En 2005, Johanne avait participé à la chronique de consultation en finances personnelles Sous la loupe. Dix ans plus tard, où en est-elle?

EN 2005

LA SITUATION

> Johanne avait 50 ans

> Séparée depuis sept ans

> Deux filles de 21 et 24 ans, dont une aux études

> Revenu: 32 000$

> Dépenses: 19 000$

> REER: 19 700$

> CRI: 24 800$

> Propriété: valeur de 78 000$

> Hypothèque: 60 000$

> Elle contribue au régime de retraite de la fonction publique

L'OBJECTIF

À 50 ans, Johanne vient d'acheter sa première maison. Elle voudrait prendre sa retraite dans 10 ans.

LE CONSTAT DE LA PLANIFICATRICE

Si ses épargnes maintiennent un taux de rendement de 5% par année, Johanne pourrait se retirer à 60 ans en conservant son (modeste) train de vie. «Elle fait des miracles avec son argent», constate la planificatrice.

EN 2015

En 2005, Johanne prévoyait prendre sa retraite 10 ans plus tard.

C'est-à-dire à peu près maintenant.

Il y aura retard.

«Il faut que je sois réaliste. Je vais devoir me rendre jusqu'en 2017.»

Ses épargnes de retraite n'ont pas atteint le niveau nécessaire.

«Dans l'article de 2005, on prévoyait un rendement de 5%. Ce n'est pas ça du tout.»

En incluant les remboursements d'un RAP de 18 000$, son REER est passé de 19 700$ en 2005 à 28 000$ en 2015. Il fallait plutôt atteindre 48 000$.

Le compte de retraite immobilisé de 24 800$, résultat du partage des épargnes et régimes de retraite lors du divorce, a pour sa part atteint 27 000$. On visait 40 000$.

Avec les 12 000$ qu'elle détient en fonds de travailleurs et les 4600$ qu'il lui reste à rembourser dans son REER pour son retrait RAP, ses épargnes de retraite devraient totaliser 73 000$ en 2017, estime-t-elle.

Que s'est-il passé?

Malheureusement, son portefeuille, à son insu, comportait une part disproportionnée de titres boursiers. «En 2008, mon portefeuille a baissé de façon sérieuse, d'au moins 10 000$, parce que mon courtier à l'époque l'avait placé à 90% en actions. Je ne le savais pas.»

Un nouveau conseiller a depuis rééquilibré le portefeuille.

«Mais il fallait que je me rattrape autrement.»

Elle n'a jamais manqué de courage.

Une bonne surprise

Heureusement, il y a aussi eu de bonnes surprises.

«Mon salaire a augmenté de façon assez importante, ce qui m'a beaucoup aidée.»

Elle travaille toujours dans la fonction publique, mais une reclassification a porté son salaire de 32 000$ en 2005 à 44 400$ à l'heure actuelle.

Selon la planification de 2005, Johanne aurait touché une rente de retraite de 19 000$ en 2015. En prenant sa retraite en janvier 2017, à 62 ans, sa rente avoisinera plutôt 24 000$.

Elle veut retarder la perception de la rente de la RRQ à 65 ans, ce qui lui procurerait 930$ par mois au lieu des 620$ auxquels elle aurait eu droit à 60 ans.

En guise de compromis, elle travaillera en 2015 à raison de 32 heures en quatre jours plutôt que 35 heures en cinq jours, tout en continuant à contribuer pleinement à son régime de retraite. «Si je suis trop serrée, je reviens à mes 35 heures.»

Elle ne manque pas de ténacité non plus.

Profit immobilier

En 2004, à 50 ans, Johanne avait acheté sa première maison, sept ans après sa séparation. Elle avait tiré une grande fierté de cette démonstration d'autonomie.

«Je n'avais pas du tout confiance au début. Je sortais d'un divorce. Ça faisait 20 ans que j'étais mariée et je ne m'occupais pas beaucoup de ces questions.»

Elle en est maintenant à sa troisième propriété, annonce-t-elle.

Elle a conservé cinq ans la petite maison payée 78 000$, qu'elle a vendue 128 000$. Elle a ainsi pu acheter un condo neuf qu'elle a occupé quatre ans. «Ça me plaisait moins, le condo, je voulais retrouver mon intimité.»

Elle l'a donc vendu avec profit pour acquérir, au prix de 160 000$, la petite maison de ville qu'elle habite aujourd'hui. «Près de la rivière et d'un petit bois, avec un tout petit terrain: ça me comble.»

La propriété est payée à 50%. «Ça me coûte moins cher dans ma maison que si j'habitais en appartement.»

Dépenses contrôlées

Johanne s'est étonnée de constater que ses dépenses sont moins élevées que celles qui avaient été prévues en 2005. «Mes deux filles sont grandes, elles ont moins besoin de leur mère, ce qui fait que mes dépenses sont plus en fonction de ma situation à moi», observe-t-elle.

L'aînée de 34 ans a fait un bac, la cadette de 30 ans a ouvert un petit restaurant. Maman en est bien fière, elle qui n'a pas eu la vie facile. «J'ai transmis du mieux que j'ai pu le message qu'elles devaient être autonomes.»

Elle s'est procuré en 2014 une petite voiture japonaise d'occasion, modèle 2010 - «une voiture très, très convenable», commente-t-elle. Elle s'offre un séjour tous les ans en Floride - l'hébergement ne lui coûte rien.

«Compte tenu de mon salaire, j'y vais selon mes capacités.»

Cette discipline opiniâtre avait déjà frappé la planificatrice qui avait étudié sa situation, en 2005. «J'ai beaucoup d'admiration pour elle, avait-elle dit. Elle se bat et veut arriver.»

«C'est sûr que je ne fais pas de folies, reconnaît Johanne. Je ne vais pas manger au restaurant.»

À part celui de sa fille.