Deux anecdotes de Lise Watier, deux leçons. La femme d'affaires montréalaise a fondé l'Institut Lise Watier en 1968, et l'entreprise de cosmétiques homonyme en 1972. Elle a quitté la présidence de cette dernière en 2013.

Raison

Lise Watier lançait son entreprise. Elle s'était trouvé un chimiste et un petit laboratoire. Il avait mis au point la crème dont elle rêvait et il venait de terminer la toute première production. «Je lui ai demandé combien cette production représentait de petits pots. Il m'a dit: «Cent quarante-quatre pots.»J'ai dit: «C'est beaucoup trop! Pouvez-vous m'en faire 72?» J'étais très raisonnable dans mes projections.»

Le catalogue de l'entreprise compte maintenant 450 références de produits. Au cours des dernières années, la croissance a avoisiné 15% par année. Et Mme Watier est demeurée raisonnable.

«Je pense que la croissance s'est toujours effectuée avec les moyens qu'on avait. On n'a pas eu de hauts incroyables suivis de chutes. La croissance a quand même toujours été contrôlée, selon nos capacités.»

Après 42 ans, la maison Lise Watier compte davantage de points de vente qu'il y avait de petits pots lors de la première production: plus de 1500.

C'est la première leçon: même si on voit grand, il faut une progression raisonnée.

Folie

En 1993, Lise Watier s'est réveillée avec une vision: un parfum qu'elle appellerait Neige.

L'idée a laissé froid tout son entourage. Il n'y a rien de capiteux dans les cristaux glacés.

«Mon directeur général m'a suggéré de lancer un concours dans l'entreprise pour trouver un meilleur nom. Je leur ai expliqué que Neige, c'est joyeux, c'est féerique, ça brille...»

Vingt ans plus tard, Neige caracole toujours en tête des ventes de parfum au Québec, et se maintient dans les cinq premières places au Canada. Il demeure le produit le plus rentable de l'entreprise.

«Je pense que l'entrepreneur a toujours de la folie sous la surface, et je pense qu'il faut aller au bout de ses folies, conclut Mme Watier. À moins que ça ruine l'entreprise, bien sûr», corrige-t-elle.

C'est la seconde leçon: la croissance se bâtit aussi à coups d'intuitions bien fondées et de patiente détermination.

Il faut du toupet. Même s'il demeure impeccablement coiffé.