L'innovation comporte des avantages pour les entreprises qui choisissent cette voie. Mais l'innovation peut également engendrer de graves conséquences si elle n'est pas bien gérée.

D'ailleurs, qu'entend-on par innovation? «Ç'a toujours été un élément déterminant dans la survie des entreprises, explique Josée St-Pierre, de l'Institut de recherche sur les PME de l'UQTR. Mais on lui donne de plus en plus d'importance. C'est donc devenu un terme fourre-tout. Selon l'OCDE, le mot innovation ne sert pas seulement à désigner des produits radicalement nouveaux. Ça touche aussi les procédés et les équipements, les façons de faire, de même que l'approche commerciale.»

«L'innovation doit faire partie d'une culture d'entreprise, dit Jean-François Ouellet, professeur de marketing à HEC Montréal. Ce ne peut pas être un one-man-show. Il faut que tout le monde soit mis à contribution. Et c'est ce qu'on voit dans les plus grandes entreprises innovantes (comme 3M ou Google) où les employés, les cadres, les collaborateurs, sont invités à partager leurs idées.»

Les avantages

Selon Josée St-Pierre, une entreprise qui réussit à innover est une entreprise flexible.

«Ça se traduit par une capacité de réaction rapide. Plus l'entreprise innove, plus elle est flexible», soutient-elle.

Les entreprises qui innovent ont de meilleurs résultats à moyen et à long terme, croit Jean-François Ouellet.

«À court terme, c'est plus difficile à cause des risques et des retombées qui se font attendre. Une innovation radicale peut prendre 12 ans avant de rapporter. Mais quand ça fonctionne, on en retire d'énormes bénéfices. On jouit entre autres de ce qu'on appelle «l'effet de pionnier»», dit-il.

«Et ça assure non seulement la position concurrentielle de l'entreprise, mais aussi sa survie, soutient Josée St-Pierre. La durée de vie des produits est réduite, la fidélité de la clientèle est mise à rude épreuve, l'ouverture des marchées amène plus de concurrence, il y a plus de produits disponibles. Tout ça fait en sorte qu'il est essentiel de se démarquer. Et pas besoin de modifier un produit, mais peut-être réduire son coût de production, changer la façon dont il est commercialisé, etc.»

À cet égard, Jean-François Ouellet cite quelques exemples.

«On peut innover dans son modèle d'affaires, croit le professeur. On prend un produit et on cherche une autre façon d'en tirer profit. Avant, par exemple, un producteur télé vendait son émission à un diffuseur qui, lui, allait chercher des profits avec de la publicité. Dans le cas de l'émission Les Chefs, le producteur fait de l'argent en s'associant à un commanditaire, dans ce cas-ci, Metro.»

Même chose dans le domaine de la musique, ajoute-t-il. «Madonna et Radiohead donnent leurs chansons sur l'internet, constate-t-il, mais vont chercher leurs profits en organisant des spectacles où le prix des billets est de plus en plus cher.»

Les inconvénients

Quant aux obstacles, aux inconvénients, bref aux risques liés à l'innovation, il en existe.

«L'innovation amène toujours l'entreprise vers de la nouveauté, affirme Josée St-Pierre. Or, dans un tel contexte, il y a des risques. S'il n'y a pas de culture de risque, il y a un danger. Les ressources-clés et les mécaniques de rétention sont des exemples d'une bonne planification des conséquences de l'innovation. La commercialisation peut être un autre obstacle. Quand on se concentre uniquement sur le produit et qu'on ne pense pas assez à sa commercialisation, ça peut être fatal.»

Innover lorsque cela ne comporte aucun avantage par rapport à ce qui existe déjà est sans doute la pire des erreurs, croit Jean-François Ouellet.

«Le nouveau Boeing 787 ne change rien aux yeux des consommateurs, mais il change les façons de faire dans l'industrie, dit-il. Il est fabriqué en matériaux composites et permet des économies de carburant. C'est là qu'il devient pertinent.»

Le professeur d'HEC Montréal invite d'ailleurs les entreprises innovatrices à la plus grande prudence.

«Il ne faut pas faire trop de compromis. Oui, ça bouleverse les choses et les façons de faire. Quand Chrysler a présenté sa Caravan ou sa PT Cruiser, tout le monde prédisait leur échec. Le constructeur est quand même allé de l'avant et a connu énormément de succès avec ces deux modèles. Le consensus en matière d'innovation, ce n'est pas une bonne chose», estime Jean-François Ouellet.

L'OPINION DE NOTRE ENTREPRENEUR

Alain Lemaire Président et chef de la direction de Cascades inc.

Quels sont les bénéfices de l'innovation pour l'entreprise? Il y a certainement de bons exemples de succès qui motivent à aller plus loin en innovation. En innovant, tu te crées une notoriété, une crédibilité. Tu peux rester en avant de la parade.

L'innovation amène beaucoup d'effets intangibles. Par exemple, nous avons mis au point quantité de produits écoresponsables. Ce facteur environnemental a une valeur, mais comment la chiffrer ? Quelles en sont les retombées économiques? On obtient un avantage concurrentiel, mais pendant combien de temps? Il y a tant d'impondérables Il ne faut pas avoir peur du risque. Il faut oser pour gagner.

Mais il y a des inconvénients à l'innovation: les risques, les coûts, par exemple.

Mais ne rien faire apporte à mon sens plus de risques et d'éventuelles pertes de compétitivité. Si tu ne fais rien, il est sûr que tu vas être condamné à rester un marginal qui va vivoter.