Le transport maritime et aérien augmente à Montréal, mais les travaux routiers et les bouchons de circulation causent bien des soucis aux différents transporteurs. Portrait de la situation et de certains projets à venir.

Camionnage: bouchons infernaux

Coincée dans des bouchons de circulation, restreinte dans ses livraisons pour éviter d'incommoder le voisinage et mise sous pression par des expéditeurs exigeants, l'industrie du camionnage voit ses frais d'exploitation augmenter constamment. Les travaux de l'échangeur Turcot et le remplacement du pont Champlain s'ajoutent aussi aux préoccupations. « C'est un très gros défi », note Marc Cadieux, président-directeur général de l'Association du camionnage du Québec. L'organisme travaille avec les autorités pour limiter les effets négatifs, et ses membres tentent d'améliorer leurs procédés logistiques. « L'industrie doit être encore plus créative pour survivre, et certains n'y arrivent pas », indique M. Cadieux.

Technologie à la rescousse

Pour aider les camionneurs à éviter les bouchons de circulation et autres entraves, CargoM lancera une application mobile cet automne. « Le nerf de la guerre, c'est l'information, note Mathieu Charbonneau, directeur général de CargoM. Le camionnage peut s'adapter, mais il lui faut de l'information. » Dans la même veine, la grappe de logistique et transport de Montréal compte créer aussi un système de diffusion d'information sur le nombre de conteneurs entrants et sortants au port de Montréal. Une entreprise de transport pourrait alors choisir d'envoyer ses camions durant des périodes moins achalandées, par exemple, explique M. Charbonneau.

Le casse-tête des transports en commun

À la Société de transport de Montréal (STM), quatre ou cinq personnes oeuvrent à réorganiser les trajets et les horaires des circuits d'autobus en fonction des chantiers, des événements spéciaux et des imprévus. « La clé, c'est la communication constante avec les différents intervenants », note Marc Bélanger, directeur de la planification et de la gestion des réseaux. Ainsi, le taux de ponctualité est de plus de 80 % malgré tout. « Nous ajustons nos temps de parcours, pour en ajouter sur certains tronçons et en retrancher sur d'autres, explique-t-il. Ainsi, nous parvenons à respecter le niveau de service. »

Le défi du chantier Turcot

Le chantier de l'échangeur Turcot? La STM se dit prête à accueillir les automobilistes qui délaisseront leur voiture. « Quatre lignes ont été déployées et le ministère des Transports nous a octroyé 32 autobus, explique M. Bélanger. Trois se rabattent à la station Lionel-Groulx, où le Ministère a payé un nouveau terminus, et une autre à la station Côte-Vertu. » À cela s'ajoutent deux voies réservées, dans les rues Notre-Dame et Saint-Patrick. Par ailleurs, du côté de l'est de l'île, La Presse a dévoilé récemment que la STM étudiait la possibilité d'implanter des navettes fluviales entre Pointe-aux-Trembles et le centre-ville.

Ça flotte au port de Montréal

La quantité de marchandises manutentionnées dans le port de Montréal a grimpé de 8 % en 2014 et de près de 6 % de janvier à juin 2015. Cela s'explique notamment par l'augmentation des importations de produits du pétrole et la hausse de l'activité au terminal Viau après la signature d'un bail avec l'opérateur Termont, indique Mélanie Nadeau, directrice des communications à l'Administration portuaire de Montréal. Côté croisières, le port a accueilli 71 044 passagers et membres d'équipage en 2014. Le port prévoit d'ailleurs restaurer la jetée Alexandra pour mieux servir les croisiéristes et améliorer l'accès au fleuve.

Prolongement de l'avenue Souligny

Le port de Montréal peut accueillir jusqu'à 2500 camions quotidiennement. La congestion complique la vie de leur chauffeur, mais la situation pourrait s'améliorer d'ici quelques années. « Le ministère des Transports prévoit prolonger l'avenue Souligny, note Mme Nadeau. Cette artère clé permettra de relier le port à l'autoroute 25 de façon plus efficace que par la rue Notre-Dame. Nous construirons un viaduc à partir de nos installations. » Par ailleurs, des travaux au terminal Viau permettront de manutentionner 600 000 conteneurs équivalent vingt pieds (EVP) additionnels, dont 350 000 au terme de la première phase, à la fin de 2016.

Plus de passagers à Montréal-Trudeau

Le nombre de passagers à l'aéroport Montréal-Trudeau était en hausse de 5,3 % en 2014 pour atteindre 14,8 millions, et de nouvelles destinations internationales s'ajoutent. « Nous sommes rendus à environ 135 destinations, précise Christiane Beaulieu, vice-présidente affaires publiques et communications. Nous venons d'ajouter l'Islande (Icelandair) et Pékin (Air China). Plus tard, nous pourrions peut-être avoir une autre destination en Asie, mais nous ignorons où pour l'instant. » Pour mieux accueillir cette clientèle, 270 millions sont investis pour agrandir la jetée internationale, à laquelle s'ajouteront six portes d'embarquement en mai 2016. L'aéroport dispose également d'espace pour agrandir sa jetée américaine éventuellement.

Accès difficile à l'aéroport

Les différents travaux et la congestion compliquent l'accès à l'aéroport de Montréal, au point où Mme Beaulieu le qualifie « d'assez minable ». « C'est un irritant majeur pour nos passagers », note-t-elle. L'implantation du système léger sur rail pourrait cependant améliorer la situation. « Ça va décongestionner la 20 et faciliter la vie des passagers et des travailleurs de l'aéroport », souligne-t-elle. L'aéroport Montréal-Trudeau peut générer jusqu'à 73 000 déplacements terrestres par jour, un nombre appelé à grandir avec la hausse de la clientèle. La Caisse de dépôt et placement du Québec étudie actuellement le projet.