La nouvelle cohorte d'entrepreneurs québécois innove dans la façon de démarrer des entreprises, de les gérer et de les faire évoluer. Christian Bélair, président du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ), nous fait part de ses observations.

Q Quelles sont les forces des jeunes entrepreneurs québécois en 2014?

R Depuis environ deux ans, on sent une philosophie de codéveloppement et de transparence entre eux. Ils échangent sur leurs problèmes, affichent leurs défis à venir et s'entraident de plus en plus. Avant, les gens s'occupaient uniquement de leur entreprise et avaient l'impression qu'ils faisaient preuve de faiblesse en parlant de leurs difficultés. Aujourd'hui, les entrepreneurs s'entourent de bonnes têtes, au lieu de travailler seuls en imaginant posséder toutes les compétences. Ils recrutent plusieurs diplômés en ingénierie, en droit, en finance ou en TI, qui possèdent une formation de qualité. Par exemple, quand une start-up veut obtenir un capital de risque, l'entrepreneur utilise des contacts bien placés en finance pour le guider dans le processus. Il parle directement à quelqu'un du milieu, au lieu de prendre plusieurs années pour s'y rendre.

Q Comment se démarquent-ils des entrepreneurs des générations précédentes?

R Les jeunes leaders n'ont pas peur de travailler avec toutes les générations. Ils veulent bénéficier de l'expérience de quelqu'un de plus âgé et des nouvelles connaissances d'un jeune diplômé d'université, qui en sait plus sur un sujet et qui va pouvoir stimuler leurs idées. Il n'y a pas de barrière d'âge. L'idée est de reconnaître nos forces et nos faiblesses, et d'aller chercher des gens compétents pour nous aider.

Q Gèrent-ils leurs entreprises différemment?

R Oui, au lieu de tout miser sur la hiérarchie, les jeunes entrepreneurs sont là pour inspirer les membres de leur équipe. Ils sont des leaders que les autres voudront suivre. Ils misent beaucoup sur l'idée de partager des valeurs et de construire un environnement de travail où les gens se sentent bien. Que ce soit en organisant des équipes sportives ou des événements d'entreprise, l'esprit de communauté est très important.

Q À quel âge se lancent-ils en affaires?

R Les premiers essais de lancement d'entreprise se font généralement durant la vingtaine, entre la fin des études et l'entrée sur le marché du travail. On voit les jeunes entrepreneurs dans les colloques et les événements de start-ups pour trouver des partenaires et leurs premiers clients. Ça prend souvent deux ou trois essais avant que ça fonctionne. Leur situation se consolide aux alentours de 30 ans et le deuxième cycle de croissance d'une entreprise arrive durant la trentaine.

Q Se retrouvent-ils dans des secteurs innovants?

R Oui, dans les nouvelles technologies, l'environnement, l'optimisation des processus et dans l'industrie créative, qui connecte la culture et le développement, comme Moment Factory ou DIX au carré.

Q Que doivent-ils encore améliorer?

R Depuis deux ans, on observe un boum de l'entrepreneuriat et une plus grande tolérance au risque. Mais il faut oser entreprendre plus rapidement, sans que le produit soit parfait dès le début. On peut se permettre de corriger certains petits problèmes en cours de route, en travaillant avec nos clients. Souvent, on peaufine trop longtemps, au risque de se faire dépasser par la concurrence. Je pense aussi qu'on pourrait utiliser encore plus les nouvelles technologies pour augmenter la productivité, comme les systèmes CRN et IRP, qui offrent des solutions de gestion abordables. On doit également faire revenir les Québécois qui se sont exilés pour les impliquer dans les start-ups et aller chercher des talents à l'extérieur.