Créer ou acheter une entreprise existante, telle est la question

Au Québec, les prochaines années risquent d'être cruciales pour des milliers de PME. Selon les données statistiques d'ici 2020, 98 000 entrepreneurs délaisseront leur entreprise pour profiter de la retraite. Derrière cette réalité, un constat inquiétant se dessine puisque seulement 60 000 personnes souhaiteraient reprendre le flambeau. L'idée de partir de zéro attire davantage la faveur des futurs entrepreneurs, mais est-ce la meilleure option ?

«Ça dépend de chaque personne et du type d'entreprise ", affirme Mylène Portelance, conseillère en démarrage et gestion d'entreprise au Carrefour jeunesse emploi d'Autray-Joliette.

D'un côté comme de l'autre, les formules présentent des avantages et des inconvénients. " Une entreprise existante possède déjà une image, une crédibilité, une clientèle et une rentabilité, dit-elle. Ces éléments font en sorte que ça peut être une bonne décision, mais il faut faire attention aux offres trop belles. »

Avant de choisir cette option, l'entrepreneur en devenir doit donc poser des questions au futur cédant. Parmi elles, les raisons de la vente, le nombre d'heures passées par semaine au travail, le nombre d'années investies et plus important encore, quels sont les revenus de l'entreprise.

Sur ce point, Mme Portelance lance un avertissement. " Ce n'est pas parce que l'on vous dit que ça vaut tant que c'est vrai. Il existe des évaluateurs spécialisés dans ce domaine et qui vont pouvoir donner la véritable valeur marchande de ce que vous voulez acheter. »

Frédéric Plante, enseignant et coach en lancement d'entreprise, constate d'ailleurs que c'est bien souvent la mise de fonds considérable nécessaire au rachat d'une entreprise qui pose le plus problème. " La plupart des gens intéressés n'ont pas l'argent à investir. Quand on crée sa PME, on monte les marches une à une, mais quand on part avec quelque chose d'existant, il faut déjà avoir monté toutes les marches. »

Option, devenir une relève

La solution pour contourner cette difficulté serait d'intégrer une entreprise à titre de relève et d'acheter tranquillement des parts. Marcel Thuot, 61 ans, président de Techno Diesel, fait partie de ces entrepreneurs qui ont laissé la chance à une relève de s'installer.

«Il y a quatre ans, nous avons acheté une nouvelle compagnie, dit-il. Nous avons une jeune relève à sa tête qui fait fonctionner le tout. Comme il fait ses preuves et y met du sien, nous lui léguons 5 % des parts par année. »

Cette formule ne règle cependant pas tout. S'intégrer demande à l'individu de s'adapter à la culture et à la vison de l'entreprise. Les employés doivent aussi accepter cette transition, ce qui ne serait pas toujours simple.

La réaction des clients est également à prendre en compte et leur fidélité n'est pas assurée. Démarrer à zéro est au contraire symbole de liberté et offre la possibilité d'exploiter un nouveau créneau sur le marché.

«Lorsqu'un entrepreneur part de rien, sa création correspond à ce qu'il a en tête, souligne Mme Portelance. C'est son bébé, il porte ses couleurs. Tranquillement, il apprend à devenir gestionnaire et monte sa clientèle. Ce n'est pas du tout le cas quand tout est déjà en place. »

Peu importe la solution retenue, un futur entrepreneur doit travailler dur pour réussir et avoir un tempérament qui supporte les risques.