait sa place dans le patrimoine familial», explique la DG de Concept SGA.

De l'argent bien investi

Les Sgariglia n'ont pas hésité à investir des dizaines de milliers de dollars dans le processus de transfert, qui est en cours depuis plusieurs années. Les deux sont membres du Groupement des chefs d'entreprise du Québec: Martine faisait partie d'un club de relève, tandis que son père siégeait à un club des présidents. Aujourd'hui, ils sont respectivement membres d'un club de DG et d'un club de gestion à distance.

Au fil des ans, le père et la fille ont mis sur pied un conseil d'administration qui, avec le temps, s'est transformé en comité consultatif, auquel siègent trois dirigeants d'entreprises invités. Enfin, Martine et Jean Sgariglia ont tous les deux recours aux services d'un coach personnel. De plus, plusieurs opérations ont été effectuées au vu et au su des autres membres de la famille, mais aussi des employés: un gel successoral, un testament, un contrat d'assurances et un premier bloc d'actions transféré à Martine.

La famille d'entrepreneurs n'en fait-elle pas trop? Est-elle trop prévoyante? «Non. Car plus ça va, moins les coachs sont présents. Et les rencontres du comité consultatif n'ont lieu que trois fois par année. Il n'empêche que mon père et moi, on se parle tous les jours. Tous les lundis, nous apportons notre lunch et nous mangeons ensemble», dit Martine Sgariglia.

Elle fait par ailleurs partie de la troisième cohorte de l'École d'entrepreneurship de Beauce. «Notre entreprise grossit et connaît des changements. Je dois m'y adapter et parfaire mes connaissances», affirme-t-elle.

Pour la suite des choses, Concept SGA a choisi la voie de la croissance par acquisitions. En mars dernier, elle mettait la main sur Duvernay, une PME de Terrebonne spécialisée dans les moulures et les accessoires de peinture. Cette prise de contrôle devrait permettre à SGA de connaître une croissance de 25% cette année. La nouvelle directrice générale a faim. Elle lorgne déjà une entreprise de l'extérieur du Québec, sur laquelle elle aimerait mettre la main dans un avenir rapproché.

Bien sûr, elle en a abondamment discuté avec son père.