Le Plan Nord a connu plusieurs moutures depuis son lancement en grande pompe, en 2011. Deux ans après la création de la Société du Plan Nord, quel bilan peut-on dresser ? Le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, responsable du Plan Nord, fait le point.

Pierre Arcand est satisfait des avancées du « chantier d'une génération ». « Notre bilan est très positif. Lorsqu'on a lancé le Plan Nord, c'était en réaction à des investissements miniers très importants qui étaient soudainement apparus. Nous n'étions pas prêts à faire face au défi de l'organisation. » 

La création de la Société du Plan Nord (SPN) et les différents investissements qui ont été réalisés ont permis au gouvernement de se préparer.

« Alors qu'on assiste aujourd'hui à une reprise importante des projets miniers, on est beaucoup mieux organisés pour faciliter cette relance. »

Questionné sur les retombées concrètes de la SPN, le ministre souligne la création de plus de 7000 emplois et le fait que la Société compte des antennes régionales, où se retrouvent au moins 40 % des employés.

L'élément clé de son discours concerne toutefois un projet récent : la Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire. « Le port de Sept-Îles avait un problème depuis nombre d'années. Une minière avait un pouvoir de nuisance. On a réglé cette situation par l'acquisition stratégique de terrains au coût de 100 millions. Il n'y aura plus de chicane entre les compétiteurs, les sociétés auront toutes un accès égal. On voit déjà des signes de relance de ce côté-là. »

Pierre Arcand assure par ailleurs que les 50 milliards d'investissements promis d'ici 2035 seront au rendez-vous. « On est encore loin de l'échéancier et on est rendu à 16 milliards, selon les chiffres du ministère des Finances. » 

Rappelons que le gouvernement a rajusté en 2015 les objectifs initiaux du Plan Nord, qui visait à l'origine 80 milliards.

« PLUSIEURS PROJETS »

Le ministre insiste sur le fait que de nombreux projets sont dans le collimateur. Il évoque notamment l'inauguration de la mine de diamant Stornoway, qui « inclut non seulement une infrastructure routière, mais qui permet également à plusieurs autres projets de se développer dans la région ».

Il parle également de l'investissement de 175 millions du gouvernement, « à la fois sous forme de prêt et de capital-actions pour relancer les mines dans la région de Schefferville » en collaboration avec Tata Steel.

Québec consacrera aussi 35 millions à l'amélioration des télécommunications dans le Nord, que ce soit à la Baie-James, au Nunavik ou sur la Basse-Côte-Nord. « C'est un élément très important pour moi parce que le Plan Nord, ce n'est pas juste des mines », précise Pierre Arcand.

Plus de 200 millions seront en outre dépensés dans les cinq prochaines années pour améliorer la route de la Baie-James, puis la 138 de Kegaska à Blanc-Sablon.

ENTHOUSIASME À SEPT-ÎLES

Le président du conseil d'administration de la Chambre de commerce de Sept-Îles ne peut qu'être d'accord avec Pierre Arcand. « La SPN a créé des conditions gagnantes pour le développement des projets des prochaines années, estime Steeve Chapados. Elle fait preuve de beaucoup d'initiative, notamment sur le plan des infrastructures. Elle a aussi le mandat d'accompagner les promoteurs pour le volet économique et elle le fait bien. »

La Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire a l'aval de M. Chapados. « C'est un véritable coup de maître de réussir à asseoir des entreprises qui ont des intérêts différents pour gérer le projet avec la SPN. »

DÉCEPTION À PORT-CARTIER

Si Sept-Îles est sur une lancée, le constat est tout autre à Port-Cartier. « En décembre 2015, l'abandon du projet FerroQuébec a donné un très dur coup à notre municipalité, explique la mairesse, Violaine Doyle. On est sûrs qu'il y a eu un manquement sérieux de la part du gouvernement. C'est un échec magistral. »

Mme Doyle ne sent pas du tout que le Plan Nord progresse. « On n'a pas l'écoute de la machine du Plan Nord. Il faudrait s'assurer que la SPN, qui n'a aucun employé à Port-Cartier, se colle à la réalité du milieu. Son plan stratégique doit être ajusté et se moduler aux soubresauts de l'industrie minière. Actuellement, c'est pensé à Québec et ça ne reflète pas notre réalité. »