La stratégie d'investissement d'un épargnant évolue au fil du temps et des changements dans sa vie personnelle et professionnelle. Qu'est-ce qui change, habituellement, vers 65 ans? L'approche sera-t-elle différente si on travaille?

«Tant qu'on ne décaisse pas, on peut se tourner vers des placements un peu plus volatils», explique Denis Jacques, planificateur financier au Groupe Ethika, en Montérégie. Ça permet de combattre l'inflation et d'avoir de meilleures chances d'obtenir un bon rendement sur ses investissements.

Les personnes qui continuent à travailler après 65 ans, par exemple, peuvent généralement attendre avant de décaisser, ou ne retirer que de petites sommes, puisqu'elles peuvent compter sur leur salaire pour vivre.

Cela leur permet donc de choisir une stratégie d'investissement un peu plus axée sur la croissance. C'est encore plus vrai pour ceux qui comptent travailler pendant des années encore.

Les personnes qui se retirent du marché du travail à 65 ans, elles, ont avantage à opter pour une stratégie un peu plus prudente. Comme elles se fient uniquement à leurs investissements pour générer leur revenu de retraite, elles doivent protéger une partie de leurs placements des fluctuations à court terme.

«Mais encore, il faut se rappeler qu'à 65 ans, que l'on travaille ou pas, on aura des placements pour encore près de 20 ans», dit Denis Jacques. Il est donc préférable d'éviter de prendre une stratégie trop sécuritaire dans les deux cas, sans quoi un épargnant se privera de bons rendements à long terme.

Naturellement, les détails de la stratégie d'investissement seront différents en fonction du profil d'investisseur de chaque personne, soit leur tolérance au risque et leur horizon de placements.

Mais un bon point de départ pour quelqu'un qui ne travaille plus, c'est de mettre l'argent nécessaire pour vivre durant une année dans des investissements très sécuritaires, estime M. Jacques. Ils peuvent avoir, par exemple, une composante de 20% d'actions et de 80% d'obligations. Le reste peut être investi en actions, dans un fonds équilibré.

«Dans les marchés canadiens, les baisses durent en moyenne de 13 à 14 mois. S'il advient une baisse, on peut donc retirer ses placements sécuritaires pour vivre en attendant que le marché remonte. On n'a pas besoin de liquider ses placements plus volatils au moment où ils ont perdu de la valeur.»

Sylvain B. Tremblay, vice-président du conseil d'administration de l'Institut québécois de planification financière, estime lui aussi qu'il faut éviter de craindre la volatilité à l'excès.

«Il y a quelques années, on disait que la proportion d'obligations dans son portefeuille devait être égale à son âge. C'est archi faux, surtout aujourd'hui, avec des taux d'intérêt très bas qui ne couvrent pas, ou à peine, le coût de la vie», dit Sylvain B. Tremblay.

Le bémol

Malgré tout, il arrive que les retraités doivent se montrer moins prudents dans leurs investissements que les personnes qui travaillent toujours, explique Sylvain B. Tremblay.

C'est le cas lorsque les retraités ont accumulé relativement peu d'épargne. Comme ils n'ont plus de salaire, ils doivent tabler davantage sur le rendement pour compléter leurs revenus de retraite.

«Dans le cas d'une personne qui a besoin de rendement, je conseillerais un portefeuille avec 40% d'obligations et le reste en actions. Mais il ne faut pas non plus se lancer dans des investissements très risqués comme les penny stocks», dit Sylvain Tremblay.

Au final, les deux experts estiment qu'il est avantageux pour la plupart des investisseurs de mettre de côté leur crainte excessive de la volatilité. Pour y arriver, ils doivent simplement mieux comprendre le risque.

«C'est comme quand on était petits, raconte Denis Jacques. On avait peur, le soir, dans notre lit. Mais nos parents, eux, n'avaient pas peur, car ils avaient un bagage de connaissances. Ils savaient que les loups ne se cachent pas dans les garde-robes. C'est pareil pour le risque.»

Entre le REER et le CELI

Plusieurs personnes à l'approche de la retraite choisissent d'investir dans les REER parce qu'elles ont besoin du remboursement d'impôt pour subvenir à leurs besoins. Mais après 65 ans, si une personne n'a pas besoin du remboursement d'impôt, parce qu'elle travaille, par exemple, il est peut-être plus avantageux pour elle de choisir le CELI.

«On a parfois des gens qui ont un revenu de retraite annuel de 35 000 à 40 000$. Et là, ils décident de retirer 10 000$ pour faire un voyage. Si cet argent-là est dans les REER, ça leur coûtera cher parce qu'ils vont passer au palier d'imposition supérieur», dit Denis Jacques, planificateur financier au Groupe Ethika.

Il recommande aux gens de 65 ans et plus de faire appel au CELI le plus possible. Selon lui, cet outil est sous-utilisé.