Quelles sont les sources de financement disponibles lors d'un transfert d'entreprise? Nous avons demandé l'avis de Mathieu Gauvin, associé du Groupe de financement d'entreprises chez RSM Richter Chamberland. Selon lui, les repreneurs ont, la plupart du temps, le choix entre quatre scénarios. Les voici.

1. Le financement bancaire traditionnel. «Les banques vont offrir deux types de financement: une marge de crédit pour la gestion des opérations, de même qu'un prêt à long terme dont la garantie reposera sur la bâtisse appartenant à l'entreprise, sur ses équipements, ses inventaires ou ses comptes clients», explique M. Gauvin.

L'avantage d'un prêt bancaire: les taux d'intérêt sont extrêmement bas ces temps-ci. «Oui, les banques sont celles qui prendront le moins de risques, mais elles demeurent l'option la plus abordable en ce moment», ajoute celui qui possède 25 ans d'expérience en fusions et acquisitions.

2. Le capital-actions. Il s'agit d'un montant investi par un particulier, une entreprise, un fonds, voire une institution financière, en échange d'actions de votre entreprise. «Les gens vont investir dans l'entreprise en misant sur une plus-value, ce qui en fait le type de financement le plus coûteux. L'avantage, c'est que l'entreprise profite de nouveaux capitaux, de temps et, bien souvent, d'une nouvelle expertise. C'est ce qu'on appelle dans le jargon du 'Smart Money'«, explique Mathieu Gauvin.

Cependant, prévient-il, le capital-actions doit être envisagé, non pas seulement d'un point de vue financier, mais également humain. «C'est comme un mariage. L'erreur que les gens font est de se concentrer uniquement sur l'aspect financier, mais pas sur l'intangible comme la culture d'entreprise, la vision de l'entrepreneur, etc.»

3. Le solde de prix de vente. Dans le jargon financier, le calque anglais «balance de vente» est utilisé pour signifier ce type de financement. «C'est lorsque celui qui vend l'entreprise va aider à financer une partie de la transaction. Il y a deux catégories: la créance avec échéance, de même que le remboursement en fonction des résultats à venir, ce qu'on appelle aussi en anglais le 'earn out'. L'avantage, c'est que le vendeur garde de l'intérêt dans l'entreprise. Le solde de prix survient surtout quand les gens ne s'entendent pas sur le prix de vente de l'entreprise», affirme Mathieu Gauvin.

4. Financement mezzanine. Aussi appelé financement subordonné ou quasi capital, il s'agit d'une sorte d'hybride entre le financement bancaire et le capital-actions. «C'est assez courant. C'est plus cher qu'une banque, mais beaucoup plus flexible. Et c'est moins cher que du capital-actions, car on demeure propriétaire de son entreprise», conclut le spécialiste.

Outils

Pour tout savoir sur le financement par emprunt, par capitaux propres ou tout autre type de financement privé destiné aux entreprises, visitez le site d'Entreprise Canada www.entreprisescanada.ca/fra/guide/1167. Vous y trouverez des définitions, de même que des explications concises, mais claires, sur les prêts commerciaux à terme, les marges de crédit ou les crédits d'exploitation, les cartes de crédit, le microcrédit, de même que sur les incubateurs d'entreprises. Il y est également question d'investisseurs providentiels, de capital de risques, de paiement anticipé, d'affacturage et de premier appel public à l'épargne. Bref, ce site vous fera certainement découvrir des éléments auxquels vous n'aviez pas pensé.

Une combinaison de sources de financement

Olivier Latraverse-Bachand vient de mettre la main sur l'entreprise Perfect Equipements, un fabricant d'équipements destinés à l'industrie du chocolat. Pour financer la transaction, le jeune entrepreneur de 25 ans n'a pas cherché de recette miracle; il a tout simplement profité d'une combinaison de sources de financement.

Le nouveau chef d'entreprise a acheté les actions de l'ancien propriétaire, Karl Martiat, de même que l'inventaire, les outils et la machinerie de l'entreprise. Il a préféré ne pas devenir propriétaire de la bâtisse où Perfect Equipements loge actuellement sur le chemin des Patriotes à Saint-Mathias-sur-Richelieu.

Pour l'achat des actions, il a reçu un prêt du Centre d'aide aux entreprises de la Haute-Yamaska, de même qu'une subvention de son Centre local de développement et du Fonds canadien pour les jeunes entrepreneurs.

L'achat des outils et des équipements a quant à lui été financé par Desjardins. Ce prêt prend la forme d'un PPE (prêt aux petites entreprises), lequel est garanti à hauteur de 70% par le gouvernement fédéral. Dans ce cas-ci, Olivier Latraverse-Bachand a profité d'une autre subvention grâce au programme Créavenir de Desjardins.

Désirant faire les choses dans les règles de l'art, le jeune homme a tout d'abord fait évaluer l'entreprise de cinq employés par une firme de comptables. Puis, une firme spécialisée a fait la même chose avec l'équipement. Le racheteur était donc mieux outillé, dit-il, pour négocier avec l'ancien propriétaire.

Diplômé en génie mécanique de l'ETS, Olivier Latraverse-Bachand garde un bon souvenir de cette aventure. «Je ne me suis pas rivé le nez, sauf auprès d'une banque qui m'a fait attendre et avec qui je n'ai finalement pas fait affaire. C'est beaucoup de paperasses, mais il y a beaucoup d'outils pour nous aider», dit-il.

L'unique actionnaire de Perfect Equipements souhaite doubler son nombre d'employés. Il veut également augmenter ses ventes aux États-Unis, lesquelles ont chuté de moitié depuis la récession de 2008.