Il peut être tentant pour un entrepreneur d'adopter une approche prudente lorsqu'il songe à vendre son entreprise. La Banque de développement du Canada confirme que ce comportement est assez courant, puisque 71 % des cédants hésiteraient à prendre des risques pour améliorer le rendement de leur entreprise. Une erreur qui occasionne souvent une dévalorisation de l'entreprise à la vente.

Éric Dufour, chef national de la relève entrepreneuriale chez Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT), estime qu'une période de cinq à huit ans est nécessaire pour effectuer un transfert réussi. « Il faut prendre le temps de réfléchir et mettre en place un plan de transfert qui comportera, entre autres, une partie business staging. Il s'agit d'un plan d'amélioration où l'on fait le portrait de l'entreprise, une analyse de ce qui se passe, des menaces, des opportunités. On passe en revue les ressources humaines, les finances, les clients, et on cible les personnes clés », explique le spécialiste.

BIEN PRÉPARER LE TERRAIN

Cette réflexion, Jean-Pierre Gingras, cofondateur de Norbec, une entreprise de chambres froides préfabriquées et de panneaux isolants architecturaux, l'avait déjà amorcée avant même d'entreprendre ses premières démarches pour céder son entreprise. « Mon associée n'était plus active dans l'entreprise. De mon côté, je voulais prendre du recul. Il y a sept ans, j'ai réalisé que ma force n'était pas la gestion. J'ai donc embauché un directeur général. Cela a été ma meilleure décision, puisque la rentabilité de l'entreprise a augmenté », raconte l'homme d'affaires.

Lorsque le moment est venu de passer les rênes, Jean-Pierre Gingras a ciblé un groupe de sept personnes membres de la haute direction et Desjardins Capital, qui est maintenant actionnaire majoritaire.

Il a embauché un spécialiste pour bien présenter les forces de l'entreprise. Les négociations avec Desjardins Capital ont duré plus d'un an. Évidemment, le montant de la transaction était un enjeu majeur. Ce qui a fait pencher la balance, c'est que pendant tout ce temps, l'homme d'affaires a continué d'investir dans la recherche et le développement.

Jean-Pierre Gingras, co-fondateur de Norbec. Photo: Édouard Plante-Fréchette

Plusieurs éléments mis en place ont eu un impact sur la valeur de l'entreprise. « Nous avons fait les vérifications comptables, sondé les marchés, effectué des visites d'usines et réalisé des entrevues avec les dirigeants. Ce fut des points déterminants. Nous avons vu que nous étions en présence d'une entreprise en santé avec un potentiel de croissance, un système d'amélioration continue et une équipe solide », explique Gaétan Desrosiers, directeur investissement chez Desjardins Capital.

AU-DELÀ DE LA VALEUR EN ARGENT

Éric Dufour précise qu'au-delà des chiffres, les aspects humains et psychologiques sont des éléments importants qui ont un impact sur la valorisation d'une entreprise.

« Le transfert d'une entreprise ne doit pas être vu comme un simple transfert comptable. On oublie souvent que l'entrepreneur peut avoir des craintes quant à son propre avenir. Pendant qu'il s'inquiète, le marché évolue et l'entrepreneur stagne et se démotive », explique l'expert. Une des solutions que suggère Éric Dufour est un transfert progressif, une période de cohabitation durant laquelle le cédant ne perdra pas totalement sa place pendant que la relève sera intégrée.

Une façon de faire que Jean-Pierre Gingras s'est appropriée. « Je ne suis plus indispensable à l'entreprise, mais j'ai gardé des actions et une place dans le secteur de l'innovation. Je m'amuse », explique l'entrepreneur, confiant pour la suite des choses.

Norbec est une entreprise de chambres froides préfabriquées et de panneaux isolants architecturaux. Photo: Norbec

NORBEC EN BREF

Année de fondation : 1982

Nombre d'employés : 225

Spécialisation : chambres froides préfabriquées et panneaux isolants architecturaux

Principaux clients : chaînes de supermarchés et de restaurants

Siège social : Boucherville

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