La concurrence mondiale est vive sur la planète « innovation », et les décideurs économiques de Saint-Laurent veulent amener les entreprises manufacturières de cet arrondissement montréalais à prendre le virage technologique pour rendre leurs usines plus « intelligentes ».

Dernière initiative en lice, l'implantation prochaine dans l'arrondissement du premier laboratoire cyber-physique au Canada, une collaboration du Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) et de Festo, un leader de la formation en automation industrielle.

« Il s'agit d'un laboratoire de l'innovation inspiré du modèle allemand, qui a fait ses preuves, pour amener nos entreprises manufacturières à passer à l'ère 4.0 », explique Josée Chiasson, directrice générale de Développement économique Saint-Laurent.

Ce « laboratoire » prendra la forme d'un Centre d'expérimentation et de service à valeur ajoutée où seront offerts, à partir de l'automne 2017, des programmes de formation à l'intention des entreprises et de leurs employés.

« Nous venons d'embaucher une coordonnatrice à l'innovation, et deux partenaires, un du privé, un autre du secteur institutionnel, vont s'investir dans ce projet novateur », précise la directrice générale, qui s'envole d'ailleurs vers l'Allemagne, demain, pour aller voir sur place comment fonctionnent ces « laboratoires » d'innovation.

DIVERSIFICATION INDUSTRIELLE

Chose certaine, Saint-Laurent souhaite renforcer sa base industrielle, qui repose sur quelques secteurs-clés de l'économie : l'aérospatiale, l'agroalimentaire, les technologies de l'information et les sciences de la vie.

Josée Chiasson ne cache pas que Bombardier demeure « un gros moteur » économique dans la région, mais elle ajoute : « Notre force, c'est la diversification. Nous avons des entreprises de grande taille qui se démarquent dans leurs secteurs d'activité. »

Or, pour continuer de se démarquer, ces entreprises, à la fois des « majeures » et des PME, doivent adapter leurs méthodes de production pour s'aligner sur les nouvelles méthodes de production, de plus en plus automatisées et robotisées.

« On sent l'urgence d'agir si on veut non seulement conserver nos acquis, mais aller encore plus loin. Pour cela, il faut mieux outiller nos entreprises et mieux former les employés. » - Josée Chiasson, directrice générale de Développement économique Saint-Laurent

RAYONNEMENT

Il faut comprendre, à la lumière des propos de la directrice générale - elle parle abondamment d'« écosystèmes » et de « leadership rassembleur » - que Saint-Laurent semble bien déterminé à prendre les moyens qui s'imposent pour maintenir le haut du pavé dans le secteur manufacturier.

Mais elle précise qu'il n'est pas question, ici, de « réinventer la roue », mais plutôt de faire intervenir les spécialistes dans leurs champs de compétence.

« Ça va se faire dans la concertation, soumet Josée Chiasson. Nous allons mettre à contribution nos ressources techniques et professionnelles, par exemple le CRIQ [Centre de recherche industriel du Québec] et faire intervenir nos maisons d'enseignement. »

« Notre priorité, insiste-t-elle, c'est de donner un nouvel élan à nos zones industrielles. »

Josée Chiasson tient néanmoins à souligner que ces efforts déployés par Saint-Laurent doivent servir la grande région de Montréal.

« Tant mieux si ça fait bénéficier une ville comme Lachine, dit-elle. Nous ne voulons surtout pas travailler en vase clos, bien au contraire. Nous cultivons l'esprit Montréal. »

Rappelons, par ailleurs, que le PDG d'Investissement Québec, Pierre Gabriel Côté, a récemment tenu sensiblement le même discours sur l'importance d'accompagner les entreprises manufacturières sur le terrain de l'innovation, lors de sa tournée dans 16 régions du Québec. Il considérait alors que le virage 4.0 permettra, entre autres, d'assurer le maintien des emplois manufacturiers au Québec.