Le marché québécois de la vente et de l'achat d'entreprises n'a jamais été aussi actif. Des entrepreneurs veulent vendre, d'autres cherchent à acheter. Des entreprises d'ici passent à des contrôles étrangers. La Presse a interviewé des experts et des entrepreneurs, des acheteurs et des vendeurs. Voici le quatrième d'une série de huit textes sur les transferts d'entreprises.

Les gens d'affaires sont-ils vraiment capables de prendre leur retraite? Et si oui, un retour est-il envisageable après une période d'inactivité? Bref, y a-t-il un âge limite pour acheter une entreprise?

Visiblement pas. Plusieurs chefs d'entreprise, en manque de défis ou las de jouer au golf, rachètent une PME après avoir pensé, à tort, que l'heure de la retraite avait sonné. Bien sûr, les gens qui se lancent en affaires pour la première fois après 50 ans ne sont pas légion. Mais les cinquantenaires, voire les sexagénaires, qui achètent une énième entreprise ne sont pas si rarissimes. La plupart d'entre eux le font pour l'offrir à leurs descendants, parce qu'ils veulent relever de nouveaux défis ou parce qu'ils veulent jouer les mentors.

Prenez le cas de Raymond Talbot qui, à 54 ans, a mis la main sur une boulangerie dans le but avoué de la léguer à ses trois enfants. Ou bien Gilles Lafond, 68 ans, qui est sur le point d'acheter sa huitième entreprise en partenariat avec des jeunes à qui il sert de mentor. Bien qu'intéressante, leur histoire (voir autre texte) n'a rien d'anormal.

Acheter une entreprise lorsqu'on est en âge de se retirer n'est donc pas mauvais en soi. Ce qui peut le devenir, c'est lorsqu'une acquisition se fait sur un coup de tête ou qu'elle n'a pas été planifiée. La grande majorité des entrepreneurs québécois n'ont pas de plan de relève. Imaginez ceux qui achètent une entreprise quand ils ont franchi le cap de la cinquantaine!

Selon Édith Jacques, associée chez Lavery, il suffit de bien s'entourer et de prendre quelques précautions afin d'éviter le pire. «La grande majorité des repreneurs ont de 35 à 50 ans, ce qui leur laisse du temps pour bâtir un capital, pour faire grandir leur entreprise. Quand une personne plus âgée fait une acquisition, l'une des avenues les plus courantes est l'assurance vie. Mais attention: plus on est âgé, plus une assurance vie coûte cher», dit l'avocate spécialisée en droit des affaires.

D'ailleurs, dit-elle, il n'existe pas de formule universelle quand un chef d'entreprise veut protéger ses arrières. «J'ai déjà eu un dossier où le chef d'entreprise n'était pas assurable. Or, comme son entreprise valait des millions et que ses enfants n'auraient pas eu les reins assez solides en cas de pépins, l'actionnaire vendeur a dû financer lui-même la transaction. Dans ce cas-ci, les profits de l'entreprise servaient à payer une partie de la transaction», explique Édith Jacques.

Bref, mieux vaut s'asseoir avec un avocat et un fiscaliste afin de déterminer quelles sont les options les plus avantageuses pour celui ou celle qui achète une entreprise plus tard dans la vie.