Il existe une multitude de mesures incitatives pour motiver ses employés. L'argent en fait évidemment partie. Mais les augmentations salariales, voire les bonis à la performance et autres primes, ne devraient jamais avoir préséance sur le reste.

Selon Jacques Forest, professeur au département d'organisation et ressources humaines de l'ESG UQAM, il existe quatre grandes motivations au travail: le plaisir, la vocation, l'orgueil et l'argent. Les trois premiers se résument respectivement à l'amour du boulot, l'importance qu'on y accorde et au goût du dépassement.

«Quant à l'argent, ce n'est pas mal en soi, dit le psychologue et conseiller en ressources humaines agréé (CRHA). Mais quand ce type de motivation prend le dessus, ça devient néfaste. L'appât du gain génère davantage d'émotions négatives et apporte moins de satisfaction. En fait, l'argent est une forme de carburant, mais de mauvaise qualité. D'ailleurs, moins il y a de disparité salariale dans une entreprise, moins il y a de problèmes», explique Jacques Forest.

Par ailleurs, ajoute-t-il, trop de gens n'osent pas quitter un emploi dans lequel ils sont malheureux simplement pour des questions d'ordre monétaire. «Ces gens disent n'avoir aucune marge de manoeuvre dans l'exercice de leurs fonctions, dit le professeur Forest. À la limite, ils sentent qu'on se moque d'eux. Mais ils refusent de partir, car ils tiennent à leur bon salaire et à leur caisse de retraite généreuse.»

L'argent

Alain Gosselin, de HEC Montréal, croit que l'argent peut être un facteur déterminant à l'entrée, mais que cela ne devrait plus être le cas après l'embauche. Bref, l'argent ne devrait pas être un enjeu perpétuel. «Tu vas faire plus de millage avec d'autres types de récompenses que l'argent, par exemple la reconnaissance au quotidien ou l'encouragement», explique le professeur titulaire au Service de l'enseignement de la gestion des ressources humaines.

Il soutient que l'argent n'a pas le même effet motivateur pour tout le monde. «On ne peut pas tout mettre dans un chèque, dit-il. C'est un message impersonnel. Dans le domaine de la vente, les bonis et les primes sont des incontournables. Mais peu importe le secteur, il faut avoir une bonne approche d'évaluation et, surtout, éviter le favoritisme. Dans une PME en croissance, bien souvent le propriétaire va négocier des salaires à la pièce. Il va y avoir des iniquités. Les salaires vont demeurer secrets et ça va engendrer des frustrations.»

Pour savoir si une entreprise se situe dans la moyenne de ses semblables en matière de récompenses ou de qualité de vie, il y a des éléments qui ne mentent pas, croit Alain Gosselin. «On le voit par certains indicateurs comme le taux de roulement ou la faculté d'attirer et de retenir les gens», dit-il.

Geneviève Cloutier, associée rémunération et performance au cabinet d'actuaires-conseils Normandin Beaudry, partage l'opinion de ses deux collègues spécialistes en ressources humaines. L'argent motive peu et mal, dit en substance la CRHA.

Toutefois, il existe une motivation qui prend du gallon et à laquelle l'argent est associé indirectement: les vacances payées.

«C'est un phénomène en émergence. Les gens sont payés pour se reposer. Les études le prouvent: les meilleures récompenses sont celles où l'on favorise une expérience qui se partage avec d'autres gens. Dans le cas des vacances, ça se passe en famille, entre conjoints ou entre amis», explique Geneviève Cloutier.