La baisse de la valeur du huard par rapport à celle du billet vert américain commence à profiter aux fabricants québécois, constate Audrey Azoulay, directrice, affaires publiques et relations gouvernementales, chez Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ).

La preuve? Le produit intérieur brut manufacturier québécois a grimpé de 1,4 milliard de dollars par rapport au mois précédent.

«Ça ne s'est pas concrétisé tout de suite, mais il semble que la baisse du dollar commence à faire son effet, dit-elle. On voit qu'il y a un retour dans le secteur manufacturier. Ça nous fait souffler un peu parce que ç'a été moins facile au cours des dernières années.»

Une nouvelle donne

Attention, souligne toutefois la nouvelle porte-parole de MEQ. La baisse du dollar canadien ne signifie pas que les exportations en direction des États-Unis seront aussi faciles qu'elles l'étaient dans les années 80 ou 90.

«Auparavant, le dollar était tellement faible que notre productivité ne s'assoyait que là-dessus, raconte Audrey Azoulay. Maintenant, la Chine fait partie de l'Organisation mondiale du commerce [OMC], et des pays désormais de moins en moins émergents nous font concurrence dans la production de différents produits.»

Ainsi, même si le dollar avoisine ces jours-ci les 91 cents US et que sa remontée n'est pas anticipée à court terme, les exportateurs canadiens ne l'auront pas plus facile, souligne-t-elle.

«Même si le dollar baisse encore, ça ne va pas changer notre compétitivité face à une concurrence internationale qui est de plus en plus virulente», précise Mme Azoulay.

Il ne faudra pas compter, non plus, sur le phénomène de rapatriement de certaines usines aux États-Unis, connu sous l'appellation de «reshoring», pour relancer les exportations de sous-traitants québécois, dit-elle.

«Le phénomène ne va pas être déterminant sur toute la ligne industrielle américaine, affirme-t-elle. Les entreprises doivent rester proches de leurs marchés.»

Marchés stratégiques

Si les entreprises québécoises ont délaissé un peu le marché des États-Unis au cours des dernières années, le géant américain reste quand même au coeur des visées de nos exportateurs.

«Même si on encourage les exportations partout dans le monde, il y a deux marchés qui demeurent stratégiques: les États-Unis et l'Europe, affirme Mme Azoulay. Il y a encore plusieurs États américains dont le marché reste à développer et qui représentent de belles occasions pour les entreprises québécoises.»