Construiriez-vous une maison sans plan? Pourtant, la majorité des gens bâtissent leur avenir financier sans trop savoir comment ils vont y parvenir.

À peine 16% des Québécois ont un plan financier écrit, selon un sondage SOM réalisé l'an dernier pour Desjardins.

«On peut passer des heures à magasiner des achats importants comme une voiture, mais on accorde très peu de temps à nos finances, constate Angela Iermieri, planificatrice financière au Mouvement Desjardins. C'est important d'avoir un plan pour savoir où on s'en va et pour s'ajuster en cours de route.»

Faire un budget

Mais d'abord, il faut faire son budget. «C'est comme prendre une photo de nos finances pour déterminer où on en est, explique Carl Thibeault, vice-président Québec aux Services financiers Groupe Investors. Ça se pourrait qu'on n'aime pas ce qu'on voit, mais toute progression commence par la vérité.»

Plusieurs institutions financières et organismes proposent des modèles et des outils pour le faire. L'exercice permet de savoir combien on peut mettre de côté. Il aide aussi à déterminer quelles habitudes changer pour épargner davantage sans que ce soit trop pénible.

Cette «photo» devrait également comprendre une liste des actifs et des dettes. La valeur de la maison pourrait éventuellement être utilisée pour rembourser des emprunts dont le taux d'intérêt est plus élevé, par exemple.

Fixer des objectifs

Ensuite, c'est le moment d'imaginer votre avenir en fixant des objectifs à court, moyen et long termes. C'est aussi l'occasion d'en parler avec votre conjoint pour vérifier si vous avez les mêmes!

De plus, certains objectifs sont certainement plus urgents ou vous tiennent davantage à coeur. Il faut donc établir vos priorités. «Il faut faire la différence entre ce qu'on veut et ce dont on a besoin», souligne Mme Iermieri.

Faire un plan

Prochaine étape: déterminer comment y arriver. Le planificateur financier peut alors être d'un grand secours. On s'imagine souvent à tort que son rôle est d'aider à prévoir la retraite. En fait, il est beaucoup plus large que cela. Pour réaliser un bon plan, d'autres éléments devraient être pris en considération: les aspects juridiques, l'assurance et la gestion des risques, les finances, la fiscalité, les placements et la succession. Le planificateur financier pourra proposer différents scénarios et produits pour répondre à vos objectifs.

«Certains croient inutile de rencontrer un planificateur financier, parce qu'ils disent n'avoir rien à placer, souligne André Lacasse, planificateur financier aux Services financiers Lacasse. Mais c'est faux.» Il pourra vous conseiller et vous aider à voir clair dans vos finances. Peut-être y dénichera-t-il même de l'argent à investir!

M. Lacasse recommande d'apporter différents documents: votre budget, votre bilan, votre déclaration de revenus, vos relevés de placement, vos polices d'assurance et un relevé de paie.

Mettre en oeuvre

Quelques détails peuvent également aider à la mise en oeuvre du plan. Tout d'abord, opter pour les prélèvements automatiques. Ainsi, on évite les oublis, et les placements risquent d'être moins affectés par le marché.

Ensuite, assurez-vous que vos objectifs soient réalistes. Dans le cas contraire, vos bonnes résolutions pourraient tomber à l'eau rapidement. Enfin, il est préférable de se laisser une certaine marge de manoeuvre pour les imprévus ou les petites fantaisies. Un budget trop serré peut devenir lourd à la longue.

Réviser

Faire un plan, c'est bien, mais le réviser régulièrement, c'est beaucoup mieux. Les spécialistes recommandent de le faire annuellement ou dès que survient un changement important comme une grossesse, un déménagement, une séparation, un nouvel emploi, etc.

«C'est comme un pilote d'avion qui veut partir de Toronto pour se rendre à Tokyo, illustre M. Thibeault. Il doit fournir un plan de vol. Mais sur une distance aussi longue, les probabilités qu'il le respecte totalement sont pratiquement nulles. Un plan financier, c'est la même chose, il faut l'ajuster en cours de route.» Sinon, il est fort possible que vous n'atteigniez jamais votre destination!

ÉPARGNE ET CYCLE DE VIE



Progression du revenu



25-30 ans (Acquisition de biens durables)


Épargne 5 %

Dette et habitation 20 %

Consommation 35 %

Impôts 40 %

31-35 ans (Naissance des enfants, maternité, gardienne)

Épargne 2 %

Dette et habitation 18 %

Consommation 40 %

Impôts 40 %

36-45 ans (Études primaires et secondaires)

Épargne 5 %

Dette et habitation 25 %

Consommation 30 %

Impôts 40 %

46-50 ans (Études post-secondaires)

Épargne 10 %

Dette et habitation 15 %

Consommation 35 %

Impôts 40 %

51-60 ans (Départ des enfants)

Épargne 25 %

Dette et habitation 10 %

Consommation 25 %

Impôts 40 %

PRÉPARER SON PLAN EN TROIS ÉTAPES

1.Établir sa valeur

Vos actifs

Argent comptant, comptes bancaires, placements, assurance vie (valeur de rachat), régime de pension, voiture, maison, objets de valeur, autres

Vos passifs

Soldes des cartes de crédit, prêts et marges de crédit, impôt à payer, autres dettes



2. Faire son budget


Revenus

Salaire net, revenu d'un travail autonome, placements, revenus locatifs, régime de pension, pension alimentaire, autres

Dépenses

Loyer ou hypothèque, assurances, impôt foncier et taxe scolaire, électricité, téléphone, câble, internet, épicerie, vêtements, meubles, transport, études, garderie, frais médicaux, soins personnels, loisirs, autres



3. Fixer des objectifs


Objectifs à court terme, moyen terme (un à trois ans) et long terme (plus de trois ans)

Coût approximatif, durée de l'épargne, coût par mois

Source: Agence de la consommation en matière financière du Canada