Pour qu'un plan d'intervention sur la santé en milieu de travail soit vraiment utile, il faut réunir de bons ingrédients et les cuisiner selon les règles de l'art. Voici un aperçu des meilleures pratiques à intégrer et des facteurs de réussite qui assaisonnent une approche de la santé au travail efficace.

Engagement solide de la haute direction

«Pour développer une culture de la santé dans une organisation, il faut que les hauts dirigeants soient décidés à aller de l'avant, et prêts à intégrer la santé dans leur planification stratégique, dit Danielle Vidal, conseillère principale chez Aon-Hewitt. Ils doivent avoir un plan de match global, avec des budgets, des échéanciers et une bonne planification des ressources.»

Du personnel mobilisé

Il faut que tous les acteurs importants soient mis à contribution et que les employés s'approprient le programme. La mise en place d'un comité de santé et de mieux-être est la clé.

Au centre jeunesse Chaudière-Appalaches, qui a obtenu sa certification «Entreprise en santé» niveau élite en mai dernier, on s'est assuré que des employés de tous les niveaux et de tous les secteurs soient impliqués dans le processus. «Le défi était d'intégrer les mesures de santé au travail à tout ce que l'on faisait déjà. Nous n'aurions pu y arriver sans l'adhésion des employés», dit Patrick Simard, directeur des services professionnels et des ressources humaines.

Collecte de données sur les besoins des employés

«La collecte des données est une étape souvent escamotée par les employeurs, qui préfèrent organiser des activités ponctuelles fournissant de la visibilité, explique Marie-Claude Pelletier, présidente et directrice générale de GP2S. Mais pour cibler des activités qui répondent vraiment aux besoins et au profil démographique de nos employés, il faut d'abord connaître ces besoins et établir des priorités. La collecte se fait à deux niveaux: le niveau organisationnel, avec le taux de roulement, les cotisations, l'absentéisme, et en allant chercher des informations auprès des employés, sur leur état de santé et la perception de leurs besoins.»

Un projet rassembleur avec une signature

Pour que les employés adoptent le programme santé de l'entreprise, il est utile de lui donner une signature et un logo, ce qui leur donne l'impression que le programme découle vraiment d'une volonté sérieuse et à long terme, selon Danielle Vidal. C'est ce qu'on a fait chez Lassondeavec le programme baptisé Destination Santé, un nom choisi par les quelque 800 employés des deux usines de Rougemont. «C'est un nom qui représente bien le fait que chaque employé a ses objectifs et des choses à améliorer sur le plan de sa santé, explique Jacques Tardif, vice-président aux ressources humaines chez Lassonde. Il sait qu'avec le programme, il sera entouré de gens qui vont l'aider à atteindre ce but.»

Une démarche à long terme

«La démarche de santé dans une entreprise donne des résultats quand elle est faite en profondeur, et non en se basant sur la saveur du mois, dit Mme Vidal. Il faut donc prendre le temps de réfléchir et de mettre en place de bonnes pratiques, en se demandant quelle est notre motivation, en tant qu'employeur. Cela ne suffit pas de faire des activités à l'occasion, il faut aller plus loin et entreprendre une démarche sérieuse et rigoureuse.»

Suivis personnalisés

Au-delà des activités de sensibilisation et de promotion des bonnes habitudes de vie, le suivi personnalisé des employés est une excellente façon d'entraîner des progrès significatifs, explique Emmanuelle Gaudette, directrice, santé et milieu de travail chez Acti-Menu, entreprise à vocation sociale qui gère différents programmes de santé destinés au grand public ou aux entreprises.

«Dans le cadre du programme Ma santé, je m'en occupe!, nous remettons un profil personnalisé à chaque participant, avec un plan d'action intégré pour améliorer sa santé, dit-elle. Il y a ensuite un suivi téléphonique par une infirmière pour une période d'un à trois ans, et on accompagne chaque personne pour atteindre ses objectifs personnels.»

Chez Lassonde, on constate que l'approche personnalisée est ce qu'il y a de plus efficace. «On a embauché une infirmière et un kinésiologue, dit Jacques Tardif. L'infirmière rencontre les volontaires, ils remplissent un questionnaire médical et un questionnaire sur les habitudes de vie, et ils ont ensuite un programme d'exercice établi par le kinésiologue, qu'ils peuvent réaliser sur place, à notre gymnase gratuit.»

Évaluation des progrès

Pour savoir si le programme fonctionne bien, il faut en mesurer les progrès à intervalles réguliers. Cela peut se faire au moyen d'indicateurs globaux tels que le taux d'absentéisme ou le taux d'invalidité, ou par des questionnaires auprès des employés pour déterminer si les activités et les mesures mises en place répondent aux besoins.