Les infrastructures sont de plus en plus convoitées par les grands fonds d'investissement comme la Caisse de dépôt et placement du Québec. On les voit comme pouvant générer de bons rendements à long terme et se substituer aux marchés boursiers plus volatils. Mais les individus peuvent-ils y investir ? Certainement, répondent des experts. Voici comment.

CE QUE C'EST

Vous ne pouvez pas ne pas voir les cônes orange qui font actuellement partie du décor de Montréal. Rues, boulevards, égouts, ponts, réseaux routiers, trains... tout semble être à refaire. Et c'est le cas à bien des endroits dans le monde. La crise financière de 2008 et la récession qui en a résulté ont fait que les gouvernements ont pris énormément de retard dans le développement de nouvelles infrastructures nécessaires à la croissance de l'activité économique et dans la maintenance des infrastructures existantes. Le résultat : des sommes d'argent colossales vont maintenant être investies pour rattraper le temps perdu.

L'INTÉRÊT DES INVESTISSEURSCette thématique de l'investissement dans les infrastructures arrive à un moment où les très grands investisseurs ne savent plus où mettre leur argent, explique Daniel Chartier, gestionnaire de portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins. « Les taux d'intérêt très bas font en sorte qu'il sera très difficile de générer de bons rendements avec les obligations au cours des prochaines années », dit-il. C'est ce qui amène, par exemple, la Caisse de dépôt et placement à développer un projet de train électrique pour Montréal et sa banlieue, ajoute Guy Côté, gestionnaire de portefeuille à la Financière Banque Nationale. « Pour effectuer les paiements aux retraités, la Caisse doit développer de nouvelles sources de revenus récurrents », dit-il.

TROIS FAÇONS DE PARTICIPER

Pour les détenteurs de capitaux, il existe trois façons d'investir dans les infrastructures, explique Alain Desbiens, vice-président, BMO Gestion mondiale d'actifs. D'abord, en achetant directement une participation dans des projets tels le train de la Caisse de dépôt ou encore un aéroport. Cela, bien sûr, est réservé aux grands investisseurs. Les individus, quant à eux, peuvent aussi participer en achetant les actions des firmes qui prendront part à la construction et à la gestion de ces infrastructures. Enfin, le moyen peut-être le plus simple pour eux consiste à acheter des fonds communs ou des fonds négociés en Bourse qui sont spécifiquement consacrés à cette thématique.

LES CHOIX DE FONDSGuy Côté suggère le Fonds d'infrastructures mondiales Investissements Russell. Ce fonds investit principalement dans les actions de sociétés d'infrastructures tant dans les économies développées qu'émergentes, dont 37 % aux États-Unis et 49 % à l'international. Le rendement annuel sur trois ans a été de 10,95 %, indique le gestionnaire. Pour les investisseurs qui préfèrent les fonds indiciels, Alain Desbiens suggère le fonds négocié en Bourse BMO infrastructures mondiales (SGI). Ce fonds vise à reproduire le rendement de l'indice Dow Jones Brookfield Global Infrastructure North American Listed Index, qui a généré un rendement d'environ 15 % au cours des cinq dernières années. Les frais de gestion maximaux sont de 0,55 %.

LES CHOIX DE TITRES

Parmi les titres permettant de jouer la thématique des infrastructures, « WSP Global et SNC-Lavalin sont deux incontournables », dit Guy Côté. « Ce sont des acteurs canadiens avec une large présence internationale », ajoute-t-il. Ces deux firmes ont bien fait récemment, et cela devrait se poursuivre, selon lui. De son côté, Daniel Chartier suggère également TransCanada pour le secteur des oléoducs, ainsi que les grands groupes miniers Rio Tinto et U.S. Steel. De plus, même s'il ne s'agit pas nécessairement d'un pure play, il aime également les fabricants d'équipement industriel et agricole. « Les grandes multinationales telles John Deere, Caterpillar et GE vont profiter de l'engouement pour les infrastructures », dit-il.

BIEN ÉVALUER LE RISQUEAttention, car les placements thématiques comportent aussi leur part de risque. D'abord, lorsqu'une nouvelle thématique apparaît, l'industrie des services financiers s'assure de lancer sur le marché de nombreux produits pour satisfaire les besoins des investisseurs, explique Daniel Chartier. « L'idée peut être bonne, mais le produit d'investissement peut ne pas l'être », dit-il. De plus, les projets d'infrastructures ont souvent une connotation internationale. « Plusieurs fonds comportent alors un risque de devise et souvent également un risque politique », dit Alain Desbiens. Il importe donc de bien étudier le ou les produits dans lesquels on investira son épargne-retraite.

Photo Sarah Mongeau-Birkett, Archives La Presse

Les cônes orange sont devenus le symbole des travaux d'infrastructures à Montréal.