Nos employés sont-ils en santé? C'est la question incontournable que doivent aujourd'hui se poser les employeurs et les chefs d'entreprise.

Or, pour certains d'entre eux, la santé est la responsabilité des individus et ce n'est pas le rôle d'un employeur. Pour d'autres, la santé, c'est l'affaire du système public.

Mais dès que l'on examine les données, on constate que les entreprises n'ont plus le choix d'agir pour créer une culture et un environnement de travail en santé si elles veulent performer.

«On sous-estime les impacts de la «non-santé» dans nos entreprises, dit Marie-Claude Pelletier, présidente et directrice générale du Groupe de promotion et de prévention en santé (GP2S). Selon une étude de la firme Towers Watson, les coûts reliés aux problèmes de santé représentent jusqu'à 17% de la masse salariale d'une entreprise.»

Ces coûts incluent l'évolution des primes d'assurances collectives, qui augmentent d'environ 15% par an, ainsi que celle des cotisations de santé et sécurité au travail. Mais il faut aussi compter le coût des absences non assurées, qui sont absorbées directement par l'employeur, et qui représentent en moyennent 11,2 jours par année par employé. À cela s'ajoutent les coûts indirects comme les frais d'administration, de recrutement et de formation pour remplacer les employés malades.

Climat de travail et productivité

On ne doit pas négliger non plus les impacts sur le climat de travail et la productivité, ainsi que sur la capacité d'attirer et de retenir les meilleurs employés.

De surcroît, les statistiques sur l'évolution des maladies sont plus qu'inquiétantes: depuis 10 ans, on constate une augmentation de 77% des personnes souffrant d'hypertension au Canada. Les cas de diabète ont augmenté de 35%, et les problèmes reliés à l'obésité, de 18%, selon Mme Pelletier.

Selon une étude récente réalisée pour le compte de la Commission de la santé mentale du Canada, les indemnités financières reliées à des problèmes de santé psychologique au travail ont grimpé de 700% depuis cinq ans.

«Quand on transpose ces données à une entreprise, ce sont des chiffres qui parlent, ajoute-t-elle. Les employeurs réalisent qu'ils doivent agir. On ne peut plus faire l'autruche: ces tendances exigent que l'on s'attelle à la tâche.»

Et quand on veut agir, il est beaucoup plus payant de prévenir que de guérir. Un employé passe la moitié de sa vie éveillée au travail. Il est donc logique que les organisations adoptent des politiques et des programmes de promotion de la santé et de prévention de la maladie. D'autant plus que cela leur rapporte!

Des dollars qui rapportent

Selon différentes études, chaque dollar investi pour la santé en entreprise rapporte un retour sur l'investissement allant de 1,50$ à 4$.

«Les chefs d'entreprises doivent comprendre que l'argent qui va dans les mesures de santé au travail n'est pas une dépense, mais bien un investissement, dit Marie-Claude Pelletier. Mais encore faut-il que ce soit fait de la bonne façon!»

Et c'est souvent là que le bât blesse. «Certains employeurs ne savent pas comment aborder la santé au travail, ajoute-t-elle. Ils organisent des activités à gauche et à droite, comme des conférences ou des clubs de marche. Ce n'est pas mauvais, mais cela ne donne pas toujours les résultats escomptés.»

Dans ce cahier spécial, nous nous pencherons sur les meilleures pratiques en matière de santé au travail en présentant des cas d'organisations qui ont décidé d'en faire une priorité.

Au moment où les dépenses en santé représentent plus de 40% du budget total au Québec, les efforts des employeurs pour contribuer à la santé de la population sont certainement les bienvenus.