La recette financière de l'humoriste Korine Côté, illustrée par les plats Tupperware et une confiserie de son enfance.

Korine Côté a déposé sur la table un contenant de plastique soigneusement rempli de bonbons aux patates - un résidu des Fêtes, en cette première semaine de janvier.

Ce n'est pas un pot-de-vin, se convainc le journaliste, qui en teste un ou deux (juste assez moelleux, bonne proportion de beurre d'arachide).

La petite boîte est aussi le symbole de son sens de l'organisation.

« Un plat Tupperware, pour moi, doit être exactement de la bonne grosseur pour ce que je mets dedans. C'est comme ça avec mes salles. » - Korine Côté

La vive humoriste de 34 ans poursuit sa première tournée de spectacles, dans des salles de taille modeste, qu'elle s'assure ainsi de remplir.

Elle a appris la recette de sa tante Lisette, qui a tenu avec sa mère une petite maison pour personnes âgées. Korine, fille unique, y accompagnait souvent sa mère, durant ses années à l'école primaire. « Je me levais tôt et j'aidais ma mère à faire des desserts. »

La fréquentation de ce milieu lui a aussi appris la frugalité : « Je ne suis pas quelqu'un qui gaspille. »

UN EMPRUNT POUR RIRE

Korine Côté a été admise à l'École de l'humour à 23 ans. Les frais ont été payés avec les prêts et bourses, pendant qu'elle résidait chez sa mère. Elle a continué à travailler à temps partiel jusqu'à 27 ans, puis elle a décidé de plonger.

Pendant six mois, se promettait-elle, elle ne gagnerait sa vie qu'avec l'humour.

« J'ai fait un prêt personnel de 6000 $, pour pouvoir payer mon loyer, mon électricité, mon câble, mon internet, ma bouffe. Donc, 1000 $ par mois, toute seule. »

Dans le montant de l'emprunt, elle a même prévu une provision pour aider au paiement des premières mensualités.

« J'ai pris le prêt sur cinq ans, dans le but de faire des petits paiements, mais je savais que je le paierais en un an et demi ou deux ans. »

DÉBUTS DIFFICILES

« Quand tu commences en humour, c'est vraiment dur. »

Il faut faire ses armes dans les petits établissements, pour des cachets de misère. « Dans les bars, au plus bas, ça variait entre 25 et 50 $ le numéro. Quand tu en fais deux dans ta semaine, tu as 50 $ ou 100 $. Mais quand tu n'as pas beaucoup d'argent, c'est vraiment important. »

Peu à peu, contrats et engagements se sont multipliés. « Je suis sortie du seuil de la pauvreté il y a à peu près quatre ans. »

VIE ET VOITURE SOBRES

« Les gens pensent que tous ceux qui font de la télé sont riches. Quand ils voient mon auto, ils sont déçus. C'est une Corolla beige 97. »

Sa couleur est triste, mais « elle roule super bien ». Pourquoi la changer...

Elle vit en appartement avec son copain, rencontré à l'École de l'humour.

Ils possèdent un chalet depuis deux ans, qu'ils ont acquis en utilisant le RAP, parce qu'ils prévoient en faire leur résidence principale. Ils ont ainsi pu verser une mise de fonds de 33 %.

La rencontre avec la conseillère en prêts hypothécaires est une autre démonstration du solide pragmatisme de l'humoriste.

La conseillère leur apprend qu'ils doivent souscrire l'assurance prêt hypothécaire. Comme d'habitude, la prime sera ajoutée à l'emprunt.

« J'ai dit : non, je paierais de l'intérêt sur quelque chose que je peux payer tout de suite. Elle m'a répondu : "Personne ne paie ça tout de suite !" »

Elle l'a fait.

REER

« On n'a pas le choix, pour l'impôt, d'essayer de prendre le maximum de REER pour l'année, déclare-t-elle. Ce qui est dur, c'est que c'est en février. Les acomptes provisionnels de décembre viennent de passer, il y a les Fêtes, et en janvier, c'est les taxes. Rendu en février, il ne te reste plus grand-chose. »

On suggère habituellement d'étaler les cotisations au REER l'année durant. « J'aurais dû, en fait, mais avec la plus grande partie de l'argent, j'ai payé mes acomptes provisionnels. »

Sur la base de ses revenus de l'année précédente, ils ont été augmentés en cours d'année, ce qui a touché son budget. « J'y arrive, souligne-t-elle aussitôt. Mais c'est fâchant. Surtout que d'habitude, je suis à mon affaire. »

LE BON USAGE DU BONBON AUX PATATES

Un CELI lui sert également de coussin de sécurité. Son compte d'épargne contient aussi une bonne réserve, mais son contenu est réservé au paiement des impôts et des taxes.

« C'est mon compte qui ne m'appartient pas », résume-t-elle.

Au contraire du salarié dont l'impôt est prélevé à la source, l'humoriste autonome doit conserver les fonds nécessaires.

« Tu as l'impression que cet argent est à toi, mais il ne t'appartient pas, ce qui fait que tu dois l'enlever de ta vue. Ça n'existe pas. »

« C'est pour ça que j'ai apporté les bonbons aux patates, aujourd'hui. S'ils sont chez nous, je vais les manger au complet. Quand je les apporte, les autres les mangent et moi, je n'en ai plus. »

On ne peut que soutenir cette excellente stratégie. Et hop, encore un.

La recette de Korine

Une petite patate, à moins que vous vouliez en manger jusqu'en juillet. Si c'est le cas, une grosse.

Du sucre en poudre

Du beurre d'arachide

Bouillir la patate. Dans un cul de poule ou un bol avec le derrière d'animal de votre choix, piler la patate le plus possible, sinon ça laisse des petits morceaux dans la pâte. Moi je ne juge pas ça, mais certains pourraient. Ajouter le sucre en poudre en brassant avec une fourchette jusqu'à l'obtention d'une pâte maniable, juste un peu collante. Prendre la moitié de la pâte et garder le reste dans le bol recouvert avec un linge à vaisselle humide. La pâte à base de sucre sèche vite et vous ne voulez pas essayer de rattraper ça ! Rouler la pâte assez mince, étendre une belle petite couche de beurre d'arachide et rouler le tout. Étirer un peu le rouleau, le mettre sur une plaque à biscuit au frigo pendant au moins 1h. Refaire l'opération avec l'autre moitié de la pâte. Retirer du frigo, couper des tranches et en manger 2-3 avant de les remettre au frigo. Ça peut aussi se faire avec des patates douces, la couleur est funky !