Les Québécois sont nombreux à penser que les besoins sociaux devraient être comblés par l'État. Néanmoins, plusieurs donnent temps et argent pour une cause. Qu'est-ce qui les influence? Comment perçoivent-ils la philanthropie? L'Institut Mallet s'est penché sur ces questions dans un sondage rendu public cette semaine. Voici les résultats.

50%

Un Québécois sur deux s'implique régulièrement par des dons en argent, en temps ou en biens. Les résultats montrent également que les personnes ayant déjà fait des heures de bénévolat sont plus nombreuses à donner de l'argent et vice versa.

174$

C'est la somme que les Québécois donnent chaque année. Parmi eux, les anglophones et les allophones sont cependant plus généreux, puisque 18% et 17% de leurs dons annuels totalisent plus de 500$. Chez les francophones, à peine 10% des dons sont aussi élevés.

Pourquoi ne pas donner?

La moitié des répondants affirme hésiter à donner en raison de sa situation financière. À peine 1 sur 10 évoque un manque d'intérêt pour les différentes causes.

Pas confiance...

Pourcentage des Québécois qui manquent de confiance envers les organismes philanthropiques: 36%. «Dans les médias, on rapporte les situations qui ne sont pas dignes de confiance, mais on devrait faire connaître au public celles qui le sont», avance Jean Gagné, président de l'Institut Mallet.

Compassion ou exaspération?

Une personne sur trois dit ressentir de la compassion quand on la sollicite. Une proportion équivalente se sent plutôt... exaspérée!

Aider les plus vulnérables

Deux Québécois sur trois indiquent avoir davantage tendance à encourager les organismes qui travaillent directement auprès des personnes plus vulnérables. Quant aux organismes oeuvrant pour des causes culturelles, de loisir, environnementales ou humanitaires, ils récoltent la faveur de 14% des répondants.

80%

Quatre Québécois sur cinq prétendent avoir l'intention de s'impliquer dans une cause. Pourtant, 45% ne font jamais de bénévolat. Ils semblent cependant plus enclins à donner des biens et de l'argent, puisque seulement 11% et 18% respectivement disent n'avoir jamais fait de tels gestes.

Les jeunes moins généreux?

Âge et engagement:

> Baby-boomers: 60%

> Génération X: 50%

> Génération Y: 40%

«Les jeunes aiment les initiatives de groupe et peut-être qu'on ne reconnaît pas assez ce comportement-là, avance M. Gagné. Il faut s'adapter à eux.»

Question d'éducation

Près de huit répondants sur dix se disent pour l'instauration d'un cours faisant la promotion de la philanthropie et de l'engagement communautaire à l'école secondaire.

Vive l'État-providence

Les deux tiers des gens estiment que leurs impôts devraient couvrir l'ensemble des besoins sociaux. «L'État-providence est enraciné au Québec, note M. Gagné. Maintenant, l'État a évolué, il a des choix à faire et un vide a été créé. Actuellement, il n'a pas été entièrement rempli.»

Où trouver l'argent?

Quelque 37% des Québécois identifient la rationalisation des dépenses de l'État comme solution pour trouver de l'argent si les impôts sont insuffisants. Quelque 31% pointent plutôt les entreprises, 14%, l'exploitation des ressources naturelles et 9%, les services payants. Seulement 3% demanderaient un effort supplémentaire aux individus.

Donner au suivant

Quelque 56% des gens ayant déjà reçu de l'aide donnent au suivant. Les personnes qui apprécient leur vie et celles ayant vécu un événement marquant sont aussi plus nombreuses à contribuer que la moyenne (55% et 54%)

Pourquoi donner du temps?

> 36% par plaisir ou intérêt

> 23% pour réaliser un projet

> 20% pour socialiser ou échanger

Pourquoi donner de l'argent?

> 58% parce que la cause leur est chère

> 43% pour aider des proches

> 25% pour l'entraide et le partage

Philanthropes cancres?

La note que s'accordent les Québécois, en moyenne, pour leur implication philanthropique: 50%. «C'est nettement sous la note de passage», commente Pierre Côté, consultant chez Côté communication conseil, qui a présenté les résultats du sondage.

Donner local ou global?

Les francophones, à 62%, donnent à des organisations de leur communauté et leur région, contre 40% des anglophones. Ces derniers contribuent davantage à des organismes nationaux et internationaux (27%) que les francophones (5%). En général, plus les gens se sentent concernés, plus ils sont enclins à donner.

Influence de la religion

Un croyant pratiquant sur deux donne de son temps pour une cause. C'est beaucoup plus que chez les croyants (23%) et les non-croyants (17%). Une tendance semblable s'observe pour les dons en argent et en biens.

Méthodologie

Le sondage de l'Institut Mallet a été réalisé électroniquement auprès de 1758 répondants entre janvier et février 2015. Parmi ceux-ci, on compte 1076 francophones, 392 anglophones et 290 allophones. De plus, 1047 répondants résident dans la région de Montréal, 360 dans celle de Québec et 351 habitent ailleurs dans la province. La marge d'erreur générale est de 2,34 points de pourcentage.