Étant donné les restrictions budgétaires des gouvernements au cours des dernières années dans différents secteurs d'activité, plus que jamais, les campagnes de financement doivent réussir à convaincre les grandes entreprises d'être généreuses. Voici cinq stratégies.

Faire campagne en partenariat

Les deux centres hospitaliers universitaires montréalais réunis pour réaliser une campagne de financement commune auprès des entreprises? Pourquoi pas! C'est ce qu'ont osé le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) pour amasser les sommes nécessaires pour remplir leurs engagements gouvernementaux liés à la construction des nouveaux hôpitaux.

«L'objectif était d'envoyer le message que la construction des deux hôpitaux était importante et que nous voulions travailler ensemble plutôt qu'être en concurrence», affirme Julie Quenneville, présidente des Fondations du CUSM et de l'hôpital Royal Victoria.

Les sommes récoltées auprès des entreprises ont été considérables et divisées en parts égales entre les deux fondations. Entre autres, Rio Tinto Alcan a versé 10 millions de dollars, tout comme Bell. Banque Nationale a signé un chèque de 8 millions, tout comme Bombardier. BMO a sorti 6 millions de sa bourse.

La Fondation du CUSM a lancé sa campagne en 2003 pour amasser 300 millions, elle est achevée à 95% et a récolté 75% de ses fonds auprès des entreprises.

Prendre part à des projets concrets

Inciter les entreprises à prendre part à la réalisation de projets concrets et mobilisateurs plutôt que seulement chercher à recueillir une somme d'argent. C'est une stratégie adoptée par Campus Montréal, la campagne de financement commune de l'Université de Montréal, HEC Montréal et Polytechnique Montréal. Le projet en question: le site Outremont.

John Parisella, directeur de Campus Montréal, estime qu'on ne peut pas seulement compter sur les subventions de l'État et les frais de scolarité pour réaliser ce genre de projet; la philanthropie est essentielle.

«Le complexe universitaire est parmi les 100 meilleurs dans le monde et on veut s'assurer de rester concurrentiels, affirme M. Parisella. La philanthropie s'est beaucoup développée au Québec au cours des dernières années. Toutefois, les entreprises se font énormément solliciter et il faut souvent du temps avant de concrétiser un don.»

La campagne Campus Montréal a été lancée il y a quatre ans dans l'objectif d'amasser 500 millions. Plus de 300 millions ont déjà été récoltés.

Fidéliser donateurs et bénévoles

Des milliers de bénévoles provenant de différentes entreprises viennent chaque année donner des journées à Moisson Montréal. L'organisme souhaite maintenant fidéliser ces entreprises, les inciter à faire aussi des dons.

«Nous travaillons à créer un plan de commandites et des partenariats avec des entreprises afin de les impliquer dans nos activités courantes, principalement financées par des dons d'individus», indique Julie Bourbonnière, directrice des communications et du financement de Moisson Montréal.

La créativité est aussi de mise pour inciter le grand public à continuer à donner malgré le climat d'austérité et les nombreuses sollicitations. Par exemple, il est maintenant possible de faire un don de 5$ à Moisson Montréal en envoyant le message texte MOISSON au destinataire 20 222.

«Si chaque Montréalais le faisait, on aurait 10 millions: il faudra user de nouvelles stratégies comme celle-là pour attirer l'attention des gens», affirme Mme Bourbonnière.

Créer des projets gagnant-gagnant

Les entreprises québécoises donnent à l'étranger lorsque surviennent des crises humanitaires. Toutefois, pour amener les entreprises à s'impliquer dans des projets de développement durable à l'étranger, il faut innover. Oxfam-Québec y arrive en réalisant des partenariats où l'entreprise et la communauté sont gagnantes.

Par exemple, afin d'aider des paysans à élever de la volaille plus efficacement, Oxfam-Québec peut travailler avec des entreprises québécoises dans le domaine et utiliser leurs moulées et leurs suppléments.

«Puis, grâce à nos contacts dans ces communautés, on facilite le développement de ces nouveaux marchés pour ces entreprises québécoises», explique Jacques Hurtubise, directeur du développement et des programmes au Québec, Oxfam-Québec.

«C'est une façon d'allier les intérêts des entreprises privées et les nôtres, qui sont finalement complémentaires», ajoute-t-il.

Impliquer les employés

Il y a les entreprises, mais surtout, il y a les gens qui y travaillent! En pleine campagne de financement, Centraide remarque actuellement que les employés des entreprises sont très généreux et, souvent, leur employeur jumelle leurs dons.

«Les dons reçus par Centraide proviennent à 82% des milieux de travail, mais 57% de ces dons proviennent des employés», affirme Lili-Anna Perea, présidente et directrice générale de Centraide du Grand Montréal.

Dans le contexte économique actuel, l'organisation ne s'attend pas toutefois à récolter davantage de dons des entreprises comparativement aux dernières années.

«Au Canada, depuis 2008, les dons d'entreprises sont stables et c'est la même chose pour la région de Montréal», affirme Mme Perea.

Mission accomplie pour la Fondation du CUSM alors que le déménagement du centre hospitalier dans son nouvel hôpital s'est réalisé au printemps.