Le marché québécois de la vente et de l'achat d'entreprises n'a jamais été aussi actif. Des entrepreneurs veulent vendre, d'autres cherchent à acheter. Des entreprises d'ici passent sous contrôle étranger. La Presse a interviewé des experts et des entrepreneurs, des acheteurs et des vendeurs. Voici le quatrième volet d'une série de huit textes sur les transferts d'entreprises.

Faut-il absolument faire évaluer une entreprise lorsqu'on veut la vendre? Oui, croit Michel Luc Regimbald, évaluateur d'entreprise certifié. Pas nécessairement, rétorque Pierre T. Allard, avocat d'affaires.

«Lorsqu'on veut vendre sa maison, la première chose qu'on désire, c'est connaître sa valeur afin de mieux négocier si on reçoit une offre d'achat. C'est la même chose pour une entreprise qui, bien souvent, représente le patrimoine de l'entrepreneur», explique M. Regimbald, président d'Inverness Groupe-conseil.

Selon lui, l'évaluation représente de nombreux avantages. «Pour le vendeur et l'acheteur, ça permet de déterminer un prix de vente. Mais ça touche aussi les financiers. Les banques veulent connaître l'entreprise à laquelle elles vont accorder un prêt. Et d'un point de vue fiscal, c'est important, entre autres pour le gouvernement, car la transaction aura des enjeux fiscaux», dit celui qui est également président du chapitre canadien de l'International Association of Consultants, Valuators and Analysts (IACVA).

Michel Luc Regimbald recommande d'ailleurs de faire affaire avec un évaluateur reconnu. «Nous ne sommes que quelques milliers pour l'ensemble de l'Amérique du Nord. Il y en a donc plusieurs qui s'improvisent évaluateurs», dit-il.

À cet égard, l'évaluateur rappelle qu'il n'existe pas de «formule standard», bref, qu'il faut fuir les soi-disant experts qui se basent uniquement sur le chiffre d'affaires ou sur la valeur des équipements pour fixer le prix que vaut une entreprise. «Évaluer une entreprise, c'est de la finance avancée», dit M. Regimbald.

«Le premier facteur qui entre dans la valeur marchande d'une entreprise, ce sont les profits futurs, ajoute-t-il. La deuxième variable, c'est le taux de rendement. On l'obtient en faisant l'analyse du risque financier. Ensuite, on met ces éléments ensemble pour faire des calculs qui vont donner une valeur de base. Cela dit, chaque cas est unique.»

Pas toujours essentiel

Pierre T. Allard, associé au cabinet BCF avocats d'affaires, lui, estime qu'une évaluation d'entreprise peut s'avérer très pertinente, mais pas toujours essentielle. «Si une entreprise évolue dans un secteur très connu, c'est utile parce qu'il y a des comparaisons à faire. A contrario, si je suis dans un domaine niché, les comparaisons deviennent difficiles et l'information qu'on obtiendra d'une évaluation sera générale», dit-il.

La clé, plaide l'avocat, c'est de bien comprendre où se situe la véritable valeur de son entreprise. «Si l'entrepreneur ne le sait pas, c'est là qu'on fait intervenir un spécialiste comme un évaluateur, dont la tâche sera de cerner les meilleurs éléments de l'entreprise.»