Les villes de la Côte-Nord accueillent favorablement la volonté du gouvernement du Québec de relancer le Plan Nord. Toutefois, échaudées par l'expérience des dernières années, elles veulent avoir leur mot à dire sur le développement de leur région.

«Notre message : Mettez-nous dans le coup ! Nous ne sommes pas un garde-manger dans lequel on peut venir piger sans rien mettre en place», laisse tomber Réjean Porlier, maire de Sept-Îles.

Sept-Îles a subi de plein fouet les dommages collatéraux de la chute du prix du fer ces derniers mois : fermetures d'usines, ralentissement et arrêt de la production de mines environnantes, pertes de plusieurs centaines d'emplois.

Réjean Porlier, qui constate la « morosité » de sa ville, perçoit néanmoins d'un bon oeil la relance du Plan Nord. Toutefois, cette fois-ci, le gouvernement et les entreprises devront considérer les préoccupations des Nord-Côtiers, dit-il.

«Le premier Plan Nord, c'étaient les prix des minéraux qui avaient explosé, et on voulait faire vite ; on a développé en allant dans tous les sens et,finalement, il y a eu beaucoup de déceptions», dit-il.

Le Plan Nord de l'actuel gouvernement est moins ambitieux que celui présenté par son prédécesseur, certes, «mais les objectifs sont plus concrets», dit-il, citant en exemple les initiatives pour approvisionner la région en gaz naturel.

Réalités et impacts du développement

Son de cloche similaire de la part de la mairesse de Port-Cartier, Violaine Doyle. La région doit se faire entendre. Actuellement, aucun fonctionnaire responsable du Plan Nord n'est installé sur la Côte-Nord.

Les municipalités de la région doivent être les premières bénéficiaires du développement économique, ce qui n'a pas été le cas lors de la première mouture du Plan Nord, indique-t-elle. «Nous sommes le mieux placés pour parler des réalités et des impacts de ce développement», dit-elle.

Elle cite l'exemple des travailleurs non-résidents, phénomène qui a eu pour effet d'augmenter le fardeau des taxes foncières des Portcartois. La Ville a dû développer des infrastructures, mais le nombre de contribuables n'a pas suivi. Au contraire, la population permanente a chuté de 500 résidants entre 2003 et 2013.

À l'instar du maire de Sept-Îles, son message est on ne peut plus clair : la Côte-Nord ne peut plus être considérée comme un «réservoir de ressources naturelles où tous pigent allègrement, et très souvent de façon désordonnée».

Une Société du Plan Nord située sur la Côte-Nord?

Afin d'avoir voix au chapitre dans le développement de leur région, les villes les plus importantes de la Côte-Nord -Sept-Îles, Port-Cartier, Baie-Comeau -espèrent accueillir le siège social de la Société du Plan Nord.

Mais qu'en pense le gouvernement ? Force est de constater que rien n'est moins certain. Le ministre des Ressources naturelles et responsable du Plan Nord, Pierre Arcand, rappelle que des consultations ont été faites à ce sujet, et différentes avenues sont envisagées.

«La ville de Sept-Îles nous a dit pourquoi pas à Sept-Îles ; Baie-Comeau nous a demandé de l'installer à Baie-Comeau. Même chose pour Chibougamau. Même Kuujjuaq en a parlé. L'Association minière favorise Montréal, alors que le Conseil du patronat nous dit «surtout pas Montréal». D'autres gens préfèrent Québec. Dans ce dossier, il y a autant d'intervenants qu'il y a d'opinions , dit-il.

Le gouvernement devrait statuer sur cette question « au cours des prochaines semaines ». Rappelons que le projet de loi 11, qui jette les bases de la Société du Plan Nord, devrait être présenté pour adoption «d'ici Noël».