Le marché québécois de la vente et de l'achat d'entreprises n'a jamais été aussi actif. Des entrepreneurs veulent vendre, d'autres cherchent à acheter. Des entreprises d'ici passent sous contrôle étranger. La Presse a interviewé des experts et des entrepreneurs, des acheteurs et des vendeurs. Voici le huitième et dernier volet de notre série sur les transferts d'entreprises.

Réussir un transfert d'entreprise est une chose. Faire prospérer cette même entreprise une fois que le cédant n'est plus là en est une autre. Quelles stratégies les repreneurs doivent-ils adopter s'ils veulent assurer la pérennité de leur nouvelle acquisition? Isabelle LeBreton-Miller, de HEC Montréal, et Michel Bundock, du Groupement des chefs d'entreprise du Québec, nous expliquent comment y parvenir.

Comprendre son environnement, tant interne qu'externe, est l'une des clés de la réussite, croit Isabelle LeBreton-Miller. Le repreneur devra connaître les forces et les faiblesses de son entreprise, savoir quels sont ses avantages concurrentiels et s'assurer de préserver ces avantages, ce qui comprend les employés qui occupent des postes stratégiques, dit-elle.

Éviter le copier-coller

«Il faut aussi saisir les tenants et aboutissants de son industrie, les occasions d'affaires et les menaces qui guettent l'entreprise. Le repreneur doit établir sa propre vision pour l'entreprise. Il doit donc éviter de faire du copier-coller avec la vision du prédécesseur. Mais il ne doit pas aller à l'autre extrême, c'est-à-dire jeter tout ce qui a été fait auparavant, comme si cela était dépassé», explique la professeure agrégée au Service de l'enseignement du management.

Michel Bundock, 1er Vice-président et directeur général du Groupement des chefs d'entreprise du Québec y va de quelques recommandations qui vont dans le même sens que celles de Mme LeBreton-Miller. «Le repreneur doit savoir où il veut emmener l'entreprise. Ce doit être un mélange de continuité et d'innovation, et non pas seulement de rénovation», dit-il.

Le ou les nouveaux propriétaires d'une entreprise doivent miser sur leurs forces respectives et s'entourer de personnes-clés. «On choisit, on change ou on rechoisit les membres de son équipe de direction en fonction de sa vision et de ses talents», affirme Michel Bundock.

Ensuite, il est impératif de protéger la rentabilité de l'entreprise. «C'est non-négociable! Il faut payer l'entreprise qu'on vient d'acheter. Se mettre en difficulté financière dès le départ n'est pas crédible. Quelqu'un peut arriver avec de grands idéaux, de grands projets. Mais s'il sacrifie la rentabilité de l'entreprise, il n'ira pas loin», soutient-il.

Protéger la rentabilité

Enfin, le président du Groupement des chefs d'entreprise du Québec recommande aux repreneurs de s'entourer d'autres d'entrepreneurs, comme par exemple par le biais d'un conseil consultatif. «Se mettre en contact avec d'autres chefs d'entreprise permet de se comparer, de valider ses décisions, ses choix stratégiques», dit-il.