«Pour financer notre forte croissance et racheter les actions de notre père, les prêts bancaires ne suffisaient plus. Nous avions besoin, ma soeur et moi, d'une injection de nouveaux capitaux.»

C'est en ces termes que Guillermo Alonso, président d'Alta Précision, raconte comment ils ont eu recours à l'industrie du capital de risque afin de poursuivre le développement de leur entreprise.

Alta Précision est une entreprise d'Anjou spécialisée dans les composants de train d'atterrissage, de moteur et de transmission pour l'industrie aérospatiale.

Ainsi, l'été dernier, une entente a été conclue avec Desjardins Capital de risque qui a investi 4 millions de dollars dans l'entreprise.

Cette alliance avec Desjardins a aussi amené des changements importants à la gouvernance d'Alta Précision. «Et cela est pour le mieux», assure Guillermo Alonso qui demeure, avec sa soeur, actionnaire majoritaire de l'entreprise.

Pour assurer le bon fonctionnement de l'entreprise, un comité de direction regroupant les principaux directeurs de services avait été mis sur pied il y a environ un an et demi. Il se réunissait périodiquement afin de donner un compte rendu des activités de la firme, qui emploie 85 personnes, et de planifier les actions futures.

«Mais conséquemment au partenariat avec Desjardins, nous sommes à mettre en place un vrai conseil d'administration en bonne et due forme», dit M. Alonso. Le CA comprendra cinq membres, dont quelques-uns de l'extérieur de l'entreprise. Desjardins aura un observateur qui ne participera cependant pas comme tel aux décisions du conseil.

«Cette opération modifie du tout au tout la gouvernance de notre entreprise, mais nous sommes à l'aise avec le fait que de bons administrateurs seront là pour challenger nos décisions et nous faire voir l'angle mort qui aurait pu nous échapper», ajoute M. Alonso.

De nombreux avantages

De plus en plus d'entreprises auraient avantage à faire appel au capital de risque, explique Marie-Claude Boisvert, chef de l'exploitation chez Desjardins Capital de risque.

Parce que les taux d'intérêt sont actuellement très bas, les dirigeants de PME ont tendance à augmenter leur endettement plutôt que de tenter d'augmenter l'équité de l'entreprise. «Ce n'est pas très bon, car celles-ci risquent, faute de capitaux, de rater les occasions d'acquisition qui pourraient se présenter ", dit Mme Boisvert.

Elle constate de plus que nos PME demeurent petites. Pour leur permettre de croître, la solution est de convaincre les entrepreneurs de partager l'équité.

Le Québec possède beaucoup de belles entreprises qui deviennent malheureusement des cibles d'acquisition pour des acheteurs étrangers, note Mme Boisvert. «Au Québec, trop de PME manquent de capitaux, dit-elle. C'est pourquoi elles devraient se tourner vers le capital de risque.»

La démarche à suivre

Faire appel au capital de risque ne veut pas dire nécessairement perdre le contrôle de son entreprise, bien au contraire, précise Marie-Claude Boisvert. Par exemple, Desjardins Capital de risque prend dans des entreprises des positions qui peuvent être aussi bien minoritaires que majoritaires.

Il faut donc bien préciser la transaction, et cela se fait à partir d'une vérification diligente de la part des deux parties impliquées, soit autant l'entrepreneur que celui qui injectera le nouveau capital.

Ensuite, il s'agira d'établir une convention d'actionnaires qui respectera les besoins et les ambitions de chaque partie. Cette convention peut inclure des clauses de rachat par les parties impliquées.

Une mise en garde s'impose. Les PME doivent bien comprendre que les partenaires en capital de risque ne fonctionnent pas tous de la même façon, explique Mme Boisvert. «Certains sont là pour quelques années seulement et voudront ensuite revendre leur investissement, alors que d'autres, comme Desjardins, sont plutôt là pour le long terme», dit-elle.

C'est aux entrepreneurs de déterminer ce qui leur convient.