Avocate en droit des affaires chez Norton Rose Fulbright, Olga Farman compte parmi ses clients plusieurs grands centres de recherche et d'excellence, comme ceux de l'Institut de cardiologie de Montréal et de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. À 31 ans, elle se classait dans le Top 40 under 40 des avocats au Canada de Lexpert. L'automne dernier, à 38 ans, elle devenait directrice du bureau de Québec. Entrevue.

Pourquoi avoir décidé de faire votre MBA après votre droit ?

« J'ai toujours voulu être avocate, mais en même temps, j'ai toujours été impliquée dans différentes organisations comme bénévole. J'étais pratiquement toujours présidente de classe et en droit, j'ai été aussi présidente de la faculté. Ces rôles m'ont amenée à m'intéresser aux organisations, à la gouvernance, au côté stratégique. Après mon baccalauréat en droit à l'Université Laval, je prévoyais partir faire un stage en droit international à Paris, mais j'ai finalement décidé d'aller me chercher une formation additionnelle. L'Université Laval offre un MBA pour ceux qui sortent des bancs d'école. J'ai fait un an intensif, puis j'ai terminé les crédits qui me manquaient en même temps que je faisais mon Barreau. Ç'a été intense et même un peu chaotique, mais j'ai bien réussi. J'ai même été sur le tableau d'honneur de la faculté d'administration. »

Quel a été l'apport de votre MBA dans le développement de votre carrière ?

« Le MBA a donné le ton pour ma carrière. Mon idée, c'était de devenir avocate tout en développant une vision globale et plus stratégique pour accompagner les organisations dans leur croissance. Le MBA m'a donné les outils qui me manquaient. Il m'a permis d'acquérir une compréhension des différents aspects des entreprises comme le marketing, la gestion du personnel, les relations avec le gouvernement, etc. C'est vraiment devenu une valeur ajoutée lorsque j'ai commencé à me "surspécialiser" dans le domaine de la santé et des sciences de la vie. Mes clients sont principalement des centres de recherche ou d'excellence et ils venaient me chercher non pas seulement pour mes connaissances juridiques pointues dans le domaine de la santé, mais aussi pour se faire accompagner stratégiquement dès le début, pour créer des structures innovantes souvent très complexes, en partenariat public privé. Le MBA m'a permis, très jeune, d'acquérir les réflexes pour pouvoir conseiller, avec une vision globale, des clients majeurs qui évoluent dans des réalités complexes. »

Quelles sont vos nouvelles responsabilités comme associée directrice du bureau de Québec de Norton Rose Fulbright ?

« Je suis responsable de la gestion quotidienne du bureau. Je dois aussi m'occuper de déployer la stratégie de développement des affaires et de soutenir les associés du bureau. De plus, je siège au comité de gestion national de Norton Rose Fulbright, alors je suis partie prenante des discussions stratégiques. Que les autres associés sachent, ou non, que j'ai complété un MBA, je crois qu'ils ont dû reconnaître que j'avais des capacités de gestion par mes différentes implications et mes mandats. Peut-être que ce diplôme les a rassurés un peu aussi, considérant mon âge ! Personnellement, ça me sécurise beaucoup. »

Comment votre MBA vous a-t-il aidée à jouer d'autres rôles dans la société ?

« J'ai toujours continué à m'impliquer dans la société, par exemple dans le conseil d'administration de l'Orchestre symphonique de Québec. J'ai grandi rapidement dans l'organisation et je suis devenue présidente vers 26 ans. C'était du jamais vu ! Le MBA m'a permis de regarder les défis de façon stratégique, en allant au-delà du droit. Par exemple, à penser à la gestion des risques et au renouvellement de l'organisation dans un contexte financièrement excessivement difficile. Mon MBA m'a permis d'accompagner l'Orchestre avec une vision globale et aussi, d'identifier une relève pour me succéder, soit Jean-Yves Germain du Groupe Germain Hôtels. »

Comment réagiriez-vous face à un jeune avocat dans votre bureau qui souhaiterait faire son MBA ?

« Je l'encouragerais et je pourrais le libérer pendant un an ou deux afin qu'il prenne le temps nécessaire. Le bureau offre de la flexibilité. D'ailleurs, nous avons une course aux stages et nous offrons souvent aux jeunes de faire leur MBA ou un autre type de maîtrise avant de commencer leur carrière. On les attend. On ne veut pas perdre nos jeunes et il y a une ouverture beaucoup plus grande qu'avant. »