Les oeuvres de la céramiste Pascale Girardin ornent plusieurs établissements de luxe aux quatre coins du monde. Comme ces fleurs suspendues aux plafonds de l'hôtel Four Seasons Place à Shanghai ou au grand magasin Le Printemps Haussmann à Paris. Ou encore cette murale en céramique du club de golf Al Bahdia à Dubaï et ces cloisons ajourées de 500 pièces de céramique au restaurant Clément, situé dans l'hôtel Peninsula à New York.

Elles sont aussi installées à la maison Simons de Québec et au Casino de Montréal, tandis qu'on mange dans ses assiettes créées exclusivement pour les restaurants Laurie Raphaël et Toqué!

SANS FRONTIÈRE

Depuis près de 20 ans, Pascale Girardin s'est façonné un parcours sans frontière. « Mon terrain de jeu, c'est la planète », souligne cette artiste qui pensait devenir biologiste, en raison de son intérêt pour les plantes invasculaires comme les algues et les champignons. « Il n'y a pas tant de différence. La biologie et les arts, c'est très organique, très vivant, et ça demande d'être très curieux, » observe-t-elle. 

Après des études collégiales en sciences de la santé, Pascale Girardin entre à l'Université de Montréal en biologie. Un an plus tard, elle amorce son baccalauréat en arts visuels à l'Université Concordia. « Des amis, qui faisaient leur maîtrise en bio et connaissaient mon côté artiste, m'ont demandé si je me voyais injecter des rats et travailler dans des laboratoires », explique-t-elle.

Après ses études, elle parcourt le Mexique, l'Inde, l'Australie et autres pays du monde pendant deux ans. « Je n'étais pas encore mûre », dit-elle, en précisant que les 10 années ayant précédé l'implantation de son atelier en 1996 l'ont préparée à cette carrière.

MÉTIERS D'ART 

À son retour de voyage, au début des années 90, elle s'installe dans les Laurentides, à Saint-Sauveur, et suit une formation au Centre de céramique Bonsecours. Un programme de soutien au démarrage d'entreprise pour travailleurs autonomes lui permet d'obtenir un prêt de 5000 $ et une subvention de 1000 $. 

Elle se lance alors dans la production de vaisselle qu'elle vend dans les salons des métiers d'art et lors des expositions 1001 Pots à Val-David. Elle frappe aussi aux portes de boutiques montréalaises, qui lui offrent seulement de prendre ses oeuvres en consignation. « Elles achetaient de la vaisselle qui venait d'Europe, mais prenaient celles d'ici en consignation, en versant seulement un pourcentage des ventes. »

Son refus de se plier à ces exigences l'amène à New York, où elle réussit à vendre sa collection de vaisselle chez Felissimo, au coin de la prestigieuse 5Avenue. 

RENTRÉE NEW-YORKAISE

Puis, le célèbre restaurant Nobu lui commande des assiettes. Sa rentrée new-yorkaise, qui lui vaut même un petit article dans le New York Times, lui permet aussi de trouver sa clientèle cible. 

« Je ne pouvais pas vendre une assiette moins de 50 $, et j'ai réalisé qu'il y avait des clients même prêts à payer beaucoup plus cher. »

- Pascale Girardin, en parlant de ses débuts

Ses collections seront plus tard vendues dans les boutiques montréalaises Arthur Quentin et Holt Renfrew.

Parallèlement à sa production d'assiettes, Pascale Girardin se lance dans la création d'objets et d'oeuvres d'art qui tombent dans l'oeil du designer d'intérieur québécois Jean-Pierre Viau, qui a entre autres travaillé à la conception des restaurants Laurie Raphaël, Toqué! et Jun i. 

Leur collaboration lui permettra de réaliser des tuiles en céramique pour une murale du restaurant Soto de Mont-Tremblant, et la fera connaître auprès des grands chefs québécois qui lui commanderont des assiettes et de la vaisselle.

TALENT CRÉATEUR

Normand Laprise, chef-propriétaire du Toqué!, admire « son talent créateur tout en finesse et en pureté. C'est une artiste céramiste hors pair », souligne-t-il, en déplorant que la vaisselle utilisée dans les restaurants provient presque toujours d'ailleurs.

Ses nouvelles créations d'objets d'art l'amènent au Salon du design à Toronto, où l'agence de design intérieur Yabu Pushelberg, réputée dans le monde entier, tombe aussi sous le charme de ses oeuvres. 

Cette association lui a ouvert les portes du marché international, alors que ses installations et oeuvres d'art sont intégrées à l'architecture de nombreux projets menés conjointement avec cette firme torontoise qui a aussi un bureau à New York. 

En 2013, après avoir déménagé son atelier à Montréal, elle a d'ailleurs séjourné quatre mois en Chine pour l'installation d'un immense lustre, inspiré par la fleur du théier, au Four Seasons Hotel Pudong, à Shanghai.

BÂTON DE PÈLERIN

Les derniers mois ont toutefois été plus difficiles, avoue Pascale Girardin, alors que plusieurs projets ont été repoussés ou, pire, annulés. 

Mais la morosité économique ambiante n'est pas la seule à blâmer. « J'ai fait une erreur de débutante. Je tenais pour acquis que j'avais beaucoup de contrats, que les gens me connaissaient, et j'ai négligé mes présences dans des salons de design », dit celle qui a repris son bâton de pèlerin et se rend régulièrement à New York depuis un an.

Elle travaille aussi à de nouveaux projets, notamment une série de vases et de petits bancs, qui vise une nouvelle clientèle résidentielle. « J'avais de la demande, mais mes pièces étaient trop grosses », précise-t-elle. 

Elle compte également lancer bientôt une boutique en ligne qui offrira ses collections d'assiettes réalisées pour les grands restaurants.

PASCALE GIRARDIN EN UN COUP D'OEIL

FONDATION : 1996

ATELIER DE CÉRAMIQUE ET DE DESIGN SPÉCIALISÉ DANS LA CRÉATION DE VAISSELLE, OBJETS D'ART, INSTALLATIONS ET OEUVRES D'ART INTÉGRÉES À L'ARCHITECTURE

SIÈGE SOCIAL : MONTRÉAL

NOMBRE D'EMPLOYÉS : 3