Il y a de « belles histoires » et de « sérieuses engueulades » dans les dossiers de transferts d'entreprise, constate Audrey Azoulay, responsable, stratégie et développement, au Centre de transfert d'entreprise du Québec (CTEQ).

« C'est émotif et c'est complexe, la vente d'une PME, précise-t-elle. Voilà pourquoi il faut y mettre du temps avant de compléter un transfert. Ça peut prendre de cinq à huit ans, dans certains cas, pour réaliser un maillage parfait entre le cédant et le repreneur. »

Pas étonnant que l'État soit derrière cette initiative visant à encourager la reprise d'entreprises, souvent la PME, à la suite du départ à la retraite de son fondateur.

« Nous n'en sommes qu'à notre première année d'existence », soumet la responsable de l'organisme sans but lucratif. 

« Notre mandat est clair : nous mettons en lien direct les cédants et les repreneurs pour que s'amorce une discussion éclairée pouvant mener à la conclusion d'une transaction. » - Audrey Azoulay, responsable, stratégie et développement au CTEQ

« Nous intervenons dans les deux sens, ajoute-t-elle. Parfois, nous aidons le cédant à trouver un repreneur. Parfois, aussi, c'est le repreneur qui se manifeste et qui nous demande d'intervenir pour trouver une entreprise à vendre. »

Elle insiste sur le mandat « provincial » consenti au CTEQ (qui relève du ministère de l'Économie et du Travail) permettant aux entrepreneurs de se faire voir partout au Québec au moment où ils décident de monter dans le train entrepreneurial.

« Il faut comprendre que nous avons pris le relais des Centres de transferts d'entreprises, les CTE, qui ont été abolis dans la foulée des changements apportés dans la politique de soutien accordée aux municipalités, explique la responsable de l'organisme dont le conseil d'administration est composé d'entrepreneurs. Auparavant, les Centres de transferts avaient une approche régionale ; nous voulons davantage travailler à l'échelle de la province, avec une approche qui englobe tous les partenaires. »

Elle ajoute : « Notre objectif, c'est la valorisation des transferts d'entreprise. Il est important, par la suite, d'assurer la pérennité de l'entreprise qui a été acquise. Parce que nous ne sommes pas là uniquement pour faciliter la signature d'un acte de vente. »

UN SUIVI SERRÉ

De son côté, Alain St-Jacques, conseiller en transferts d'entreprise au CTEQ et expert en coopératives, fait sensiblement le même constat. « Notre rôle consiste à aider les entrepreneurs à bien s'outiller avant d'amorcer le processus de vente ou d'achat, dit-il. Nous les aidons à y voir plus clair dans leur démarche. »

« Mais chaque cas est unique, soulève-t-il. De la même manière, chaque transaction a ses particularités. » 

« Il y a des entrepreneurs qui s'y prennent trois à cinq ans d'avance avant de céder leur entreprise, et il y a des vendeurs qui sont rendus à l'étape de la vérification diligente lorsqu'ils cognent à notre porte. » - Alain St-Jacques, conseiller en transfert d'entreprise au CTEQ

Il concède que le travail de conseiller exige une présence de tous les instants auprès des entrepreneurs, les principaux concernés.

« On ne compte pas les échanges de courriels, les appels téléphoniques, les rencontres, les consultations auprès d'experts [notaires, avocats, comptables] », fait-il observer.

Fait à souligner, les chefs d'entreprise sur le marché des transactions n'ont rien à débourser pour avoir droit aux conseils du CTEQ.

Il n'est pas écarté, toutefois, que des services soient éventuellement facturés aux entrepreneurs. « Nous sommes à définir notre offre de services », conclut Alain St-Jacques.

LE CTEQ EN BREF

13 conseillers dans les régions du Québec

3 spécialistes en coopératives et en agroalimentaire

Un index regroupant les noms des cédants et ceux des repreneurs. L'Index comptait, le 3 mai, 177 cédants et 2553 repreneurs. Le nombre varie de semaine en semaine, avec les dossiers qui s'ouvrent.