Alors que l'endettement des consommateurs canadiens augmente, les taux de cotisation aux régimes enregistrés d'épargne-retraite (REER) reculent. En 2013, est-ce toujours une bonne idée de maximiser ses contributions REER?

Avant de prendre sa décision, la personne doit tenir compte de plusieurs facteurs, à commencer par le revenu. «Si mon revenu dépasse 35 000$ et que j'estime qu'à la retraite, mes revenus vont être plus bas, le REER va s'avérer un très bon véhicule», estime le planificateur financier Martin Dupras, président de ConFor Financiers.

En revanche, une personne ayant un revenu plus modeste aurait avantage à considérer d'autres options, comme le compte d'épargne libre d'impôt (CELI). Depuis 2009, tous les épargnants de 18 ans et plus peuvent cotiser à un tel compte, dont le revenu généré est à l'abri de l'impôt. Pour 2013, la cotisation maximale s'élève à 5500$.

Le CELI peut s'avérer plus avantageux que le REER notamment pour les personnes qui, une fois retraitées, pourraient perdre le supplément de revenu garanti (SRG) avec un retrait du REER. «Il y a des clients qui paient 78% d'impôts sur des montants retirés de leur REER, lorsque l'on additionne leur taux marginal d'imposition de 28,5% à la perte du supplément de revenu garanti de 50%", précise Maxime Lamoureux, planificateur financier au Groupe Investors.

Maximiser un CELI permet, en outre, d'éliminer de l'impôt pour ceux qui ont plusieurs sources de revenus. «Certaines personnes âgées ont de vieilles rentes de fonds de pension ou des revenus de duplex. Elles ont de l'épargne dans un compte bancaire qui s'ajoute à tous les autres revenus. Donc, elles se retrouvent souvent avec des surprises fiscales», souligne le conseiller Fabien Major, associé principal chez Major gestion privée.

D'autres catégories de contribuables ont intérêt à ne pas cotiser à un REER tout de suite afin de ne pas se retrouver dans une situation précaire: les travailleurs autonomes et les jeunes en début de carrière. «On utilise le CELI et, quand on a des réserves dans le CELI, on les transfère dans le REER», propose M. Major.

Quoi rembourser en premier?

La conciliation entre le remboursement des dettes ou de l'hypothèque et l'investissement dans les REER n'est pas toujours facile. Que doit-on faire en premier? «Tout ce qui est dette de consommation et carte de crédit à taux d'intérêt élevé, il faut éliminer ça au plus tôt», affirme d'emblée M. Lamoureux.

Pour les célibataires ou les couples sans enfant, il suffit d'appliquer une équation mathématique, explique-t-il. Dès que le taux d'intérêt payé sur la dette est supérieur au rendement potentiel du REER ou des placements, le client doit privilégier le remboursement de la dette. Dans le cas inverse, il serait avantageux d'investir.

Par ailleurs, une personne ayant un taux d'imposition élevé aura avantage à mettre l'accent sur le REER plutôt que sur le remboursement de son hypothèque puisque la cotisation au REER entraîne une économie d'impôts importante.

«Elle peut mettre ses remboursements d'impôt sur l'hypothèque ou les réinvestir dans son REER l'année suivante», propose Maxime Lamoureux.

La discipline entre également en jeu, pour le meilleur ou pour le pire. «Il y a beaucoup de Québécois pour qui le remboursement de la dette est une priorité. C'est une approche saine, mais le risque, c'est que, par exemple, pendant 12 ans, je rembourse très vite mon hypothèque. Au bout de cette période, je fais une pause, et là, je me rends compte que je n'ai pas contribué au REER», souligne Martin Dupras.

Toutefois, avec les taux d'intérêt à un creux historique cette année, les acheteurs seront sans doute moins enclins à rembourser leur hypothèque à vitesse grand V et plus portés à investir dans les REER.