Gérer son argent à la retraite, c'est complexe. Il faut trouver l'équilibre entre deux situations extrêmes: partir les poches pleines ou survivre les poches vides. Quelques conseils et pistes de réflexion pour mieux gérer ses revenus de retraite, une fois que l'on a quitté le marché du travail.

Planifier, planifier, planifier

Planifier sa retraite, c'est essentiel. Plus on le fait tôt, mieux on est préparé pour quitter le marché du travail. Et quand on n'est plus en mesure d'accumuler de l'argent, on peut toujours maximiser les rendements de son capital et adapter son style de vie pour que l'épargne dure plus longtemps.

Malgré tout, beaucoup de gens choisissent d'y aller au pif.

«Environ 60% des Canadiens n'ont jamais fait de budget», déplore Boyan Ivanov, planificateur financier chez BMO.

En conséquence, certaines personnes se retrouvent avec des factures coûteuses et imprévues. L'argent sort plus vite qu'elles ne l'auraient imaginé. Les surprises surviennent surtout au début de la retraite, quand on continue de dépenser au restaurant et en voyages, et à la fin, quand les dépenses en santé augmentent.

Consulter un expert

Il est difficile de faire ses plans de retraite, mais aussi de les suivre.

Et pas seulement parce qu'il faut savoir compter. Il faut aussi réfléchir à ses désirs, ses priorités et ses loisirs.

«La discussion est beaucoup plus psychologique la première fois que je rencontre quelqu'un», raconte Boyan Ivanov.

Il est donc judicieux de consulter un planificateur financier pour assurer un suivi du plan de retraite et faire le point périodiquement sur sa situation. Cela permet d'éviter les mauvaises surprises et de corriger le tir lorsque c'est nécessaire.

Liquidité et rendement

Il va sans dire que les sommes accumulées pour la retraite devraient être investies afin d'engranger des intérêts et de combattre l'inflation. Il est toutefois bien difficile de payer son épicerie avec un titre boursier.

Il faut donc éventuellement convertir ses investissements en argent ou en placements liquides, c'est-à-dire facilement et rapidement convertibles en argent. Déterminer le moment idéal est crucial pour maximiser ses rendements tout en évitant un risque, et un stress, trop élevé.

Ceux qui ont moins peur du risque conservent généralement des actions plus longtemps. Ils obtiennent en moyenne de meilleurs rendements en contrepartie de pertes potentielles plus élevées.

«Pour les autres, il faudra discuter des effets de la hausse du coût de la vie sur son portefeuille» afin d'ajuster son style de vie, explique Brigitte Felx, planificatrice financière à la RBC.

Prévoir et minimiser les impacts fiscaux

Il est important de réfléchir aux façons de profiter des incitatifs fiscaux. Ça peut rapporter beaucoup. «Il arrive qu'une bonne planification fiscale fasse une plus grande différence que le rendement lui-même», remarque Boyan Ivanov.

Malgré tout, beaucoup de personnes disent encore ne pas croire au REER et au CELI, note-t-il. Des milliers de dollars peuvent être en jeu.

«Ce sont des outils qui doivent être utilisés intelligemment. On doit regarder si, et comment, on peut en profiter», insiste-t-il.

Une personne qui estimerait pouvoir se rendre à 71 ans sans avoir à retirer de l'argent de ses REER, par exemple, pourrait quand même avoir avantage à en retirer une partie un peu plus tôt. Elle éviterait d'être imposée, quelques années plus tard, sur un revenu gonflé par le retrait d'une grosse somme d'épargne enregistrée, comptabilisé comme un revenu.

Prédire sa longévité

Impossible de bien gérer ses fonds de retraite et ses dépenses si on n'a aucune idée du temps qu'il nous reste à vivre. Il faut donc estimer sa longévité de façon réaliste, même s'il s'agit d'une question difficile et déplaisante.

«C'est très important. C'est un des trois éléments majeurs dont on doit tenir compte lorsqu'on élabore un plan de retraite, les deux autres étant les frais de soins de santé et l'inflation», explique Brigitte Felx.

Si la durée de vie des parents et grands-parents a été très longue, on a probablement des chances de vivre assez longtemps. Il faut gérer son argent en conséquence. «Une personne qui pourrait vivre au-delà de 90 ans aura besoin de plus de capital pour générer des revenus sur une plus longue période», illustre Mme Felx.

Le travail à la retraite

De nombreux retraités découvrent qu'ils s'ennuient après quelques semaines à la maison. Pour briser la monotonie, ils réalisent un petit contrat par-ci, font une petite consultation par-là et se retrouvent avec des revenus inattendus.

«Pour certaines personnes, la retraite se transforme en année sabbatique. L'année suivante, ils retrouvent le revenu qu'ils avaient sur le marché du travail», note Boyan Ivanov.

C'est une bonne manière de se payer des petits extras qui n'étaient pas prévus dans le plan de retraite. C'est aussi une bonne occasion pour revoir son plan de retraite et adapter celui-ci aux nouveaux revenus.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Boyan Ivanov est planificateur financier chez BMO