Qu'on n'en doute pas: les diplômés en administration des affaires (MBA) de nos universités québécoises recevront au cours des cinq prochaines années une formation sensiblement différente de celle qu'on donnait il y a 20 ans.

Les approches pédagogiques changent. Les frontières s'abolissent, et les étudiants seront de plus en plus souvent «doublement diplômés», c'est-à-dire une fois par une université québécoise et une autre par une université étrangère partenaire du programme. Finalement, les programmes eux-mêmes évoluent. Nos universités et écoles des sciences de la gestion offrent de tout nouveaux programmes spécialisés ou révisent en profondeur leur MBA de base.

La mode style MBA

Le dernier-né des MBA spécialisés pour cadres en exercice est proposé à l'UQAM depuis septembre 2011. Les cours mènent à un MBA spécialisé dans la gestion des entreprises fondées sur la mode. Le programme vise à doter les gestionnaires des industries de la mode (création, production, distribution, vente au détail, etc.) d'outils de gestion de pointe.

Dix-sept gestionnaires en exercice se sont inscrits à ce premier trimestre, comme Lynn Doran, directrice de production pour Le Château, Katy Saint-Laurent, présidente d'Actionwear KSL, et Serge Zagury, directeur chez Gildan.

«C'est un projet conjoint avec l'École supérieure de la mode de l'UQAM, explique Robert Desmarteau, directeur des programmes MBA pour cadres à l'École des sciences de la gestion de l'UQAM. Nous donnons cette formation en nous basant toujours sur la méthode par études de cas, mais cette fois, c'est l'entreprise d'où émane l'étudiant qui fournit le cas. On ne fait pas plus concret.»

Voyages et formation

Puisque les voyages forment la jeunesse, McGill introduira un nouveau MBA dès l'automne prochain: le MBA International Study. «C'est un amendement tout récent au MBA offert par la Faculté de gestion Desautels», explique Tamer Boyaci, vice-doyen. Son but est d'ajouter une orientation décidément internationale à la formation habituelle.

Les étudiants feront un ou plusieurs voyages à l'étranger, d'une dizaine de jours chaque fois. Ces visites dans des entreprises étrangères permettront aux étudiants de remettre en question les stratégies d'exportation des entreprises visitées. «Ces voyages seront soigneusement préparés par les étudiants et, au retour, ils devront remettre un rapport détaillé et stratégique de leurs observations. Il en va de six précieux crédits.»

De l'industrie minérale à l'UQAT

L'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) offrira dès l'automne prochain, à temps partiel, une nouvelle spécialisation en gestion appliquée à l'industrie minérale, projet-pilote de la maîtrise en administration des affaires (MBA pour cadres), un programme de l'UQAM offert en extension à l'UQAT. Cette spécialisation en français est une première mondiale et a été développée par l'UQAT (en instance d'approbation). 

La spécialisation vise à faire mieux connaître chacune des étapes de la chaîne de valeur de cette industrie, évaluer des projets miniers, approfondir les composantes économique, environnementale et sociale inhérentes à tout développement minier responsable, explorer les stratégies d'affaires et découvrir les défis managériaux dans les entreprises minières, et faire face aux défis de la mondialisation.

MBA à l'étude

À l'Université Laval, on songe à introduire deux nouveaux MBA spécialisés. «La faculté de médecine nous a demandé avec beaucoup de sérieux d'explorer la possibilité d'offrir un MBA à ses diplômés, un MBA spécialisé pour médecins», confirme André Gascon, vice-doyen à la faculté des sciences de l'administration.Pareil programme existe déjà à McGill depuis quelques années. «Il vise à améliorer la formation des futurs gestionnaires de notre système de soins de santé», explique Tamer Boyaci.

Laval a un autre projet de MBA dans ses cartons. «Nous jonglons avec l'idée d'un MBA spécialisé en gestion urbaine et immobilière, pour les cadres actuels ou futurs d'organismes et d'entreprises qui gèrent de grands parcs immobiliers», précise M. Gascon.

À l'UQAM, on songe à un projet de MBA spécialisé en communications et relations publiques. «Ça fait déjà 18 mois que l'on pense à introduire ce nouveau volet», explique Robert Desmarteau. Les études et consultations se poursuivent. Finalement, à Sherbrooke et à HEC Montréal, c'est le programme de MBA classique lui-même qui a été remis en question. «Nous travaillons fort sur un programme qui viserait une approche intégrée, annonce Michael Wybo, directeur du programme de MBA à HEC Montréal. Ne plus penser en silos séparés (finances, marketing, etc.), mais penser l'entreprise dans sa structure globale.» Le nouveau programme pourrait apparaître d'ici deux ou trois ans.

Même réflexion à Sherbrooke. «Le programme de base doit être réorienté, croit Jean Roy, directeur des programmes de MBA. Nous voulons monter d'ici 18 mois un programme fondé sur l'acquisition de comportements professionnels efficaces plus que sur l'acquisition de principes théoriques.»