Au Québec, les médias sociaux intéressent encore bien peu les PME. Ils sont pourtant un outil de marketing incontournable et relativement simple pour les entrepreneurs en quête de visibilité.

«On est une économie de PME, mais c'est difficile de trouver des exemples d'entreprises qui utilisent bien les médias sociaux», résume Stéphanie Kennan, présidente de Bang marketing et spécialiste du marketing pour les PME.

Au Québec, environ 30% des entreprises branchées à Internet sont présentes sur les médias sociaux, selon une enquête réalisée l'année dernière par l'Institut de la statistique du Québec. Ce pourcentage tombe à 23% pour les entreprises de 1 à 4 employés.

Comment expliquer ces chiffres? «Le manque de ressources», lance sans hésiter Mme Kennan. Et puis, «la moyenne d'âge des chefs de PME est très élevée, donc en partant, ce n'est pas une génération d'entrepreneurs très à l'aise avec le web», ajoute-t-elle.

Une étape à la fois

Pour s'y prendre, la PME doit d'abord embaucher un consultant pour encadrer sa démarche, croit Bruno Guglielminetti, directeur communication numérique chez National. «La première chose, c'est d'avoir quelqu'un qui connaît les plateformes, et encore plus important, quelqu'un qui connaît l'ADN de l'entreprise», soutient-il.

L'entreprise se doit d'écouter ce qui se dit à son sujet, et de voir comment «parle la concurrence». Elle peut par la suite choisir un média social qui lui convient le mieux. " Si c'est uniquement pour parler en temps réel avec la clientèle, Twitter peut être intéressant. Si on veut créer une communauté d'utilisateurs, on fait une page Facebook», affirme-t-il.

Mais ultimement, «l'idée, c'est de s'exposer, d'avoir un lien avec la clientèle», estime M. Guglielminetti.

Des responsabilités

Les médias sociaux viennent toutefois avec leur lot de responsabilités. «Il y a beaucoup de PME qui les ont adoptés, mais qui ne font pas grand-chose avec ou ne s'en occupent pas. Il n'y a rien de pire que ça», croit Stéphanie Kennan.

Ceci, la compagnie Les fermes Lufa l'a bien compris, croit-elle. Fondée en 2011 par le jeune entrepreneur Mohamed Hage, la PME a su, dès ses débuts, intégrer les médias sociaux à sa stratégie marketing. À défaut d'acheter de la publicité traditionnelle, elle a misé sur divers médias sociaux - Facebook, Twitter, Pinterest - pour "connecter" avec la communauté, ainsi que pour expliquer et démystifier l'agriculture urbaine.

Aux Fermes Lufa, les médias sociaux sont un engagement constant, explique Laurence Deschamps-Léger, chargée de projets responsable de la communication. «On prépare du contenu, mais ce qui prend du temps aussi, c'est d'interagir avec les gens», précise-t-elle.

Les déboires comme ceux qu'a connus Lassonde, le géant de l'alimentation dont la poursuite contre un plus petit joueur a provoqué la grogne des internautes l'année dernière, sont un rappel de la force des médias sociaux, estime Mme Kennan.

«Les réseaux sociaux viennent avec une responsabilité de veille, on ne peut pas abandonner la maison. Mais on ne contrôle pas non plus ce qui se passe là-dessus, donc dormir sur la switch, ce n'est pas une option», précise-t-elle.