Le passage du REER au FERR confirme que vous passez de la période de l'accumulation de l'épargne à celle du décaissement. Vous êtes maintenant forcé de retirer chaque année un certain pourcentage de vos épargnes. Vous devrez donc en assumer la facture fiscale. Mais aussi, vous devrez vous assurer d'optimiser l'utilisation de ces retraits afin d'en tirer le meilleur avantage. Des experts expliquent comment y arriver.

Longévité

Le principal défi que pose le Fonds enregistré de revenu de retraite (FERR) est de gérer la longévité, explique Daniel Laverdière, directeur principal, planification financière et conseil, chez Banque Nationale Gestion privée 1859. «Il faut faire bien attention, car le retrait minimum a été fixé à une époque où l'espérance de vie était plus courte», dit-il.

Il faut se doter d'une stratégie de décaissement qui tient compte de ce phénomène. «Vous êtes contraint de retirer une certaine somme chaque année, mais vous n'êtes pas forcé de la dépenser», dit M. Laverdière.

Une partie du montant retiré peut être placée dans un compte d'épargne, un compte de placement ou, encore mieux, un compte d'épargne libre d'impôt (CELI) où les revenus de placement seront à l'abri de l'impôt.

«La gestion de la longévité part d'un bon plan budgétaire», dit-il. À défaut d'avoir un tel plan, la rente est probablement l'outil idéal pour gérer la longévité, selon lui.

Ça pourrait changer

Il faudra suivre la chose de près, car la façon de décaisser son FERR pourrait être éventuellement modifiée. Parce que l'espérance de vie augmente chaque année, les pressions se font de plus en plus fortes sur le gouvernement pour que le calendrier des retraits change.

L'été dernier, l'Institut C.D. Howe a publié un rapport demandant au gouvernement que les retraits du FERR commencent plus tard ou qu'ils soient plus petits ou même que l'obligation d'effectuer des retraits disparaisse complètement. Les raisons invoquées par les chercheurs de l'Institut sont que les retraités vivent en général plus longtemps qu'auparavant et que les rendements sur les placements sont beaucoup moins élevés, étant donné que les taux d'intérêt sont très bas.

Mais d'ici là, cela demeure votre responsabilité de gérer les retraits de votre FERR en fonction de votre espérance de vie.

Planification

Une bonne planification de l'utilisation du FERR est d'autant plus importante que cet outil s'avère la principale source de revenus du détenteur. Il faut bien prévoir les décaissements et il faut également bien choisir les produits d'épargne et de placement qui seront détenus dans le FERR. Surtout lorsque le détenteur n'en est qu'au début de sa période de décaissement.

Il lui faut également faire un nouveau budget. «Avec l'âge, les besoins changent. Le budget doit être adapté à cette nouvelle situation», insiste Anne-Marie Blanchet, planificatrice financière à l'Industrielle Alliance.

Les gens qui arrivent à l'étape de la conversion au FERR ont souvent besoin d'un nouveau plan financier. N'hésitez pas à vous informer auprès du conseiller de votre institution financière.

Quelques trucs

Bien que le détenteur d'un FERR soit tenu de retirer un montant minimum chaque année, il peut modifier cetter somme en tout temps, si tel est son désir. Il peut entre autres retirer une plus grosse somme pour profiter du fractionnement du revenu, explique Mme Blanchet. «Il pourra ainsi diminuer l'impact fiscal de l'ensemble de ses retraits du FERR», dit-elle.

Il peut aussi retirer une plus petite somme que son minimum requis en utilisant l'âge du conjoint lorsqu'il existe une différence d'âge suffisante.

Peut-on tout liquider?

On peut en tout temps liquider un FERR, soit tout retirer l'argent qui s'y trouve. Plusieurs diront que ce n'est pas une très bonne idée de le faire, car la facture fiscale sera salée. En effet, tout le montant sera alors imposable la même année.

Mais il existe quand même certains cas où il est envisageable de le faire. D'abord, lorsque le montant est minime. L'impact fiscal ne sera alors pas trop important. Il y a aussi les cas de maladie. Une personne sachant que son espérance de vie est soudainement fortement réduite pourrait préférer retirer toutes ses économies afin de profiter pleinement du temps qu'il lui reste.

Liquider son FERR peut même être la bonne solution pour ceux qui voudront ne pas perdre éventuellement le supplément de revenu garanti, explique Daniel Laverdière. « Cette stratégie vise les personnes à faibles revenus à qui le retrait du FERR, lorsqu'il s'ajoutera aux autres revenus, dont les prestations de la Régie des rentes du Québec [RRQ], fera perdre le supplément », dit-il.

PHOTO ERICK LABBÉ, LE SOLEIL

Anne-Marie Blanchet est planificatrice financière à l'Industrielle Alliance.