Fatigue chronique, pertes de mémoire, irritabilité, tous ces symptômes sont communs à ceux qui souffrent d'apnée du sommeil, un mal qui touche des millions de personnes dans le monde. Le masque respiratoire est la thérapie la plus efficace, mais plusieurs le refusent à cause de l'inconfort. C'est là que Rheabrio, une entreprise de Brossard, intervient avec le Facembrace.

Louise Bernard a passé trois ans à développer une membrane pour éliminer les effets secondaires du port d'un masque durant huit heures consécutives et qui n'affecte pas la thérapie. La designer industrielle et entrepreneure parle en connaissance de cause puisqu'elle souffre d'apnée du sommeil. « Je ne dormais plus, cela m'a rendue même malade. Quand j'ai reçu le diagnostic, j'ai introduit dans ma vie un appareil respiratoire. J'ai vu tout de suite les bienfaits, mais aussi les effets secondaires : sécheresse oculaire, irritation de la peau, éruptions cutanées, fuites d'air ressenties sur la peau. »

L'entrepreneure a cherché des solutions offertes sur le marché, aucune n'était satisfaisante. Elle a donc décidé de prendre les choses en main et de travailler à créer un produit pour améliorer son confort et celui d'autres personnes dans la même situation. « Mon objectif a été de m'adapter aux masques respiratoires déjà sur le marché plutôt que de tenter de les remplacer parce que le problème est ma peau et non le masque. Alors, pourquoi ne pas récréer une seconde peau ? »

« Nous avons travaillé avec des experts et des cliniques privées de soins du sommeil de la région afin de tester le produit avec des patients. » 

- Louise Bernard, fondatrice de Rheabrio

De ce travail est né le Facembrace, une membrane souple faite d'un assemblage de 10 matériaux qui s'insère entre la peau et le masque. « Il s'agit d'une technologie avancée composée de textiles biocompatibles avec polymère. Il est thermoformé, sans aucune couture et permet à la peau de respirer. Par conséquent, il élimine tous les [éléments] irritants. C'est un peu l'équivalent d'un pyjama pour le visage », dit Louise Bernard, tout sourire.

CRÉER UNE USINE

Le développement achevé, encore fallait-il fabriquer et commercialiser le produit. « J'ai cherché longtemps, mais je n'ai trouvé aucune entreprise capable de produire la pellicule. J'ai donc décidé de la manufacturer moi-même. » Pour faire de son idée une réalité accessible, Louise Bernard a donc créé son usine. « Il a fallu investir 2 millions de dollars avant même de vendre le premier Facembrace. La commercialisation a débuté en octobre 2017 et les premiers modèles sont sortis en août dernier », raconte la femme d'affaires.

Les débuts sont prometteurs puisque Rheabrio a déjà signé des ententes de distribution chez six enseignes spécialisées dans les soins du sommeil au pays. Un site internet transactionnel a aussi été mis en place. Dans les 12 à 18 prochains mois, l'objectif de Rheabrio est de vendre 16 000 unités.

« J'ai été sidérée de voir la réaction positive des professionnels du sommeil. Le marché est énorme et on a déjà établi des liens avec différents réseaux de cliniques de soins du sommeil, notamment en France et en Australie », indique Louise Bernard.