Faute de revenus suffisants, un Canadien sur cinq envisage de travailler jusqu'à la fin de ses jours. Ce constat provient d'un sondage effectué par la Banque HSBC en septembre dernier.

Comment éviter de faire partie de cette statistique si on a 30, 40 ou 50 ans? «L'épargne doit devenir un mode de vie. C'est la seule façon d'y parvenir si on veut bien préparer sa retraite», dit Gaétan Veillette, fellow administrateur agréé et planificateur financier au Groupe Investors.

La fiscaliste Josée Jeffrey, de Focus Retraite, va plus loin en prêchant pour une épargne obligatoire et systématique. «Dès qu'on reçoit une paie, il faut s'imposer de mettre un montant de côté. Par la suite, on paie nos dettes et autres dépenses courantes.»

Les spécialistes recommandent d'économiser de 10 à 15% de son salaire annuel. «Trop de gens commencent à épargner à l'âge de 45 ans», déplore Mme Jeffrey.

«Si Monsieur Tôt, 30 ans, met 200$ de côté par mois dans un REER [régime enregistré d'épargne-retraite], il aura accumulé un capital de 143 707$ à 65 ans en tenant compte d'un rendement de 4%. En comparaison, Monsieur Tard, qui commence le même exercice à 45 ans, aura ramassé 79 795$ dans 20 ans.»

Il est préférable d'investir par la suite les économies fiscales dans les différents régimes d'épargne.

Prévoir une échéance

Lors de la planification de la retraite, il est important de se fixer une échéance. «Les gens ont besoin de connaître une date où ils ne seront plus dans l'obligation de travailler tous les jours», indique François Morency, conseiller financier.

De plus, plusieurs doivent songer à leurs projets. «Certains vont entreprendre du bénévolat ou pratiquer leur activité préférée, comme le golf, le ski ou l'ébénisterie», énumère M. Morency.

Une fois les buts précisés, on peut mieux évaluer les besoins financiers. Règle générale, les gens doivent s'attendre à vivre avec 70% du salaire des cinq dernières années. «Cela signifie une baisse de revenus de 30%. Imaginez votre salaire brut de 50 000$ et il ne vous reste plus que 24 000$ après impôts», précise-t-il.

De plus, les préoccupations monétaires sont bien différentes entre les travailleurs qui ont accès à un régimede pension de leur employeur et ceux qui doivent compter sur leur propre épargne.

«Actuellement, les gens qui ont accès à un régime de pension agréé [RPA] ont droit à un crédit d'impôt au fédéral de 2000$ en prenant leur retraite. En contrepartie, les travailleurs autonomes ou chefs d'entreprise qui n'ont pas de fonds de pension n'ont même pas droit à ce crédit avant l'âge de 65 ans», affirme Gaétan Veillette, qui dénonce cette iniquité fiscale.

Vaincre l'endettement

Avant la retraite, les planificateurs financiers préconisent le remboursement des dettes. «Plusieurs de mes clients utilisent une marge de crédit hypothécaire pour effectuer des rénovations sur leur résidence. C'est un produit pernicieux qui ressemble à une boîte de Pandore. On commence par des rénovations, puis on ajoute un voyage et d'autres achats», souligne M. Morency.

Josée Jeffrey constate le même phénomène. «Certaines personnes de 65 ans arrivent à la retraite et elles doivent 100 000$ sur leur marge hypothécaire», observe-t-elle.

Une retraite sereine à l'abri des soucis financiers se planifie. «Personne ne veut faire une épicerie à 65 ans avec une calculatrice à la main en supprimant des aliments de luxe comme les crevettes ou le homard», illustre M. Morency.

«Un plan de retraite, ajoute Mme Jeffrey, doit s'ajuster selon les événements de la vie, dont un divorce ou une perte d'emploi.»

Un fonds d'urgence équivalant à un salaire de trois à six mois est nécessaire. «De cette façon, en cas d'imprévu, les gens n'ont pas besoin d'aller puiser dans leur REER ou leurs économies», conclut-elle sagement.